Au détour d’une balade dans SoHo, arrêtez-vous quelques instants au 393 West Broadway. Vous y trouverez une œuvre permanente de Walter De Maria, l’un des artistes pionniers du Land Art Américain. Avec le soutien de la Dia Foundation, il crée The Broken Kilometer en 1979, faisant écho au Vertical Earth Kilometer installé deux ans auparavant à Kassel en Allemagne.
Le Land Art fait partie de ces mouvements artistiques de la fin des années 1960 qui marquent le passage de l’art moderne à l’art contemporain, au côté de l’Art Conceptuel, du Minimalisme ou du Pop Art. Dans les grandes lignes, c’est le moment où “l’art pour l’art” laisse la place à l’art dans sa relation à la société. Walter De Maria, Michael Heizer, Robert Smithson, Richard Long, parmi bien d’autres, ont milité pour un autre rapport aux œuvres. Ils les ont fait sortir des musées pour les confronter aux environnements naturels et urbains.
Alors qu’à Kassel, la barre de laiton d’un kilomètre pesant presque 19 tonnes est enfouie à la verticale dans le sol, ne laissant apparaître qu’un petit cercle de 5 cm de diamètre à la surface, elle est découpée en 500 morceaux de 2 mètres de long posés à même le sol dans la “warehouse” de SoHo, quartier où l’artiste avait élu domicile. Ainsi, le même objet selon son installation, son environnement, son éclairage semble totalement différent au spectateur. Transformer notre perception est justement le principal objectif du Land Art et du Minimalisme.
Surtout, ne sortez pas de cet espace sans prendre le temps de discuter avec sa gardienne Patti Dilworth. Elle vous expliquera de quelle manière chacune des 500 barres de laiton massif est soulevée et polie tous les deux ans. Elle évoquera la transformation de l’œuvre selon la lumière ou les visites discrètes de l’artiste avec ses amis et membres de sa famille quand il était encore en vie – il est décédé en 2013. Mais surtout, elle vous transmettra sa passion pour l’oeuvre.