Audrey Decker et son époux Thibault ne sont pas du genre à faire les choses à moitié.
Après une inauguration réussie au siège des Nations Unies à New York, ils s’apprêtent à installer leur exposition Street Art for Mankind (SAM) à Miami, dans le quartier de Little River, du 10 au 20 février.
Leur ambition: réunir les meilleurs artistes de rue internationaux pour dénoncer l’esclavage des enfants dans le monde, quelle que soit sa forme. “Grâce notamment à l’action du Prix Nobel de la Paix Kailash Satyarthi, l’esclavage des enfants a diminué de 30%, soit 78 millions de personnes, depuis 2000. Il y a eu de grands progrès, mais c’est comme les épidémies: si vous ne mettez pas la pression, ça revient. Il faut continuer. Si on poursuit l’effort, on peut réussir à l’éradiquer“, affirme Audrey Decker.
Venu à Miami en 2009 dans le cadre de l’expatriation professionnelle de Thibault Decker, le couple a créé une agence de communication et d’événementiel Wasabiz, bien connue des Français de Miami. Une collaboration avec Kailash Satyarthi, Prix Nobel de la Paix 2014, connu pour son action contre le travail des enfants, va créer “un déclic“. “On voulait faire quelque chose avec plus de sens que ce qu’on voyait dans le monde corporate”, raconte Audrey Decker. Son mari avait organisé des expositions avec des artistes de rue, notamment en Pologne, et la paire savait qu’elle voulait renouveler l’expérience. “Ça avait du sens d’utiliser l’art de rue pour les enfants“.
Pour le couple Decker, SAM est désormais un projet à temps plein – “on ne peut pas le faire à moitié !“. “Nous avons le statut de non profit, poursuit Audrey Decker. C’est un mouvement grassroots. Chacun se dépasse pour lui“.
À Little River, ils prévoient une exposition géante en plein air qui redonne un souffle nouveau à la technique fétiche des Surréalistes dans les années 1930 : le cadavre exquis.
Une trentaine d’artistes évolueront chacun dans leur espace sans visibilité sur l’œuvre de leurs confrères et créeront 65 pièces murales, formant ainsi un labyrinthe dans lequel les visiteurs pourront déambuler.
Le but de cet évènement: de mettre aux enchères les œuvres pour récolter des fonds qui seront reversés à la fondation de Kailash Satyarthi. Ce dernier sera d’ailleurs présent lors de l’inauguration vendredi 10 février.
Organiser une telle exposition Miami a du sens: c’est un lieu emblématique dans le monde du street art, notamment grâce au quartier de Wynwood, véritable repaire pour l’art urbain. L’envers de la carte postale est moins glamour. En effet, le Sud de la Floride est également la troisième plateforme américaine en matière de trafic sexuel…
Plusieurs journées thématiques sont programmées. Le samedi 18 février sera dédié à la France avec « Joie de vivre, en référence à l’espoir que nous voulons redonner à tous ces enfants », explique Audrey Decker. Des ateliers interactifs et classes d’art, notamment animées par l’artiste français Lyes sont annoncées pour ce jour-là. « C’est bien plus qu’une exposition de street art. Notre évènement est une grande célébration de l’enfance et de l’espoir qui l’accompagne. SAM s’adresse aussi bien aux passionnés d’art qu’aux familles. »
Les prochaines expositions auront lieu à Paris, Sao Paulo, Dubai et Seoul jusqu’en 2021.