Quinze mille professionnels de la musique et 300.000 festivaliers. South South by Southwest (SXSW), qui s’est achevé dimanche, a encore une fois été «the place to be» pour les musiciens avides de reconnaissance américaine. Alors comment faire pour se faire remarquer quand on est un “petit français”? Cette année, ils étaient une vingtaine, pour beaucoup venus dans les valises du “Bureau Export de la musique française”. Et tous repartent avec une conviction: il n’y a guère de règle, hormis celle de plaire aux oreilles des organisateurs.
Tout le monde a sa chance: entre les célèbres Yelle DJs, dont la tournée est organisée par la principale agence nord-américaine (The Agency Group), et College, qui revient, à la suite d’une tournée avec Anoraak en 2009 (car le titre A real hero figure sur la bande originale du film Drive sorti l’an dernier), il y a un monde.
Ce n’est pas uniquement la programmation du festival qui explique son succès, mais aussi les opportunités de rencontres qu’il offre. Ainsi, dans les coulisses de la soirée France Rocks co-présentée par le Burex et The Agency Group mercredi 14 mars dans l’une des principales salles de concert d’Austin, a-t-on vu Yelle et l’unique membre de College, David Grellier, en grande discussion. Tout ce petit monde se connaît à force de se croiser. Des tournées américaines peuvent ainsi prendre forme et « on peut aussi débloquer des choses pour la France », témoigne Caroline Voisin, gérante de l’agence Voyez mon producteur, ravie d’avoir pu parler, à un confrère français, de la bande originale du Voyage dans la Lune en couleurs de Méliès, composée par Air.
« En temps normal on croise les DJ électro que l’on connaît par internet de temps à autre, un par-ci, un par-là. En trois jours à Austin, nous en avons vu plus d’une dizaine », raconte ainsi Alexis Bruaert, du duo BeatauCue.
Actuellement en tournée mondiale, ce dernier figurait parmi les premiers groupes annoncés par les organisateurs de l’évènement, sans même être à l’affiche de la soirée France Rocks. Quant au groupe folk rock Toguna, de la Réunion, il a rejoint la programmation du festival il y a seulement un mois et demi, après qu’un des membres de l’équipe SXSW l’a entendu au festival sud-africain Moshito. « Nous sommes allés à Johannesburg et cela nous a amené ici. Nous n’avons pas eu le temps de caler d’autres dates américaines et nous ne savons pas encore où SXSW va nous emmener, mais nous sommes déjà en discussion avec un tourneur états-unien », commente Sîla, le leader de Toguna.
Pour des groupes moins installés que Toguna sur la scène internationale, tels que Gush, qui sera en tournée en Amérique latine dans les prochaines semaines, ou bien les métalleux de Mars Red Sky et Zenzile, co-présentés à SXSW par le Bureau export et Angers Loire Valley dans le cadre du jumelage entre Austin et Angers, SXSW revêt une importance d’autant plus stratégique. « Le festival ne leur ouvre pas la porte du marché américain, mais il constitue une fenêtre d’exposition, explique Michèle Amar, la directrice du Burex de New York, qui sélectionne les artistes en fonction de leur potentiel aux Etats-Unis. Ensuite, c’est la musique qui parle ».
En emmenant des groupes à Austin, « nous faisons toujours des paris, témoigne Matthieu Pinsard, d’Alias Production (Gush, Anoraak, mais aussi The Two). Mais si l’on vise le marché américain, il est impossible de faire l’impasse sur SXSW ». Des dizaines de groupes devraient encore taper à la porte du Bureau export l’année prochaine.