Revue de Presse. L’économiste français Thomas Piketty est de passage sur le sol américain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que tous les honneurs lui sont réservés. Ce traitement de “rock star” n’échappe pas au New York Times qui ne cesse de vanter les mérites de l’économiste : humble et brillant.
“Les économistes français qui remettent hardiment en question la domination du capital sur le travail – et appellent à une taxe mondiale – visitent les lieux de pouvoir américains à peu près aussi souvent que les rock stars françaises se produisent au Madison Square Garden” ironise le quotidien.
Et pour marquer le coup, on reçoit Thomas Piketty en mettant les petits plats dans les grands. Après une rencontre avec Jacob Lew, le Secrétaire du Trésor des États-Unis à Washington, une conférence au FMI, l’économiste a passé plusieurs jours à New York pour la promotion de son livre “Le Capital au XXIème siècle”.
Malgré tout le Français garde la tête sur les épaules : M. Piketti “fait preuve de beaucoup de modestie, balayant les comparaisons avec Tocqueville et Marx avec un rictus gêné“.
Si l’économiste prône un capitalisme au service de la démocratie, qu’on se rassure : “M. Piketty, qui écrit dans le livre que l’effondrement du communisme en 1989 l’a «vacciné pour la vie» contre la «rhétorique paresseuse de l’anticapitalisme“, n’est pas un révolutionnaire marxiste” Ouf !
La République exemplaire d’Aquilino Morelle
Sur un ton plus grave, le Wall Street Journal s’intéresse lui à la démission d’Aquilino Morelle. “Un haut conseiller de François Hollande qui a écrit de nombreux discours du Président socialiste notamment sur la nécessité de lancer une «république exemplaire», a démissionné vendredi après qu’un site français ait décrit son style de vie somptueux et l’ait accusé de conflit d’intérêts” résume le journal.
La nouvelle vient entacher un peu plus encore la présidence de François Hollande qui n’était déjà pas dans de beaux draps.”L’affaire intervient à un moment difficile pour M. Hollande qui essaie d’instaurer des réductions de dépenses impopulaires, y compris le gel sur les retraites et les prestations sociales, et de garder une majorité parlementaire socialiste“.
Et sur le plan symbolique les nouvelles ne sont pas meilleures : “Les accusations portées contre M. Morelle remettent en question la promesse électorale du Président à diriger une administration irréprochable. Cet engagement avait été déjà compromis l’année dernière, quand Jérôme Cahuzac, un ministre du budget qui a été le champion de la répression de la fraude fiscale, a admis qu’il avait illégalement un compte bancaire en Suisse, et avait démissionné“.
La belle vie selon les Français.
Les Français n’ont pas besoin de bannir les e-mails professionnels à partir de 18h pour avoir une qualité de vie nettement supérieur à la moyenne. Et le Huffington Post est bien décidé à le prouver cette semaine. L’article “Ce que la France peut apprendre au reste du monde pour mieux vivre” donne du baume au coeur, et finalement on est tenté de se dire que l’honneur est sauf.
Et le journal commence fort : “Vous n’avez pas vraiment vécu jusqu’à ce que vous ayez mangé une baguette française fraîchement cuite au four d’une boulangerie française. Faites-nous confiance sur ce coup“.
Parmi les innombrables qualités du mode de vie à la française : “Les Français ne mangent pas sur le pouce” . “Cela peut paraître peu important, mais les Français prennent le temps de s’asseoir pour manger – il est étonnant de voir que ça change beaucoup, finalement, d’avoir conscience de manger” s’exclame le journaliste.
Un média américain qui opte pour un regard nuancé sur les 35 heures françaises est suffisamment rare pour être remarqué : “Oui, la semaine de travail de 35 heures est dans la loi, mais, dans la pratique, les travailleurs français accumulent les heures supplémentaires”. Mais le propos ne s’arrête pas là : “Cependant, nous préférons de beaucoup l’idée d’une semaine de travail de 35 heures que le stéréotype de celle qui dure 100 heures”. Oui, vous avez bien lu.
“La belle vie” à la française c’est aussi rendre l’éducation supérieure accessible et prendre les vacances au sérieux. C’est donc ça le secret du bonheur des Français vu par la presse américaine.