Chère Viviane,
Mon mari m’a invitée à dîner. Il avait une nouvelle à m’annoncer: «mon patron vient de m’offrir une promotion extraordinaire, une opportunité fantastique. Tu en seras ravie, c’est ton plus grand rêve : Départ pour New York prévu fin Août». Le problème c’est que je ne suis pas certaine d’être si ravie. Je suis partagée entre l’excitation d’une gamine, ma carrière, la responsabilité d’une maman, et ma conduite d’épouse.
Charlotte de Neuilly
Chère Charlotte,
Je comprends ce mélange de confusion, d’angoisse et de trépidation. Une opportunité unique pour votre couple, et votre famille. Je constate par le ton de votre message que la décision est faite et que votre rôle d’épouse a prit les devants. De nos jours encore, les femmes «suivent leurs maris» en expatriation et souvent leurs carrières sont mises en suspend.
En attendant le grand jour, il va falloir prendre le taureau par les cornes afin de pouvoir ensuite vous consacrer à préparer la famille qui part et celle qui reste. Je suis certaine que vous êtes efficace, mais juste pour la petite histoire : je me souviens d’une maman qui avait travaillé jour et nuit pour préparer l’arrivée, et même inscrit ses enfants à l’école. Trois jours avant la rentrée, une lettre arrive annonçant que le dossier de ses enfants est incomplet, manque une copie des vaccins, les enfants ne pourront commencer l’école. Résultat, elle a dû vite appeler le Consulat, trouver un pédiatre parlant le français et les enfants ont été vaccinés, conformément aux lois de ce pays. Au demeurant pas très grave, mais un stress facile à éviter.
Je comprends vos émotions à fleur de peau, un rien vous émeut, un rien vous fait pleurer. C’est normal. Nous parlons d’un déménagement vers un autre continent, avec enfants qui vraisemblablement ne parlent pas l’anglais, un mari qui commence un nouveau job ou du moins un nouveau poste et vous qui partez vers l’inconnu sans vos repères habituels ! Il est fort éprouvant je dirai même émouvant de penser à quitter sa ville, son quartier, son lieu, son emploi sans compter la famille et amis proches. Le mobilier, les effets personnels, quoi choisir, quoi prendre, quoi laisser ? C’est l’étape la plus pénible à vivre. Il faut inclure votre époux comme partenaire et soutien. Ne soyez pas étonnée de constater qu’une boule se forme dans l’estomac, envahit la gorge, monte à la nuque et atteint la migraine. L’insomnie persiste jusqu’au départ.
Attention, il est temps d’inclure les enfants. Ils doivent sentir qu’ils participent activement et concrètement à ce départ pour faciliter l’arrivée. Chaque enfant aura le droit d’exprimer ses sentiments même coléreux, chacun aura le droit de choisir certaines choses à emporter. Vous allez chambouler leurs habitudes, leurs routines, leurs attaches. Ils n’ont pas demandé à partir eux… Je vous recommande un conseil de famille, faire corps devant eux, la décision a été prise à deux sinon ils risquent d’en vouloir à papa. Grâce à l’Internet et au téléphone ils seront en contacts réguliers avec famille et amis. Il faut d’un coté leur faire miroiter l’aventure et de l’autre leur donner un sentiment de continuité.
Ensuite, le choix de vivre à Manhattan ou en banlieue. Quelle anxiété, quelle grande décision car d’elle découlera le choix des écoles et des rencontres. Sachez que toute décision sera la bonne car cette expatriation est une aventure que vous allez tous vivre ensemble, peut-être pas toujours au même rythme émotionnel. Vous allez faire des découvertes miraculeuses, des erreurs risibles mais avec de l’énergie, de la curiosité et l’emploi des ressources à votre disposition, vous allez pouvoir recréer une vie stimulante. Elle deviendra familière plus rapidement que vous ne le pensez aujourd’hui. Acceptez que cela vous prendra un certain temps pour lâcher vos amarres et vous lancer vers les découvertes illimitées d’une ville comme New York. Sachez aussi d’avance qu’il faudra le faire, sinon vous serez ici en touriste, une étrangère en visite. Cependant il faut faire attention de ne pas se bousculer, de brûler les étapes car c’est souvent dans ces cas là, qu’une fois l’élan passé, que l’harmonie risque de s’effriter. Très important, n’oubliez pas de communiquer avec votre époux «night and day» même si il travaille «jour et nuit».
Une fois installée, inscrivez-vous à un cours d’anglais car comme tout bon Français nous pensons avoir assez appris à l’école ; faux. Oh surprise l’anglais American «n’est pas tout à fait le même ni tout à fait différent». De plus ils parlent très très vite car «le monde entier comprends l’anglais n’est ce pas?» Non seulement en prenant des cours vous remettrez vos connaissances à jour mais de plus vous y ferez des rencontres d’autres personnes venues des quatre coins du monde. C’est une des découvertes les plus réjouissantes, le fameux « melting pot » d’expats et d’habitants.
Charlotte, il va vous falloir beaucoup d’énergie et de fortitude. Nous n’avons pas vraiment abordé le sujet de la séparation d’avec la famille, les amis. Là encore il vous faudra gérer, orchestrer et protéger. En échange, vous partez vers un pays excitant, remplit de dynamisme.
Bon Voyage et Bonne Arrivée !
Pour poser vos questions à Viviane : [email protected]
0 Responses
Charlotte, vous n’êtes pas la seule, l’année dernière nous sommes arrivés trois jours avant la rentrée scolaire et je peux vous dire panique totale.Pourquoi nous ne sommes pas arrivés en nous laissant du temps pour nous acclimater je ne sais mais je voulais vous dire qu’après des débuts difficiles et compliqués nous sommes très heureux. Viviane a raison, apprendre la langue est indispensable pour se sentir intégrée et mieux acceptée et nous avons des amis de partout. Allez cela ira bientôt.
Je ne ocmprends pas pourquoi vous parlez seulement des familles qui ne sont pas les uniques internationaux ici. Vous decrivez les maux de petites bourgeoises loin de leur France natale. Il y a d’autres expatries dans des situations plus avancees et plus complexes de ce demander si les gosses vont aller a l’ecole puisque de toute facon l’ecole dans 80 pourcents des cas est payee par l’entreprise d’accueil. Sinon si elle ou il ne se plait pas ici la seule solution c’est de rentrer a la maison. Marie ou pas marie -))))
Tissu d évidences et de banalités…Avec la “fortitude”
en prime…Comme la “bravitude” d’ une autre bien connue
dans la politique française
J’aime bien l’expression “choisir entre manhattan ou la banlieue”
Mais quel snobisme! Je reve…
Et Brooklyn, Queens?
Mesdames, Mesdemoiselles, j’ai bien l’impression d’avoir offensé certaines d’entre vous en me concentrant sur une portion limitée de la population Francophone habitant par ici.Vous avez toutes raison et je vous remercie de m’avoir mise au courant de vos sentiments négatifs. Cependant je trouve que les problèmes psychologiques, familiaux n’ont pas de quartier.L’adaptation réussit ou pas aussi n’a pas de métier.Cependant, c’est vrai, les conséquences journalières sont différents suivant les circonstances de chaque famille. Dans cette rubrique je me concentre sur les problèmes psychologiques de familles en déplacement, il est difficile de penser à toutes les situations, j’essaye d’adresser le pratique et l’émotionnel. Grâce à votre sincérité et commentaires piquants, je ferai l’effort de choisir de répondre à des lettres venant de lieux plus variés avec des situations moins “bourgeoises! Intéressant comme même les psychologues parfois manquent de psychologie!!