“Le transport, c’est le nerf de la guerre. Enfant, j’étais persuadée que la téléportation existait et qu’on nous le cachait.” Dépliant son vélo qu’elle enfourche pour parcourir Los Angeles, Sophie Nenner est une irréductible amoureuse des transports alternatifs. Et cette Française n’est pas une cycliste anodine: elle est directrice générale chez Metro Bike Share, le système de location de vélos de la ville.
Depuis les débuts de ce service en juillet 2016, elle gère la maintenance, la distribution des vélos, le service client ainsi que le développement de ce programme réalisé en partenariat avec le métro dans la région de Los Angeles. Implantées à Venice, Port of Los Angeles et Downtown, les stations vont bientôt s’étendre à Culver City, Palms, Marina del Rey et Mar Visa, avant de s’installer à Koreatown, Echo Park et Silver Lake après 2019. “Afin d’avoir du poids sur la ville pour développer les pistes cyclables, il faut trouver de nouveaux utilisateurs. Pour cela, le bureau a notamment diminué les prix pour s’aligner sur ceux du métro”, appuie-t-elle, se targuant des 18.377 pass vendus depuis les débuts du programme.
Plus que propager un système de location, elle veut éduquer les consciences. Sophie Nenner participe à un programme de “pedibus scolaire” dans son quartier, où elle assure la sécurité des enfants à vélo ; fait partie de l’association Los Angeles County Bicycle Coalition et tente de convertir ses amis au “car free”. “Il y a sept ans, il n’y avait pas grand monde en vélo à Los Angeles. Aujourd’hui, ça devient de plus en plus populaire.”
Un retour à son premier amour, le vélo
Sophie Nenner n’a pas toujours pédalé dans cette direction. Après avoir fait carrière dans le textile en Argentine, puis fait ses armes dans une compagnie financière parisienne, elle a “une révélation” lorsqu’elle découvre l’existence des vélos à assistance électrique en 2004. Celle que l’on surnommait “Miss vélo” se décide alors à lâcher son travail pour ouvrir le magasin Velo Electro à Paris, dédié aux bicyclettes électriques haut-de-gamme. Connaissant un succès rapide, elle en ouvre un second, deux ans plus tard. Une activité (à l’époque) “peu concurrentielle” dans laquelle la Française s’épanouit jusqu’en 2010, où elle aspire à plus de responsabilités et de nouveaux défis.
Elle se laisse alors convaincre par son mari, musicien, de déménager à Los Angeles “sans rien”. Née sur le territoire américain de parents français, et donc disposant de la double-nationalité, elle tente l’aventure et vend alors ses boutiques. “Mes amis me disaient, “mais que vas-tu faire à Los Angeles la ville de la voiture?”. J’avais envie de changer cette image”, plaide cette militante écologiste. Avec l’idée à long terme de lancer une boutique de vélos électriques ou pliants en tête, elle se dégote des boulots alimentaires à son arrivée, passant du secteur de la voiture électrique à la distribution d’équipements de cuisine.
Au bout de quelques années, son idée initiale la “titille” à nouveau. “Los Angeles est la meilleure ville au monde pour faire du vélo, avec sa météo, ses palmiers, ses rues désertes et le respect des automobilistes pour la signalisation”, égrène-t-elle. Sophie Nenner passe alors de longs entretiens quand elle découvre l’ouverture de Metro Bike Share. Aujourd’hui directrice générale, elle occupe “le boulot de ses rêves”. “A Los Angeles, il y a du potentiel, il faut connecter les zones.”