Pour passer trois jours à Marfa, mieux vaut en fait en avoir cinq à disposition. Car d’où que vous veniez, il vous faudra au moins un jour pour y aller et un jour pour en revenir.
Située à l’ouest du Pecos, à trois heures de route au nord-ouest d’El Paso (l’aéroport le plus proche), il faut compter sept heures de route depuis Austin, huit de Dallas et neuf de Houston. Mais c’est là aussi toute l’idée du “trip à Marfa”. Le trajet fait partie du séjour tant on traverse des paysages grandioses tout droit tirés de l’imaginaire western.
Et puis, lorsque l’on arrive à Marfa le temps s’écoule différemment. Oubliez vos réflexes de citadins pressés, Marfa est un lieu de retraite. La ville, qui compte quelque 1.700 habitants, est comme un gros village qui n’offre pas grand-chose à faire à ceux qui lui rendent visite en coup de vent. Ici, on est en communion avec la nature (Marfa est dans la partie nord du désert du Chihuahua, l’un des plus riches au monde du point de vue de la diversité biologique), les étoiles et même d’autres éléments surnaturels si vous êtes ouverts à certaines expériences (qui a dit peyote ?).
Lieu symbolique de Marfa, la fondation Chinati est une des attractions-phares de la ville. Musée d’art contemporain, il s’attache à promouvoir les œuvres et les principes de son fondateur, l’artiste Donald Judd, qui avait élu domicile dans la ville depuis New York à partir de 1973 pour les différentes raisons évoquées plus haut. D’autres artistes y sont régulièrement mis à l’honneur, dont notamment Robert Irwin.
Autre lieu emblématique, l’hôtel-camping El Cosmico, qui s’étend sur huit hectares, s’est installé à Marfa en 2009 avec, pour philosophie, l’idée que « la vie est un savant mélange d’aventure et d’oisiveté ». Il s’attache à offrir « une libération temporaire du monde construit. ». Alors, si vous voulez pleinement vivre Marfa, passez la nuit dans un de ses trailers, tipis, yourtes ou tentes et laissez-vous tenter par un “dutch bath”, bain dans les baignoires extérieures chauffées au feu de bois. Pas désagréable quand la température baisse. Marfa est située à 1.600 mètres d’altitude et il y fait souvent plus froid que ce qu’on pourrait croire.
Dû à sa boboïsation galopante, on trouve (de plus en plus) de bons restaurants à Marfa. A tester, le restaurant d’inspiration italienne Stelina et The Capri ou Cochineal pour une ambiance plus bistro chic à l’américaine. Un détour s’impose par l’Hotel Paisano, qui servit de QG au tournage du film “Giant” avec James Dean en 1955, par son bar (on recommande les margaritas) et son restaurant le Jett’s Grill. L’hôtel date de 1929. Son architecture retro est typique et participe, avec d’autres bâtiments iconiques de la ville, à cette ambiance surannée du vieux Texas.
L’hôtel St George, lui tout neuf, fait vraiment tache dans le paysage. En revanche son happy hour mérite le déplacement pour ses cocktails et amuse-bouche créatifs.
Pour un changement d’ambiance ou une fin de soirée (toute relative car tout ferme à 1 heure du matin), direction le Lost Horse Saloon, un vrai dive bar comme on les aime.
La célèbre (et incontournable ?) installation d’art Prada Marfa se trouve à une demi-heure à l’ouest de la ville. Si vous souhaitez prolonger la balade, la route 166, qui remonte dans les collines vers Fort Davis, est absolument magnifique.
Marfa lights a aussi grandement participé à la renommée de la ville. Située à sa sortie est sur la route 67, il s’agit d’un lieu d’observation de phénomènes paranormaux. Au bout de quelques minutes, vous verrez apparaitre à l’horizon des points lumineux. Observés pour la première fois en 1883, leur origine demeure inexpliquée à ce jour.
Marfa est aussi célèbre pour son Festival de cinéma, le Marfa Film Festival se tenant début juillet chaque année, et pour son festival de musique, le Trans-Pecos Festival, fin septembre. Deux bonnes raisons de s’y rendre parmi tant d’autres.