Dès les premières secondes du long-métrage, le générique donne le ton. Deux Catherine, légendes du cinéma français, s’affronteront pendant deux heures sous l’œil bienveillant de Martin. Lui c’est Martin Provost, elles, ce sont Catherine Deneuve et Catherine Frot, à l’affiche de “Sage Femme” (“The Midwife”) en salles à New York à partir du 21 juillet.
A Mantes-la-Jolie, Claire (Catherine Frot) mène une vie plutôt tranquille et morne. Entourée par la vie, la sage-femme vit entre les naissances, son potager, et son fils, lui-même futur papa. Pleine de vie, mais entourée par la mort, Béatrice (Catherine Deneuve), atteinte d’une tumeur au cerveau, ressurgit dans la vie de Claire pour tout y bouleverser. Trente ans plus tôt, Béatrice avait déjà semé la tempête en abandonnant le père de Claire, qui se donna la mort ne supportant pas la rupture.
Tout les sépare donc. Plus que ça, Béatrice révulse Claire. Mais ici, quand la Cigale flambeuse appelle la Fourmi raisonnable à l’aide, cette dernière, se résigne petit à petit, se laisse amadouer par celle qui fut, pendant un temps, une mère de substitution fantasque et drôle. Grâce à Béatrice, Claire se laisse même aller à plus de frivolité, à plus de bonheur, notamment avec Paul (Olivier Gourmet). Grâce à Claire, Béatrice affronte la maladie.
Reconnu grâce à des longs-métrages comme “Séraphine” ou “Violette”, Martin Provost a eu l’idée de ce scénario après avoir appris qu’il fut sauvé à la naissance par la sage-femme qui accoucha sa mère, et qui donna son sang au nourrisson pour qu’il survive. Un passage autobiographique que l’on retrouve dans le film. “Sage Femme”, plus qu’une fable sur le pardon, est une véritable leçon de vie. Du nouveau-né à la vieille dame malade, en passant par la quinqua un peu morne, tous doivent vivre et transmettre la vie, d’une manière ou d’une autre.
Présenté à la dernière Berlinale, le film est emmené par le jeu des deux actrices, qui forme un duo improbable. Entre une Catherine Frot toujours aussi émouvante et attachante et une Deneuve hilarante et loufoque, le pari est gagné.