Un peu plus d’un an après la mort du célèbre couturier Thierry Mugler, le Brooklyn Museum inaugure une rétrospective sur sa vie, à l’image de l’artiste : grandiose, provocatrice et profondément subversive. L’exposition « Thierry Mugler : Couturissime », au Brooklyn Museum, s’ouvre de façon intense, sur fond de musique menaçante : devant nous, un hologramme 3D en taille réelle, réalisé par l’artiste québécois Michel Lemieux, met en scène la pièce La Tragédie de Macbeth, qui était présentée par la Comédie Française au Festival d’Avignon de 1985, et pour laquelle Thierry Mugler a conçu des costumes monumentaux.
La visite donne une vision d’ensemble du travail du couturier, depuis ses designs de haute couture à ses photographies de mannequins dans ses créations, en passant par des costumes de théâtre, des clips de musique et bien sûr ses fragrances dont l’emblématique Angel, qui fête ses 30 ans.
Ancien danseur professionnel, Thierry Mugler se reconvertit dans les années 70 comme couturier et défie la norme en créant la « glamazone » (contraction de glamour et amazone), une représentation de la femme moderne, ambitieuse, aux épaules extra-larges et aux tenues provocatrices, en pleine possession de son pouvoir érotique. Tout au long de ses trente années de création, Thierry Mugler n’a de cesse de repousser les limites de la mode avec des tenues extravagantes, l’utilisation de matériaux d’avant-garde comme le verre, le plexiglas, le PVC, la fausse fourrure, le latex ou encore le chrome.
La visite est organisée par thématiques : fantastique, glamour, science-fiction, érotisme et la nature, qui fascinait l’artiste et qu’il respectait avec l’utilisation de matières recyclées et la fausse fourrure, bien avant les autres grandes maisons de couture. Thierry Mugler a également participé à l’essor de la photographie de mode dans les magazines, et sa passion pour le sujet l’a conduit à des collaborations avec les plus grands photographes : Helmut Newton, Guy Bourdin, David La Chapelle, Karl Lagerfeld, Ellen von Unwerth, et tant d’autres.
Le couturier a organisé des séances photos dans des endroits improbables comme au milieu des dunes du Sahara, sur une banquise du Groenland ou au sommet de gratte-ciels de Manhattan. Par la photo, il a magnifié la beauté de ses muses et des plus célèbres mannequins des années 90, comme Carla Bruni, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Estelle Lefébure.
Une pièce entière est par ailleurs consacrée à la fascination de Thierry Mugler pour le futurisme et les robots, dont une vitrine jonchée de câbles électriques et designée par l’artiste berlinois Philipp Fürhofer. Dans son travail, le couturier s’est largement inspiré de l’univers de la science-fiction, des héroïnes de BD, d’armures médiévales et autres types d’uniformes pour créer des tenues futuristiques, comme Maschinenmensch, ce bustier en métal et PVC, qui a nécessité six mois de travail. Des prouesses techniques pour sublimer des personnages féminins tout-puissants.
Enfin, il s’est aussi frotté à la musique et au film, en réalisant le clip de George Michael, Too Funky, avec les top models Linda Evangelista, Eva Herzigova, Estelle Lefébure, Tyra Banks entre autres. Son œuvre a eu un succès international retentissant, et il a par exemple été choisi pour créer les costumes de la troupe Cirque du Soleil en 2003, ou encore les tenues de scène de la chanteuse Beyoncé pour sa tournée I am de 2009. « Dans mon travail, j’ai toujours essayé de faire apparaître les gens plus forts qu’ils ne le sont vraiment », a dit Thierry Mugler. Trente ans plus tôt, un visionnaire du women empowerment.
Thierry Mugler: Couturissime au Brooklyn Museum, 200 Eastern Parkway
Brooklyn. Jusqu’au 7 mai 2023. Billets ici.