C’est le résultat de la fusion entre la vieille France et la jeune Amérique. La fondation américaine Aperture et la française Hermès décident de s’unir en 2015 pour lancer “Immersion” . Le concept: un photographe américain passe une année en France et un photographe français passe une année aux Etats-Unis. Le jeune Sylvain Couzinet-Jacques est le premier lauréat de ce programme.
Le fruit de cette collaboration: une exposition du photographe français appelée “Eden” visible jusqu’au 19 janvier 2017 à l’Aperture Gallery à Chelsea. Le projet de ce Français de 33 ans, diplômé de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Marseille en 2010 et de l’Ecole nationale supérieure de photographie d’Arles en 2012, était de voir l’Amérique par la fenêtre, mais pas celle d’une voiture, comme lors d’un voyage, mais celle d’une maison. Il décide donc d’utiliser la bourse qu’il a reçue pour s’en chercher une aux Etats-Unis.
“J’ai commencé à chercher sur Google Maps, depuis Paris, explique le jeune artiste. C’est comme ça que j’ai découvert la petite ville d’Eden, en Caroline du Nord. C’était la ville parfaite pour mon projet: une ville sur le déclin, qui pourrait parfaitement illustrer ce que je cherchais à illustrer, à savoir le gouffre qui existe entre le Paradis et Eden, entre la représentation et la réalité.”
Mais une fois sur place, ses recherches s’avèrent d’abord infructueuses. “Trois mois plus tard, j’étais prêt à rentrer en France, lorsqu’un ami sur place m’a parlé d’une petite maison rouge en bois, destinée à être démolie.” C’est la “Little Red Schoolhouse” d’Eden, fondée en 1884, qui fut la plus ancienne école publique de la ville. Il l’achète pour 1.000 dollars.
Sylvain Couzinet-Jacques y installe son studio et se met à la restaurer. Il se lance en même temps dans un projet fou: scanner la totalité de la façade extérieure de la bâtisse. De ce projet naît un livre de 992 pages, immortalisant cette maison abandonnée dans les moindres détails.
Au fil de l’exposition visible dans les locaux d’Aperture, le public pourra admirer, grâce à des photographies et des vidéos, des objets trouvés dans la maison, des documents historiques et des éléments sculpturaux, auxquels le photographe confère une valeur artistique et esthétique. Des pierres provenant de la demeure, des morceaux du porche en bois, un revêtement de sol tacheté de mégots de cigarettes n’en sont que quelques exemples. Ces objets ont été produits ou recueillis sur place par le photographe, qui a transformé le bâtiment destiné à être démoli en un projet artistique collaboratif.
L’exposition présentera également les travaux des artistes Fred Cave, Thomas Hauser, Jesse Hoyle, Amelia Rina, Pat McCarthy et Ugo Schiavi, avec lesquels le Français a travaillé sur la maison.