Les perceuses sont toujours à l’oeuvre alors que les journalistes se pressent au Shed pour une présentation-presse. Ce mercredi, les ouvriers apportaient la dernière touche à l’édifice, reconnaissable à sa chrysalide mobile posée le long de la Highline. Le centre culturel et artistique de Hudson Yards ouvre officiellement vendredi 5 avril après quatre ans de travaux.
Proposé en 2008 lors d’un appel à projets pour créer un site culturel dans le futur Hudson Yards, The Shed veut servir de vitrine aux artistes émergents new-yorkais, américains et internationaux, actifs dans des champs variés (musique, cinéma, danse, arts visuels…). L’espace se veut adaptable. Outre deux galeries, une salle de spectacle de 500 places et un espace de performances plus petit au 8ème niveau avec une vue sur The Vessel, The Shed est équipé d’une “carapace” qui peut glisser sur des rails pour doubler l’espace du site et accueillir des installations et performances de grande taille.
Cette “extension” est susceptible d’abriter 1.250 places assises et 2.000 personnes debout et peut se combiner à d’autres espaces dans la structure de base. “Nous avons travaillé à ce que cet endroit soit très différent de ce qui existait ailleurs à New York”, raconte Dan Doctoroff, président du conseil d’administration du Shed (et par ailleurs président de Sidewalk Labs, l’entreprise d’innovation urbaine d’Alphabet, la maison-mère de Google). Il décrit The Shed comme un “couteau-suisse” pour l’art et la culture. “À l’heure d’internet, où tout le monde communique et collabore, les artistes s’affranchissent des disciplines et des distances et produisent des oeuvres qui ne rentrent pas dans les cases des institutions traditionnelles. D’où cette notion de flexibilité“.
“Nous nous sommes demandés comment faire un bâtiment adapté à l’art en mouvement, a raconté devant les journalistes l’architecte Elizabeth Diller, à qui l’on doit également la Highline et le Broad Museum de Los Angeles. Ce bâtiment répondra aux défis amenés par les artistes“.
“Liz” Diller n’est pas le seul grand nom associé à ce projet dont la construction a coûté quelque 404 millions de dollars. Le conseil d’administration comprend quelques pointures de la philanthropie new-yorkaise et du monde des affaires, comme la styliste Diane von Furstenberg, le propriétaire de l’Olympique de Marseille Frank H. McCourt, Jr. et le co-propriétaire des Giants Jonathan Tisch.
Côté programmation, The Shed essuiera les plâtres avec une série de concerts, “Soundtrack of America”, qui met en avant la richesse de la musique afro-américaine à travers une nouvelle génération d’artistes réfléchissant sur leurs racines. Le concert de lancement affiche complet, mais pas les suivants. Dès lendemain (6 avril), débuteront une exposition de l’artiste Trisha Donnelly et une exposition immersive basée sur le travaux des compositeurs Steve Reich et Arvo Pärt et du peintre Gerhard Richter. Toujours le 6, la cantatrice Renée Fleming et l’acteur Ben Whishaw joueront dans “Norma Jeane Baker of Troy”, une performance parlée et chantée sur Marilyn Monroe et Hélène de Troie. Le reste de la saison comprend de nombreuses commissions: un spectacle multimédia de Björk, une conférence du réalisateur Boots Riley dans le cadre d’un programme sur la résistance à travers la poésie et un spectacle du chorégraphe William Forsythe.
The Shed veut également mettre en avant des artistes new-yorkais. Son programme Open Call présentera, dès le 30 mai, les travaux de 52 artistes locaux. Soucieuse de ne pas paraitre élitiste au milieu des gratte-ciel hors de prix de Hudson Yards, l’institution a noué des partenariats avec des écoles locales et NYCHA, l’administration chargée des logements pour les habitants à faibles revenus. Une grande partie des performances et expositions seront gratuites ou accessibles pour 10 dollars seulement. Et l’accès sera gratuit pour les moins de 18 ans. “On estime qu’au bout d’un an, la moitié de notre public sera venu soit gratuitement soit pour 10 dollars“, indique Alex Poots, directeur artistique et PDG de The Shed. “Nous avons toujours cru qu’il était essentiel d’avoir un coeur culturel à ce nouveau West Side de Manhattan et de disposer d’une structure qui pouvait changer dans le temps pour permettre à New York de rester un leader dans le monde pour la culture, dit Dan Doctoroff. Espérons que cette institution nous permettra de nous adapter au futur“.