En 2009, Uber a transformé l’économie mondiale en posant cette question : et si vous deveniez chauffeur ? Aujourd’hui, Stork pose la suivante : et si vous deveniez livreur ? La start-up fondée en 2017 par les Français Julien Lenne et Alexis de Vries vient de lancer une plateforme permettant la livraison entre particuliers et professionnels.
« Vous voulez envoyer un pull “I love New York” à quelqu’un de votre famille à Paris. Ça aurait coûté entre 100 et 150 dollars avec une société de livraison express classique. Avec Stork, vous devriez en avoir pour 30 à 60 dollars », estime Julien Lenne, qui vit entre Paris et New York depuis près d’un an pour accompagner le lancement de l’application.
Les livreurs potentiels, « ça peut être des sociétés qui font des Paris-New York ou des particuliers comme vous et moi qui ont prévu de faire le voyage et qui ont un peu de place dans leurs valises », reçoivent la demande sur l’application et sont invités à proposer un tarif de livraison à l’intérieur de la gamme de prix suggérée (ici, 30 à 60 dollars par exemple).
L’expéditeur sélectionne l’une des offres, en fonction des critères de son choix, comme le prix, la rapidité de livraison, la note du livreur ou encore le type de véhicule utilisé. Le livreur, de son coté, percevra 80% du prix une fois sa mission accomplie.
L’idée de créer Stork est née à Shanghai, raconte Julien Lenne qui y a vécu huit ans. L’entrepreneur avait fondé en 2009 une première société de création de produits. « Ça demandait énormément d’envoi d’échantillons et donc, beaucoup d’interactions avec des logisticiens comme DHL, UPS ou Fedex », raconte le co-fondateur de Stork.
« Les retards, l’opacité du marché, les colis cassés, l’absence de service après-vente digne de ce nom, les livraisons entre 8h et minuit, le “jemenfoutisme” en fait, qui est dû à un oligopole mondial d’entreprises un peu assises sur leurs acquis, ça commençait à me chauffer », s’agace Julien Lenne.
En 2016, il rentre donc en France pour fonder Stork avec Alexis de Vries, directeur financier de la start-up basé à New York à temps plein, qu’il connaissait de l’EM Lyon. Quelques mois plus tard, Julien Lenne contacte Roger Crook, l’ancien Pdg de DHL, qui rejoint l’aventure en moins de quinze jours, en tant que conseiller stratégique de la jeune pousse.
Stork emploie aujourd’hui une vingtaine de personnes entre Paris, Sofia en Bulgarie et New York. La start-up, qui s’attaque à « un marché de 225 milliards de dollars », selon Julien Lenne, mise sur les Etats-Unis où la culture de la livraison est plus développée qu’en France, constate le jeune patron.
« Ici, chacun connaît sa petite entreprise de coursiers. C’est un marché extrêmement fragmenté et qui n’est pas très bien régulé. On va apporter une vraie solution », assure Julien Lenne, qui cite, par exemple, les villes universitaires isolées aux Etats-Unis. « Le marché américain pour nous, c’est l’un des axes majeurs, si ce n’est l’axe majeur », conclut-il.