Si vous n’avez pas encore eu l’occasion d’aller voir l’exposition Delacroix, qui connaît un franc succès au musée d’Art de Santa Barbara, courez-y ! Vous avez encore jusqu’au 26 janvier avant qu’elle ne ferme définitivement ses portes.
Parmi les œuvres du célèbre peintre français exposées se trouve notamment un nouveau tableau inédit récemment retrouvé chez une famille de Santa Barbara.
Une découverte incroyable qui n’a pas manqué de susciter la curiosité du public. Inaugurée le 27 octobre dernier, « l’exposition Delacroix and the Matter of Finish a connu un grand succès populaire », explique Katrina Carl, responsable de la communication du musée. «Depuis le mois d’octobre jusqu’à ce jour, nous avons accueilli près de 21 000 visiteurs, ce qui est beaucoup pour un musée de notre taille. Au mois d’octobre, lorsque l’exposition a ouvert, nous avons même enregistré notre meilleur chiffre mensuel de l’année avec plus de 7.000 visiteurs ! », ajoute-t-elle.
Cela faisait 10 ans qu’un événement de ce type n’avait pas été organisé autour de Delacroix aux Etats-Unis. Sur la côte ouest, c’est même une grande première.
La découverte de l’identité du tableau inédit est un concours de circonstances assez étonnant. Lorsque la conservatrice du musée de Santa Barbara Eik Kahng prend ses fonctions en 2009, le musée accueille alors une exposition itinérante consacrée aux grands peintres du XIXe siècle (dont Delacroix), qu’elle avait elle-même organisée à l’époque où elle travaillait encore au Walters Art Museum de Baltimore.
« Quelques temps après le début de cette exposition, je reçois un appel téléphonique d’une dame : en visitant l’exposition de Santa Barbara, ville où elle habite, elle a remarqué des similitudes frappantes entre une toile de sa collection personnelle et les tableaux de l’exposition. Elle n’avait auparavant jamais fait très attention à cette toile», héritée de son oncle en 2002.
Une vieille famille suisse installée à Montecito
Eik Kahng lui demande alors de lui envoyer une photo du tableau. Intriguée par l’image qu’elle reçoit, elle se rend quelques jours plus tard chez cette femme. En voyant l’œuvre exposée dans son salon, la conservatrice a très peu de doutes. « C’était clair qu’il ne pouvait pas s’agir d’une copie. Malheureusement, le spécialiste de Delacroix, Lee Johnson était mort quelques années auparavant» en 2006.
L’œuvre est alors minutieusement examinée par quelque 23 experts, qui quatre ans après, semblent en grande majorité convaincus que ce tableau non-signé est très certainement un authentique Delacroix.
« La propriétaire du tableau a choisi de conserver l’anonymat » souligne Eik Kahng tout en précisant qu’elle appartient à «une vieille et éminente famille suisse installée à Montecito », quartier huppé de Santa Barbara, l’un des plus riches des Etats-Unis. « Le tableau est dans la famille depuis plusieurs générations. Il se trouvait auparavant en Suisse ». L’actuelle propriétaire du tableau l’aurait hérité de son oncle puis aurait décidé un peu plus tard de le transférer à Santa Barbara, avec le reste de sa collection.
« La famille possède d’autres tableaux et objets personnels de valeur qui ont par la suite été expertisés », précise Eik Kahng : d’anciennes horloges fabriquées par des horlogers suisses de renom ou encore des toiles du peintre suisse Cherubino Pata, disciple de Gustave Courbet.
La toile de maître retrouvée à Santa Barbara pourrait être une variation d’une gigantesque toile du Musée des Beaux-Arts de Lyon, intitulée « Dernières paroles de Marc-Aurèle » (1844).
Le tableau restera au musée de Santa Barbara
Après Santa Barbara, direction le Birmingham Museum of Art, dans l’Alabama, où le tableau inédit sera exposé du 22 février au 18 mai avec le reste de l’exposition (qui comprend des toiles venues de musées américains, de Montpellier et des Arts décoratifs de Paris).
Pour ceux qui n’auraient pas la possibilité de se rendre à Santa Barbara avant la fin de l’exposition, sachez que la famille propriétaire du tableau a décidé de le prêter sur le long terme au musée de Santa Barbara. Il y sera exposé aux côtés d’une autre œuvre de Delacroix récemment acquise par le musée : une esquisse à l’huile intitulée « Winter » (Hiver).