C’est un véritable marathon que vient de courir Tony Estanguet à New York. Mais les vingt-quatre heures de rendez-vous non stop n’ont entamé ni son enthousiasme, ni sa patience à expliquer en quoi les Jeux Olympiques de Paris, l’été prochain, seront les « best ever ». Que ce soit en petit comité dans un appartement de l’Upper East Side le soir de son arrivée, le lundi 20 novembre, le lendemain dans le froid matinal du Rockefeller Center avec les stars du Today Show sur NBC (la chaîne diffusera les JO), au siège de l’ONU pour appeler à la trêve olympique ou encore avec des élèves du Lycée Français et quelques curieux au consulat, le triple champion olympique de canoë slalom a mené une course de fond… avec le sourire.
« Dans chacun de mes déplacements, j’essaie d’allier le côté très protocolaire de mon rôle de président du comité d’organisation des JO à un côté terrain, plus concret, et faire de l’engagement », confie-t-il à French Morning (vidéo) en sortant d’une séance de questions-réponses avec les collégiens et lycéens du Lycée et après avoir participé au journal télévisé des journalistes en herbe. « C’est bien que ces jeunes soient en contact direct avec nous. »
Tony Estanguet sait leur parler de persévérance – trois médailles d’or décrochées à trois JO différents (Sydney 2000, Athènes 2004 et Londres 2012), de confiance en soi, et de passion. Celle qu’il partageait avec son père et son frère pour le canoë-kayak, et son coup de cœur, à 10 ans, en regardant les Jeux de Séoul à la télévision. « Je n’osais même pas en parler tellement ça me paraissait inaccessible, et prétentieux de dire qu’un jour je serai champion olympique. Mais ma flamme s’est allumée à ce moment là. Je suis sûr que, parmi les millions de jeunes qui regarderont Paris 2024, certains auront cette petite flamme. »
Il sait que ce n’est pas « automatique » comme il dit, qui lui reste des mois d’efforts didactiques pour « engager un maximum, aller chercher les gens, leur expliquer ce qu’il y a derrière le sport, derrière les Jeux, pourquoi c’est important ». Et c’est avec la même conviction qu’il a défendu, à la tribune des Nations unies, le respect de la trêve olympique – une tradition datant de la Grèce antique et réintroduite il y a 30 ans – pour que les armes se taisent une semaine avant le début des JO, durant les compétitions et une semaine après les Paralympiques, afin de laisser le temps aux athlètes de rentrer chez eux. « Le sport change des vies » a-t-il martelé, truffant son discours de 9 minutes d’anecdotes de parcours incroyables, ceux du marathonien éthiopien « aux pieds nus » Abebe Bikila ou encore de l’athlète néerlandaise Fanny Blankers-Koen, qui « a bousculé les mentalités et changé aux yeux du monde la perception du sport féminin » en poursuivant sa carrière de championne après ses 30 ans et deux enfants.
« J’étais très impressionné par ce moment à l’ONU, très ému, c’était une étape symbolique et très forte parce-que…ce n’est pas rien quand on a été sportif localement, nationalement, internationalement, de se retrouver, un jour, devant l’assemblée générale des Nations unies pour demander à tous les États-membres d’adopter une résolution pour la trêve olympique ». Et aussi une « satisfaction » dit-il, de voir 118 pays voter en faveur du texte (il n’y a eu que deux abstentions, la Russie et la Syrie, et aucun vote contre) dans un contexte géopolitique très tendu. Un nombre moins important que lors des précédents Jeux, mais c’était la première fois que la résolution était soumise à un vote, à la demande de Moscou.
Cette visite éclair à New York a permis également au président de Paris 2024 de prendre le pouls de l’enthousiasme des Américains pour les prochains Jeux d’été – les États-Unis occupent la troisième marche du podium des pays à avoir acheté des billets. « Il y a une envie de sport ici et un rêve autour de Paris, constate-t-il. On sent une connexion très forte entre Paris et les États-Unis. »
The opening ceremony for the 2024 Olympic Games is just 248 days away and excitement is building! Tony Estanguet, the President of the @Paris2024 organizing committee, is on the Plaza with the Olympic torch and sharing what you can look forward to. (@NBCOlympics #Paris2024) pic.twitter.com/PdUVgO7BaA
— TODAY (@TODAYshow) November 21, 2023
Face aux critiques en France sur la difficulté de trouver des places pour assister aux compétitions, là encore, Tony Estanguet prend le temps d’expliquer. « C’est la première fois qu’il n’y a qu’une seule plateforme pour acheter des billets (ticket.paris2024.org), une plateforme qu’on a ouverte au monde entier. Auparavant, chaque pays avait la sienne avec ses propres revendeurs. On a un peu cassé cette logique pour que tout le monde ait la même chance d’obtenir des billets. Ça a plutôt bien marché puisqu’on en a vendus dans 178 pays. » Victimes aussi de leurs succès : bon nombre d’évènements ont été pris d’assaut. « Il reste encore des billets disponibles, assure-t-il, pour l’athlétisme, pour la cérémonie d’ouverture… Et le 30 novembre, on va remettre des billets à la vente, dans tous les sports, les gens pourront à nouveau tenter leur chance » Des billets accessibles au même moment, dans le monde entier.
Tony Estanguet n’était pas la seule « star » de ces vingt-quatre heures chrono new-yorkaises. La torche olympique, qui ne l’a pas quitté, a suscité son lot de « Wow! » et de souffles admiratifs – surtout à l’annonce de sa couleur « champagne » : les élèves du Lycée Français ont bien rigolé et les Américains du Today Show ont adoré. « C’est toujours un plaisir de venir ici et de sentir cette envie de JO », sourit Tony Estanguet, avant de s’engouffrer dans une voiture et prendre son vol pour Paris.