Pour trouver ses petits monstres en mosaïques, il faut d’habitude se lancer dans une chasse aux trésors urbaine. Mais pas cette fois. Plus de 150 oeuvres de l’artiste de rue français Space Invader sont exposées dans la galerie Over the Influence à Arts District (Los Angeles), ce qui en fait sa plus grande exposition depuis vingt ans sur le sol américain.
Jusqu’au 23 décembre, l’exposition “Into the White Cube” met en perspective l’évolution du travail du street-artist -dont l’identité reste secrète- depuis ses débuts en 1998 sur les murs du passage de la Main d’Or dans le XIe arrondissement de Paris. “Pour lui, qui aime aussi travailler en studio, la rue reste la plus grande des galeries”, résume Lauren Every-Wortman, la commissaire de l’exposition.
Après avoir reproduit des milliers de silhouettes pixelisées d’aliens du célèbre jeu d’arcade Space Invader à travers le monde, l’artiste a décidé de rentrer sur le marché de l’art. “Une majorité des oeuvres de l’exposition sont déjà vendues (trois jours après le vernissage)”, assure Lauren Every-Wortman, étonnée de la longueur de la file d’attente lors de l’ouverture.
Partagée entre différentes pièces, “Into The White Cube” met en relief les différentes pratiques artistiques d’Invader. On y retrouve ainsi ses fameuses mosaïques avec son monstre habituel, une pizza géante (qui se trouve à New York) ou the Big Lebowski. “Ce sont quelques reproductions sur plexiglas de ce qu’il a fait dans les rues de Paris, Londres, Los Angeles….”, détaille Lauren Every-Wortman, qui est fière d’avoir une réplique de la première oeuvre produite à Los Angeles, en 1999.
Pour immortaliser ses oeuvres, avant qu’elles ne risquent d’être dérobées et vendues au marché noir, l’artiste prend des photographies de chaque création le lendemain au matin. Une série de clichés est exposée dans la galerie, permettant de jouer à “où est Charlie” avec les oeuvres de l’artiste. “Certains fans font de la réactivation de ses oeuvres et recréent celles qui sont volées”, raconte la commissaire.
Mais son travail ne s’arrête pas aux monstres pixélisés: “l’exposition présente des pièces en avant-première comme des badges géants ou des pièces sur canevas.” Sur ces toiles, normalement réalisées sur ordinateur, l’artiste a décidé de revenir à son amour pour la peinture, en peignant des émojis pixelisés.
Dans la dernière salle, on retrouve une série plus ancienne de pages de catalogues de maisons d’enchères, sur lesquelles Space Invader a tagué son blase à la bombe. Enfin, le public peut découvrir une partie du travail de Space Invader via une vidéo portant sur son travail de street-artiste la nuit.
A l’occasion de cette exposition, un second guide (qui donne les pistes pour trouver ses oeuvres à Los Angeles, troisième ville qu’il a le plus “envahie”) a été produit. “Il a notamment envahi le Hollywood Sign, rappelle Lauren Every-Wortman. C’est un jeu de les trouver, même si certaines ont été volées depuis.”