Paris, Marseille, Strasbourg, Lyon, Bruxelles. La Haye, Londres, Rome, Tel-Aviv, Jérusalem. Washington DC, Miami ou encore Los Angeles la semaine dernière… Ce dimanche 2 mai, c’est au tour de San Francisco d’accueillir un sit-in au City Hall à 2pm, à la mémoire de Sarah Halimi, une Française juive de 65 ans, brutalement tuée par un voisin en 2017.
La récente décision de la Cour de Cassation a ravivé l’émotion. La juridiction a rejeté le pourvoi formé par la famille de la victime. Bien que le caractère antisémite du crime ait été entériné par la justice, le meurtrier a été jugé irresponsable pénalement. Il n’y aura donc pas de procès.
Laurent Goldsztejn et Isabelle Marcus, deux citoyens français de la Bay Area choqués par l’affaire, ont décidé d’organiser un rassemblement. Des organisations américaines comme StandWithUs ou encore The Anti-Defamation League (ADL), rejoignent le collectif citoyen français, ainsi que le Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme français (BNVA). « Les Américains voulaient le faire au consulat, je leur ai dit qu’il ne fallait pas s’en prendre au gouvernement, c’est plutôt un problème citoyen, de droit à la justice, qui est à la base de toute démocratie », précise Isabelle Marcus.
Le rendez-vous est donc pris devant l’Hôtel de ville, Civic Center Plaza. « On ne peut pas accepter que dans un pays comme la France, berceau des droits de l’homme, un crime de haine ne donne pas lieu à un procès », ajoute-t-elle. « Parce que s’attaquer à un concitoyen c’est s’attaquer à tous et cette affaire Sarah Halimi ne se résume pas à une communauté. »
L’initiateur et co-organisateur du sit-in de Los Angeles, Fabien Fedida, réclame lui une nouvelle décision de justice. « Il y a un devoir patriotique de tous ensemble œuvrer à trouver une solution et des circonstances pour qu’un procès ait lieu. Sans quoi, cette terrible histoire entachera l’image de la France. »
Outre l’aspect juridique, le caractère antisémite du crime choque. « En tant que juifs, c’est des sujets qui nous touchent beaucoup. Mon père a été caché pendant la seconde guerre mondiale, il a survécu. Mais me dire qu’en tant que vieil homme juif il n’est pas en sécurité en France, c’est insensé », explique Laurent Goldsztejn, dont les neveux allaient à la crèche autrefois dirigée par Sarah Halimi.
L’American Jewish Committee (AJC) s’inquiète également de la montée de l’antisémitisme dans l’Hexagone. Cette association internationale qui a également une branche en France, co-finance le rassemblement. Sa présidente en Californie du Nord, la rabbin Serena Eisenberg, prendra la parole dimanche. « L’affaire Sarah Halimi n’est pas anecdotique, il y a une hausse de l’antisémitisme en France. Selon un sondage réalisé en 2020, 70% des juifs français ont déjà été victime d’au moins un incident antisémite », note-t-elle. « Nous voulons sensibiliser le public et faire preuve de solidarité envers la communauté française locale. »
Après diverses prises de parole, un message du Consul sera lu. Et des fleurs et bougies déposées en hommage à la victime.