Il avait suffi d’un tweet du président américain, à l’avant-veille du premier tour, pour que la presse américaine annonce que Donald Trump soutenait Marine Le Pen. Mais quelques jours plus tard les avis sont moins tranchés.
Le tweet, c’est celui envoyé peu après l’assassinat d’un policier sur les Champs Elysées, par lequel Donal Trump prévoyait “un gros effet sur l’élection présidentielle (…) le peuple français ne va plus supporter ça longtemps”. Difficile de ne pas y voir un soutien à Marine Le Pen, d’autant que dans une interview à Associated Press le lendemain, le président américain disait tout le bien qu’il pensait de la candidate du Front National: “Elle est la plus forte sur les frontières, la plus forte sur ce qui se passe en France. Celui ou celle qui est le plus dur sur le terrorisme islamique radical et le plus dur sur les frontières aura de bons résultats dans cette élection.” Même s’il a pris soin de souligner qu’il n’appelait pas à voter pour elle, un tel soutien d’un président américain pour un candidat d’une élection à l’étranger est inédit mais, souligne Slate, “il n’est pas vraiment surprenant que Trump se retrouve derrière un candidat anti-immigration, anti-musulmans et anti-Europe”.
Mais dès avant le premier tour, certains journaux, comme le Washington Post se demandaient si ces rumeurs de connivences transatlantiques n’étaient pas un peu exagérées. Adam Taylor, du Washington Post, souligne que “si vous regardez de près la relation entre les deux leaders, vous voyez que quelque chose de plus compliqué est à l’oeuvre. Souvent la relation a été à sens unique, avec la tentative de Le Pen d’établir un lien avec Trump et en face l’indifférence de Trump”.
Donal Trump a notamment refusé de rencontrer Marine Le Pen lorsqu’elle s’est présentée à la Trump Tower en janvier, souligne Adam Taylor, “un rejet d’autant plus étonnant si on considère les liens étroits que Trump a formés avec des politiciens européens comme le Britannique Nigel Farage”. Depuis, Marine Le Pen a elle aussi semblé moins empressée de tresser des louanges au président américain, qu’elle a notamment critiqué après le bombardement en Syrie.
Surtout, depuis le premier tour, “Donald Trump a pris grand soin de rester silencieux sur Marine Le Pen” souligne le New York Times dans une analyse. Parmi les raisons du silence de la Maison Blanche, le quotidien new-yorkais cite le fait que Donald Trump “n’aime que les vainqueurs” et que Marine Le Pen est donnée perdante au deuxième tour. Mais le New York Times émet l’hypothèse d’une raison plus fondamentale. Depuis qu’il est président, “Donald Trump a adopté des positions plus conventionnelles sur l’Otan, l’Union Européenne ou le Moyen-Orient” et donc plus éloignées de celles de Marine Le Pen. Pour le New York Times, le retrait de l’Otan promis par Marine Le Pen, mais surtout celui de l’Union Européenne provoqueraient le chaos sur les marchés financiers, “or Donald Trump a cité l’excellent performance des marchés comme la preuve de son succès comme président”.
Quelles que soient les affinités naturelles de M. Trump pour Mme Le Pen, il a besoin, comme tous les présidents américains, d’une Europe stable et d’une France qui soit un partenaire fiable, ce que n’apporterait pas une présidente Le Pen, conclut le New York Times.
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Y-a-t’il quelqun dans la salle…Milodiou