Avant d’effectuer une tournée européenne au printemps, la rappeuse franco-chilienne Ana Tijoux s’apprête à enchaîner quatre dates en Californie, du 22 au 26 avril.
Passée par la côte Est ces dernières semaines, de New York à Miami en passant par Washington, l’artiste née à Lille assure la promotion de son dernier album “Vengo” (sorti en 2014), tout en soulignant ses engagements politiques et sociaux. “Selon moi, toute musique ou toute création artistique est politique”, se plaît à souligner Ana Tijoux. “Il s’agit d’une manière de s’affirmer, de marquer sa différence ou de résister à la violence du monde. Le message ou le combat politique s’y ajoute donc naturellement.”
Militant pour plus de démocratie et de transparence en Amérique du Sud, mais également impliquée dans la défense de certaines minorités du continent ou auprès des femmes victimes de violences, la jeune femme utilise sa musique et ses concerts pour transmettre ses idées, comme elle le fera à Los Angeles et Santa Ana en compagnie d’autres artistes chiliens.
Cette tournée sur le sol américain constitue d’ailleurs un paradoxe selon elle. “Je suis née en France car mes parents avaient fui la dictature de Pinochet au Chili. Une dictature dont les Américains étaient en partie responsables. Lorsque j’ai effectué mes premiers concerts aux Etats Unis, je m’y suis rendue comme on va au combat. Mais j’ai vite vu le décalage entre la politique et la population. J’ai appris à aimer les Américains.”
Si Ana Tijoux se pose porte-parole lors ses concerts ou de ses interventions publiques, son message ne prend toutefois pas le pas sur la force de sa musique. Nommée l’an passé aux Grammy Awards dans la catégorie “Album latino de l’année” et aux Latin Grammy Awards pour la “Chanson de l’année”, la rappeuse est l’une des valeurs sûres de la scène sud-américaine.
Sa vocation n’est pas née au Chili, mais en France, où la jeune femme a vécu jusqu’à 16 ans. “J’ai grandi dans le Nord et à Paris, au moment où le hip hop était en pleine explosion. Mes amis étaient de toutes les nationalités, toutes les origines. Notre absence de repères et nos cultures diverses se sont retrouvées dans cette musique. J’ai beaucoup appris et évolué grâce au rap, mais aussi grâce à cette richesse culturelle qu’offrait la France.”
Toutefois, si la langue de Molière était partiellement utilisée dans son album référence “1977” (sorti en 2009), Ana Tijoux s’exprime avant tout en espagnol, pour chanter les maux du Chili, mais aussi l’espoir de la population. Un univers musical, politique et social que les spectateurs californiens découvriront tout au long de la semaine.