Avant la crise, elle passait son temps dans son restaurant. Depuis, elle passe ses journées derrière sa machine à coudre, fabriquant des masques qu’elle distribue notamment aux hôpitaux, dont le Brooklyn Methodist Hospital – NewYork-Presbyterian récemment.
Sandrine Dos Santos, propriétaire du restaurant Ratatouille, situé Midtown à Manhattan, expatriée à New York depuis plus de 20 ans, n’en est pas à son premier patron : quinze années passées dans la mode en tant que designer puis directrice de création lui ont laissé quelques réflexes. « J’ai toujours été passionnée par la mode. Quand je ne suis pas au resto, je fais des robes. Quand j’ai fermé le restaurant, je voyais qu’il manquait des masques partout et j’avais beaucoup de chutes de tissus et toujours ma machine à coudre sous la main » raconte la restauratrice.
Après avoir posté ses dernières réalisations sur Facebook fin mars, elle est contactée par une Européenne de New Rochelle, un des centres de l’épidémie de COVID-19 aux Etats-Unis. « Ils m’ont commandé 150 masques pour un hôpital. C’était parti ! ».
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La voilà de retour pour de bon derrière sa machine à coudre, « entre 6 à 8h par jour, c’est un rythme à tenir ». Elle fabrique les masques à la chaîne, « dans un style usine, simple mais efficace pour en faire en grand nombre rapidement, avec deux couches de tissu et une poche pour glisser un filtre, une lingette sèche Swiffer qui a une bonne absorption ».
Les masques sont distribués gratuitement et en priorité au personnel hospitalier, notamment grâce à l’association LIC MASKS, basée à Long Island City, qui compte désormais plus d’une centaine de couturières dans ses rangs. « On a des gens qui viennent directement sur notre mur facebook ; ils réclament des blouses, des chapeaux pour les docteurs, c’est inimaginable, ils sont désespérés. On reçoit des messages du genre : mon mari est docteur et il porte le même masque depuis une semaine ».
L’association fonctionne comme une petite entreprise, où chacun aide à sa façon. « On s’échange du matériel, des patrons, des astuces, mais aussi des commandes : il y en avait une pour le NYPD (New York Police Department), je l’ai prise car j’avais le tissu adéquate, masculin, un peu sombre. On a des coursiers bénévoles qui viennent chercher les masques et qui les dispatchent ».
La petite entreprise travaille en collaboration étroite avec la ville de New York pour venir en aide au personnel hospitalier. « On récupère leurs masques N95 ou FFP2 et on leur donne des masques en tissus à la place. Ensuite on renvoie les masques chirurgicaux aux hôpitaux, beaucoup dans le Queen ».
De l’autre côté, elle continue à ravitailler les particuliers, qui l’aident à financer sa démarche. “J’ai reçu beaucoup de soutiens dès le départ. Les gens font des dons, 5, 10, 50 et même 200 dollars, pour quelques masques, ou pas de masque du tout. Sophie Demenge, co-fondatrice française de la marque de mobilier et de vêtements pour enfants OEUF m’a aussi envoyé du tissu ».
Si la charge de travail est conséquente, la restauratrice est fière de donner un coup de main. « Je me suis un peu retrouvée à fond là-dedans comme ça, mais je suis contente d’aider. Je gardais tous mes bouts de tissus comme une grand-mère, et voilà ! J’ai entendu une fois un prêtre à Harlem qui disait : si on a un talent, un don, il faut le partager. Je veux partager mon don aujourd’hui, le mettre à profit ».