En plein coeur du Golden Gate Park, précisément là où le mouvement hippie a démarré, l’exposition “The Summer of Love Experience: Art, Fashion and Rock & Roll” explore jusqu’au 20 août les multiples facettes de l’été 1967 à San Francisco, et leur impact sur la société et la culture de l’époque. “Le Summer of Love est un mouvement social et artistique qui a eu des répercussions mondiales“, rappelle Max Hollein, directeur des musées des Beaux-Arts de San Francisco. “Il suffit de penser aux événements qui se sont déroulés à Paris ou à Prague l’année suivante.”
L’exposition rassemble plus de 400 photos, vêtements, posters, et autres objets d’époque, dont 150 font partie de la collection permanente du De Young. Elle s’ouvre sur des photos et des vidéos du Trips Festival: précurseur du Summer of Love, il se déroule à San Francisco en janvier 1966; 10.000 personnes viennent applaudir le Grateful Dead et Big Brother Holding Company, tout en explorant les effets du LSD. Un an plus tard, un Human Be In, qui marque le début du Summer of Love, rassemble entre 20.000 et 30.000 hippies dans le Golden Gate Park, documenté ici avec de nombreuses photos.
Une attention toute particulière a été apportée aux posters de l’époque, aisément identifiables grâce à leurs couleurs vives et leur typographie tout en rondeur. “Le De Young en possède plus de 600, une collection commencée en 1968 par le conservateur de l’époque qui acheta deux posters de Wes Wilson“, explique Colleen Terry, conservatrice adjointe au département des arts graphiques.
Une des salles reproduit un magasin de posters de l’époque, tapissé du sol au plafond de ces affiches destinées à annoncer les concerts de rock psychédélique qui avaient lieu au Avalon Ballroom ou au Fillmore. Victor Moscoso, Stanley Mouse et Wes Wilson utilisaient la lithographie offset pour superposer différentes couleurs et donner l’impression que le poster “vibrait”.
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Les tenues vestimentaires et les textiles de l’époque ont une place prépondérante dans l’exposition: robes à fleurs, broderies en perles, jeans pattes d’eph’, jetée de lit au crochet, vestes à franges sont exposés dans plusieurs salles, et permettent de comprendre la fascination des hippies pour les Indiens d’Amérique et l’époque de la ruée vers l’or, les civilisations orientales, en particulier indienne, perse et afghane.
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San Francisco comptait douze tanneries en 1967, comme en témoignent les nombreux vêtements en cuir de l’exposition. Le chapeau “Captain Trips” inspiré du drapeau américain que Jerry Garcia porte sur l’album “Grateful Dead” est également exposé dans la salle consacrée au “San Francisco sound”: posters de concerts et photos de Jim Marshall et Herb Greene rappellent les grandes heures du Jefferson Airplane, Janis Joplin, Quicksilver Messenger Service, Joan Baez ou Carlos Santana.
Une salle est consacrée au quartier de Haight-Ashbury, en particulier certaines enseignes emblématiques de l’époque comme le Psychedelic Shop, dont subsiste un tableau d’affichage qu’utilisaient les hippies pour laisser des messages ou des poèmes à leurs amis. Les photos d’Elaine Mayes illustrent les débuts de la Free Medical Clinic, créée pour offrir des soins gratuits dans Haight Ashbury. Le journal underground de quartier The Oracle, tiré jusqu’à 75.000 exemplaires, abordait des thèmes chers aux hippies, comme l’ésotérisme, les effets du LSD et la révolution spirituelle.
Au-delà du message “Peace and Love” du mouvement hippie, le Summer of Love a profondément influencé la société américaine et sa politique étrangère.
La dernière salle parcourt rapidement cette influence, entre photos des rassemblement des Black Panthers, mouvement nationaliste de défense des Afro-Américains créé à Oakland en 1966, un poster contre la circonscription militaire représentant Joan Baez, une veste couverte de badges protestataires, un appel à envoyer de la nourriture à la population viêtnamienne ou l’organisation d’un concert pour récolter des fonds destinés à la veuve et aux enfants de Martin Luther King, assassiné en avril 1968.
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L’exposition est aussi dense que le Summer of Love fut bref et intense. On en ressort avec des couleurs plein la tête et un petit goût de rêve inachevé.