De l’étudiante parisienne des années 1960, il ne reste pas grand-chose en apparence : Suzanne Guggenheim porte des T-shirts et prend sa voiture pour parcourir les quelques centaines de mètres qui séparent le tribunal où elle suit une formation de juge électoral et le restaurant où nous avons rendez-vous. « Même si je reste attachée à la France, je me sens Américaine », confie cette Française arrivée aux Etats-Unis il y a plus de trente ans.
Une chose pourtant n’a pas changé depuis les Trente glorieuses : Suzanne Guggenheim a toujours été engagée politiquement. Mais tandis qu’elle faisait partie des Jeunesses gaullistes quand elle étudiait à Sciences po Paris, son T-shirt arbore une citation de Ronald Reagan et sa voiture des autocollants de la Texas State Rifle Association (l’antenne locale de la NRA) et de la campagne de Mitt Romney, à laquelle elle participe activement.
Pour comprendre comment une Gaulliste ayant participé après Mai 68 à la fondation de l’UNI (Union nationale inter-universitaire), qui se présente aujourd’hui comme « la droite universitaire », en vient à participer au lancement du mouvement Tea Party à Houston après l’élection de Barack Obama, il faut reconstituer son parcours. Celui-ci commence en Hongrie. « J’y suis née le 6 juin 1944. Le médecin qui a accouché ma mère s’est écrié “Les Américains ont débarqué” au lieu de “C’est une fille” », s’exclame Suzanne Guggenheim.
Hongrie, Etats-Unis, Antilles
« Mon père a été tué avant ma naissance et ma mère engagée dans la Résistance a rejoint la Hongrie où il avait été porté disparu en se cachant de cave en cave pour fuir les totalitarismes nazi comme communiste. Nous n’avons pu rejoindre l’Hexagone qu’en 1947 », enchaîne la dynamique sexagénaire.
L’autre épisode violent dans la vie de Suzanne Guggenheim, c’est l’attentat perpétré contre son mari, alors dirigeant du patronat local en Guadeloupe, en 1980. « Nous avions rejoint les Antilles en 1977, quand Alain a obtenu son premier poste d’ingénieur des travaux publics à la Martinique et nous avons déménagé à la Guadeloupe en 1980, alors qu’une partie de la population réclamait le départ des métros et des békés [les personnes originaires de métropole et les descendants de colons] ainsi que l’indépendance. L’île avait subi une série d’attentats. Dirigeant de l’union patronale locale, mon mari avait convaincu ses membres d’entreprendre des réformes et les indépendantistes sentaient que les chefs d’entreprise reprenaient la main. Ils leur envoyaient des lettres de menace.
Et puis le jour où tous les gendarmes ont été réquisitionnés pour assurer la sécurité de Valéry Giscard d’Estaing à l’aéroport, notre voiture a été bloquée alors que nous nous rendions au travail. Je n’oublierai jamais le regard de haine du chauffeur conduisant le véhicule qui nous avait coupé le passage. Je me suis tournée vers Alain pour lui demander de repartir en arrière. Mais il était couvert de sang. Heureusement, la balle qu’il a reçue à la poitrine avait été ralentie par la vitre de la voiture puis par un bouton de chemise. Elle s’est arrêtée juste avant son cœur. Une enquête a été lancée. Mais la première mesure de Mitterrand quand il a été élu a été d’amnistier les indépendantistes guadeloupéens. Cela signifiait que si nous accusions les auteurs de l’attentat de tentative d’assassinat, nous pouvions être poursuivis pour diffamation ! Nous avons alors décidé de rejoindre le pays de la liberté : les Etats-Unis ».
Le choc Obama
Pour cela, ils ont du se réinventer. En l’occurrence, se lancer dans l’informatique. « C’était l’une des rares façons d’obtenir la carte verte à l’époque ». Après avoir vécu dans les régions de Sacramento, Los Angeles et San Francisco, en Californie, ainsi que dans le Colorado ; obtenu la nationalité américaine en 1990 et profité d’avoir la citoyenneté pour faire les campagnes du parti républicain, y compris comme candidat à une élection législative pour Alain Guggenheim, le couple et leur fille unique sont arrivés au Texas il y a quatre ans. « Nous avons choisi de venir à Houston pour son grand aéroport international ainsi que sa proximité avec la mer. Mais aussi pour l’immobilier dix fois moins cher qu’à San Francisco, le bas niveau des taxes et le fait que l’Etat est conservateur ».
Alors quand Obama a été élu en 2008 et a lancé un plan de relance de l’économie, Suzanne Guggenheim s’est tout de suite sentie solidaire du mouvement qui a émergé en réaction. « Le gouvernement a pris en main les entreprises, décidé lesquelles il voulait faire réussir et lesquelles devaient faire faillite », s’indigne encore la militante, fière que le groupe du Tea Party qu’elle a contribué à lancer dans la région de Houston « se réunisse encore toutes les semaines au bout de quatre ans. Les méthodes du mouvement ont changé, mais sa dynamique est toujours en place ». Le 6 novembre, elle votera Romney-Ryan.
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Quelle tristesse et perte de temps de faire le portrait de cette vieille dame aigrie. Cette facho relookée en cow-girl parle de liberté alors qu’elle ne cherche qu’a me priver des miennes. Qu’elle reste dans son Texas ! Pas besoin de ces pisse-vinaigre à New York, vraie terre de liberté.
Gavroche et Kwade9 vous n’etes que des K.onnards