Pour la première fois depuis vingt ans, on reparle de train à grande vitesse au Texas. Attentives, les entreprises françaises ne veulent pas avoir un train de retard.
Alors que « près de 50.000 Texans font le trajet entre Houston et Dallas-Fort Worth en empruntant l’autoroute I45 plus d’une fois par semaine », les maires de ces trois villes ont officiellement annoncé leur soutien au projet de ligne à grande vitesse entre les deux premières agglomérations texanes porté par Texas Central Railway la semaine dernière.
Et dans une récente interview au Texas Tribune, le président de Texas Central Railway se montrait confiant dans les chances de son projet à réussir là où le précédent, lancé en 1989, a échoué. «C’est un projet important, qui est là depuis longtemps et qui s’accélère », confirme Jean-François Bonneté, le président du conseil d’administration de la Chambre de commerce franco-américaine de Houston.
Dans un Texas en plein essor démographique, le projet défendu par Texas Central Railway devrait aussi susciter moins d’opposition que par le passé de la part des territoires ruraux de l’Etat. Au début des années 1990, les ruraux s’étaient inquiétés de voir des terres mobilisées par la future ligne sans pour autant bénéficier du nouveau mode de transport. Ils se sont organisés en lobbies anti-TGV aux doux noms de “DERAIL” ou “Citizens Against the Bullet Train” qui ont grandement contribué à faire capoter le premier projet de TGV texan, rappelle le Texas Tribune…
Pour le magazine, il était « optimiste » de prévoir, comme l’avait fait Texas TGV il y a vingt ans, que le train à grande vitesse s’avérerait d’une utilité telle que la loi fédérale sur le financement des infrastructures serait assouplie afin de lui permettre de voir le jour. C’est ainsi que l’objectif de neuf millions de voyageurs annuels entre Dallas-Fort Worth, Houston et San Antonio d’ici à 2014 est devenu un mirage. Et que la technologie du Shinkansen japonais a pris l’avantage sur celle du TGV conçu en France par Alstom.
Texas Central Railway est partenaire de la Central Japan Railway Company et « les Japonais ont fait beaucoup de lobbying ces dernières années », reconnaît Jean-François Bonneté. Mais « une délégation de la Chambre de commerce franco-américaine de Houston a emmené le vice-maire de Houston, Edward Gonzalez, visiter à Poitiers, dans le cadre de la convention d’échanges économiques passée entre la Chambre et le Département de la Ville, la finalisation du tronçon de ligne à grande vitesse qui mettra Bordeaux à deux heures de Paris.
“Nous allons rencontrer le président de Texas Central Railway pour vérifier si la technologie du Shinkansen est définitivement reconnue. Et nous sommes en train de monter la visite d’une délégation française au Texas avec tous nos acteurs clés en juin », signale le responsable économique.
Car même si Alstom ne parvient pas à se repositionner au Texas, « il y a tous les autres aspects du projet qui concernent des entreprises comme Vinci, exploitant déjà d’importantes infrastructures dans l’Ohio, ou Sisdra, qui mène des études préliminaires à la construction de lignes ferroviaires », souligne Jean-François Bonneté. Dans la bataille du train à grande vitesse texan, les Français ne s’avouent pas vaincus.