The New French fait en ce moment les beaux jours du buzz culinaire new-yorkais, et vient d’être sacré par le New York Magazine “Meilleur restaurant de quartier” dans son édition “Best of 2009”. Pourtant, rien d’exceptionnel ne frappe le client lorsqu’il franchit la porte d’entrée. L’espace est petit, simplement aménagé, et la carte pas bien compliquée, voire allègrement désordonnée. C’est peut-être ce qui charme les habitants du quartier, fatigués des ambiances surfaites et des prix déraisonnables du West Village. Ici, pas de “signature food” ou de “haute cocktail“, ni de mission culinaire à remplir, le chef, Livio Velardo, cuisine les quelques plats qu’il aime, en mélangeant dans un grand melting-pot mondial des inspirations italiennes, vietnamiennes, française ou encore sud-américaines. Le restaurant ne s’est pas embarrassé non plus d’un site internet ou d’un système de réservation -l’équipe, accueillante et serviable, vous reçoit à la bonne franquette. D’ailleurs, toute publicité supplémentaire serait inutile puisque The New French affiche complet tous les soirs, avec des délais d’attente parfois rebutants le week-end.
Côté carte, le restaurant fait dans le minimalisme. La sélection des entrées du jour comprend diverses variations autour de la pizza bianca, une crème de foie et dattes et une très remarquable brioche au porc braisé. Pour les plats de résistance, on retrouve de l’américain classique (le burger et le steak frites), des inconditionnels du bistrot (sandwich ou moules frites), du complètement vietnamien (les phôs), de l’indien (curry de légume), du méditerranéen (agneau rôti aux olives et aux poivrons, servi avec couscous) et de la cuisine fusion hors-catégorie avec un poulet rôti au lait de coco, brocolis chinois et champignons. Devant ce choix aussi restreint qu’éclectique, le client est naturellement quelque peu désarçonné. Une fois passé l’étape de la commande, les assiettes sont en revanche une bonne surprise: elles sont à la fois copieuses et savoureuses.
Les prix ne sont malheureusement pas aussi généreux. A $10 l’entrée en moyenne, et de $15 à $25 le plat, l’addition par personne grimpe très vite. D’autant plus que The New French propose une alléchante sélection de desserts ($7) qui saura faire craquer les plus gourmands -les autres auront l’estomac déjà bien assez rempli. Au coté de classiques revisités (le gâteau au chocolat à la glace épicée, la crème brulée au gingembre), certains desserts ne s’interdisent aucun exostime entre banane, noix de coco et épices. Pour ce qui est des plaisirs alcoolisés, le restaurant propose une courte liste de bières et de vins, dont des véritables affaires sur des bouteilles à $36. Enfin, pour ceux qui aimeraient s’accorder une pause gourmande au déjeuner, les prix, comme les assiettes, sont un peu plus légers: le restaurant sert une belle variété de sandwiches ou de crêpes entre $9 et $15, sans oublier la formule demi-phô et demi-sandwich pour $12.
Pour la décoration, The New French a misé sur l’ambiance bistro-chic très en vogue depuis ces dernières années. Murs noirs, parquets sombres et grandes fresques murales peintes par l’artiste Maira Kalman agrémentent la petite salle d’une vingtaines de tables. Il n’y pas la place de faire tenir un bar, mais la large baie vitrée sur Hudson Street permet de regarder déambuler les passants tout en dégustant un verre de vin, un clin d’œil aux cafés parisiens. Car si la carte n’est pas exactement ce qu’on peut appeler une carte française, les propriétaires aimeraient que l’atmosphère le soit. “The New French” est un hommage à un restaurant de Minneapolis, qui en son temps, dans les années 70, attirait dans une ambiance enfumée, et forcément très parisienne, les artistes et les intellectuels de gauche.
A défaut de cuisine française, The New French offre un cadre agréable et un brin sophistiqué, sans jamais en faire trop. Les prix sensiblement plus élevés que ceux d’un bistrot traditionnel (des salades à $16) en font un restaurant à privilégier pour certaines occasions. Ceux qui recherchent un lieu romantique pour leur bien aimé(e) seront comblés par l’atmosphère intime, la lumière tamisée à grand renfort de bougies réparties ici et là, la musique douce, et un niveau sonore qui n’entrave pas les discussions en tête-tête. On est finalement bien loin des débats entre penseurs des années hippies, New York des années 2000 oblige.
The New French
– 522 Hudson St., New York, NY 10014, près de W. 10th St.
– 212-807-7357