L’entrepreneuriat ce sont -parfois- des réussites fulgurantes. Mais c’ets plus souvent une histoire de chance, de rencontres et surtout de beaucoup (beaucoup) de travail, et de passion. C’est à cet amour de la technologie que Sylvain Ardiet, qui vient de vendre son entreprise Alphaserve Technologies, attribue son parcours et cette belle réussite d’entrepreneur tech. Ce n’était pas gagné : après un lycée difficile, il s’épanouit enfin en IUT marketing et commercialisation, ce qui l’incite à envisager une école de commerce. Ce sera HEC Montréal. « Un grand concours de circonstance : un ami m’a invité à aller le voir un mauvais jour au salon de l’Etudiant et je suis tombé sur le stand de l’école. J’ai dit à mes parents ‘si je suis pris, vous venez avec moi à Montréal’. Quelques mois plus tard, nous étions dans l’avion ».
Étudiant, il continue à se laisser guider par ses intuitions. Après une visite à un ami à Los Angeles, il décide d’aller passer un an sur la côte Ouest pour améliorer son anglais. Mi-1999, il postule à des emplois dans la tech à New York, mais ne pense pas à aller regarder à San Francisco, épicentre d’un secteur à son apogée. « C’est quelque chose que j’ai appris plus tard : réfléchir au sens de ses actes au niveau stratégique, et pas seulement au niveau tactique ». Il entre alors dans la vie active à New York au rythme de la ville : 300 heures par mois, un maigre salaire, mais une vraie passion et une « première famille de travail ». Et surtout une rencontre déterminante : le VP de la société part lancer sa propre entreprise, et Sylvain Ardiet le suit rapidement, en 2003.
Ce n’est pourtant pas sa première aventure professionnelle : dès 16 ans, il avait fait des premiers jobs dans l’hôtellerie, une notion de service qu’il apprécie et retrouvera en tant que consultant. Puis à son compte, à réparer des ordinateurs et faire divers travaux informatiques. Cette fois, Sylvain Ardiet doit vider ses comptes en banque pour s’associer et fonder COMGroup. L’entreprise offre des services d’infrastructure, pour lesquels elle doit faire de gros investissements pour des serveurs et autres équipements, mais aussi des services informatiques et des développements d’applications : « nous n’avions pas de vision stratégique précise, mais une passion sans fond, une grande force de travail et surtout des employés qui croyaient en notre mission », confie celui qui travaillait encore jusqu’à récemment 18 heures par jour. Le succès est au rendez-vous : l’entreprise est vendue en 2006 à Exenet.
Sylvain Ardiet reste néanmoins actionnaire minoritaire, et continue l’aventure. L’entreprise pivote vers des services auprès de cabinets d’avocats et sociétés financières, et elle est renommée Alphaserve Technologies. Un pari réussi : dix ans plus tard, l’entreprise a doublé d’effectif à 700 employés, multiplié par trois ses revenus et vient de se vendre à Eze Castle Integration, malgré les vents contraires de la crise Covid-19. Pour Sylvain Ardiet, qui est resté très investi au plan opérationnel, cette sortie est aussi l’occasion de réfléchir aux années passées, et d’en tirer des leçons. Des histoires de leadership et de rapports humains : « j’essaie de recruter des personnes qui en savent plus que moi, des experts techniques car l’équipe grandit organiquement de tous ces échanges. Mais je fais aussi en sorte que mes équipes se sentent écoutées, soutenues, entendues et intelligentes tout en gardant nos objectifs stratégiques en tête».
Anne-Laure Peytavin