En visitant le musée du LACMA sur Wilshire Boulevard, peut-être avez-vous déjà remarqué, juste en face, ce pan du mur de Berlin, illustré des visages des présidents Reagan et Kennedy, ainsi que d’autres dessins colorés.
L’un des auteurs de ces peintures originales n’est autre que Thierry Noir, un artiste franco-berlinois devenu célèbre pour avoir osé peindre illégalement sur le mur à partir de 1984.
Ce mois-ci, à l’occasion du 25e anniversaire de la chute du mur, la ville de Los Angeles jumelée à celle de Berlin, a invité le peintre d’origine lyonnaise à venir exprimer à nouveau sa créativité sur du béton, au coeur de Downtown L.A, quartier réputé pour son street-art.
«La semaine dernière, j’ai réalisé une fresque commémorative d’environ 65 m2, et d’un peu moins de 4 mètres de haut, une hauteur équivalente à celle du mur de Berlin ce qui permettra au public de mieux se le représenter » explique Thierry Noir. «J’ai travaillé pendant 2 jours, aidé d’amis artistes. Nous avons tout de même dû faire une pause sur les coups de 14h, à cause de la canicule !».
A l’image du mur de Berlin, l’espace choisi à Downtown L.A, est lui aussi un peu « angoissant, étouffant », situé sur Spring Street, « dans une allée étroite », précise l’artiste.
Hommage aux jeunes générations
L’œuvre à fond noir est illustrée de personnages blancs stylisés, les « bonshommes à gros nez », fétiches de Thierry Noir. «En peignant sur le mur de Berlin, ce sont ces personnages qui ont petit à petit glissé de mon pinceau. Ils ressemblent un peu aux statues de l’île de Pâques et du Ghana. Ils représentent en quelque sorte l’humanité et sont un hommage aux jeunes générations».
Ce sont aussi des personnages faciles et rapides à dessiner. Un style minimaliste que Thierry Noir a développé en peignant la nuit sur le mur de Berlin, dans l’urgence, pour ne pas se faire repérer. Et qui lui a permis de réaliser plus de 4 km de fresques de 1984 à 1990. « J’ai failli avoir de gros ennuis. A Berlin est, on me prenait pour un espion français ! Techniquement les soldats de l’est auraient pu m’arrêter car le mur était construit à 3 mètres en retrait de la frontière officielle».
« On pense souvent que j’ai voulu embellir le mur de Berlin, ajoute Thierry Noir, alors que ma démarche était au contraire de le démythifier, de montrer qu’il pouvait un jour tomber !».
En plus de cette nouvelle fresque, la Howard Griffin Gallery consacre, du 9 au 23 octobre, une rétrospective au travail de Thierry Noir, pour la première fois aux Etats-Unis. La semaine prochaine, il est aussi prévu que l’artiste peigne une seconde fresque sur Sunset Boulevard, sur le Caviar Building, près du Cinerama Dome.