Suzanne Lindon fait ses premiers pas prometteurs au cinéma. Fille de Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon, la jeune cinéaste âgée de 20 ans vient de réaliser « Seize Printemps », son premier long-métrage dans lequel elle tient le rôle principal, celui d’une adolescente désenchantée. Un film qui sera projeté au Fort Lauderdale International Film Festival (FLIFF) le mercredi 18 novembre.
« J’avais envie d’être actrice et de réaliser un film depuis longtemps mais je n’osais pas me l’avouer car je voulais d’abord poursuivre mes études », raconte Suzanne Lindon qui, après avoir obtenu avec brio son baccalauréat, a cumulé les casquettes de scénariste, actrice et réalisatrice pour son premier long-métrage. « En touchant au métier de mes parents, j’avais besoin de me sentir totalement légitime et je ne voulais surtout pas avoir l’étiquette « fille de », souligne-t-elle. Je me suis donc choisie et je me suis écrit ce rôle avant de prendre en main la réalisation car je tenais à tout contrôler, non pas pour une question d’égo, mais je me disais que si je me plante, je me plante seule, et si je réussis, je réussis seule ».
Dans ce long-métrage à la fois imaginaire et largement autobiographique, Suzanne Lindon campe une adolescente qui s’ennuie avec les gens de son âge et qui tombe amoureuse d’un homme beaucoup plus âgé qu’elle. « C’est inspiré de ce que j’ai ressenti à la même période car ce que je vivais était moins palpitant que ce que je fantasmais », explique la jeune cinéaste qui a écrit son scénario en un mois alors qu’elle n’avait que 15 ans. « C’était comme si je rédigeais le journal intime d’une jeune fille que j’inventais, indique-t-elle. Je n’écrivais que quand j’en avais envie et même si ce n’était qu’un mot ou deux par jour ce n’était pas grave, je ne me suis imposée aucune contrainte ».
Un scénario touchant long d’une cinquantaine de pages dans lequel les silences supplantent les dialogues. « J’aime les non-dits et les choses que l’on doit deviner, c’est pourquoi j’ai préféré miser sur le jeu d’acteur car les émotions les plus fortes sont celles que nous vivons et que nous ressentons et non pas celles dont nous parlons, détaille Suzanne Lindon. Autant avec la parole nous pouvons dire tout et son contraire alors que le corps, lui, ne ment jamais ».
Longtemps tenu secret, le premier long-métrage de Suzanne Lindon a été tourné en un peu moins de trois semaines avec peu de moyens et sans l’aide de ses parents. « Je les ai boycottés à tous les niveaux, plaisante la jeune réalisatrice. Ils n’ont pas eu le droit de lire le scénario et encore moins d’être présents sur le plateau ou d’assister au montage », précise Suzanne Lindon qui a même préféré déménager du domicile familial plusieurs mois avant le début du tournage. « J’ai voulu m’émanciper car je ne souhaitais pas dîner avec eux et leur parler de ma journée. C’était vraiment important pour moi de faire ce film seule ».
Semblant d’ores et déjà convaincre la critique, son premier long-métrage a par ailleurs été sélectionné au Festival de Cannes, qui n’a finalement pas eu lieu à cause de la crise sanitaire. « Quand Thierry Frémaux (directeur général du Festival de Cannes, ndlr) m’a appelée, je pensais qu’il s’agissait d’un canular, sourit Suzanne Lindon. C’est un moment de ma vie que je n’oublierai jamais ».
Fière de cette première réalisation, la jeune cinéaste espère aujourd’hui pouvoir jouer des rôles pour différents réalisateurs ou même écrire des scénarios pour les autres. « Je vais devoir continuer de faire mes preuves et cela se fera progressivement car il ne faut surtout pas vouloir aller plus vite que la musique ».