Chez Lucienne, pas question de tricher sur la marchandise: ici, on parle français, on mange des escargots, et on se régale d’un bœuf bourguignon. Mais sans jamais en faire trop. Si l’identité française est fièrement revendiquée, l’ambiance reste simple et évite avec naturel le cliché du trop-franchouillard. Des carreaux de métro parisien d’un coté, un mur de brique new-yorkais de l’autre encadrent une salle joliment décorée et bien éclairée. Des nappes blanches, des bougies, quelques rideaux, du papier peint fleuri, et le tour est joué. Les serveurs sont habillés en garçon de café, mais sont réellement français, ou alors essaient avec toute la bonne volonté du monde de bredouiller quelques mots dans la langue de Molière. Coup de chapeau au service qui est d’ailleurs impeccable.
Coté carte, du très classique: soupe à l’oignon, foie gras et pâté de campagne fait maison en entrée, saumon au beurre blanc, poulet fermier ou bavette à l’échalote en plat de résistance, et pour finir en beauté, un fondant au chocolat tellement fondant qu’on regrette qu’il disparaisse si vite de l’assiette. Et coté prix, une bonne surprise: les entrées sont comprises entre $7 et $ 9 avec une pointe à $15 pour le foie gras, les plats entre $19 (les poissons) et $15 (les viandes), et les desserts entre $7 et $8. Sans être particulièrement innovante, car ce n’est ici pas le but, la carte ne sombre néanmoins pas dans l’ennui: toutes les viandes et les poissons sont dignement représentés, des coquilles saint-Jacques au canard deux façon, soit au total une quinzaine de propositions différentes. Certains plats se démarquent enfin par une pointe d’originalité, souvent d’inspiration méditerranéenne: Thon au pistou, croquettes de bar, ou fenouil à l’orange.
Pour Jérôme Bougherdani, le propriétaire et manager du restaurant, la stratégie est toute trouvée: une gamme de prix abordable, et pour cette gamme de prix, une nourriture simple et de qualité. Un cadre agréable, une jolie présentation, des produits frais, c’est élémentaire, mon cher Watson. Conséquence, il se montre confiant dans l’avenir, “les gens auront toujours besoin de venir manger dans ce genre d’endroit“. Et pourquoi ce choix de s’implanter à Harlem? par intérêt personnel d’abord, parce que c’est un quartier en pleine expansion qui s’embourgeoise rapidement, et surtout parce que la compétition est encore quasiment inexistante. Or comme le rappelle Jérôme: “nous sommes d’abord et avant tout un restaurant de quartier“.
En cuisine, le chef s’appelle Thomas Obaton. Originaire de Lyon, il a fait ses preuves dans des deux et trois étoiles parisiens avant de venir rouler sa bosse à Long Island à partir de 2005. Avec Chez Lucienne, il fait d’une pierre deux coups: première expérience new-yorkaise et première fois avec le tablier de Chef. Il le reconnait: “pour l’instant, l’important n’est pas faire du profit, mais de survivre“. Surtout qu’avec l’arrivée des beaux jours, Thomas et Jérôme ont des projets de développement en plein air: une terrasse de 50 couverts sur l’avenue Malcolm X, bordée d’un stand de crêpes. Pour le moment, il fait encore froid, et les clients se réchauffent en jouant le jeu du bon diner à la française: entrée, plat, dessert, sans oublier le fromage et le vin rouge.
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Avez-vous l’adresse précise ? Merci !
308 Lenox Avenue
(between 125th St & 126th St)
C’est en phase avec l’air du temps: les restaurants new yorkais ne peuvent plus demander des prix exhorbitants, c’est fini ou c’est la banqueroute sous peu.
Trop d’abus et des salaires delirants.