« Rien derrière moi, tout devant moi, comme toujours sur la route ». Cette célèbre citation tirée de Sur la Route, le chef-d’oeuvre de Jack Kerouac, est arrivée sous l’oeil du grand public en 1957, voilà soixante ans. C’est la date à laquelle la Beat Generation s’impose ostensiblement comme un mode de vie alternatif à la société américaine. Mais avant de vous faire découvrir quatre lieux mythiques de la Beat Generation à San Francisco, voici quelques éléments de contexte.
C’est l’écrivain Jack Kerouac, originaire du Massachusetts, qui prononce pour la première fois, en 1948, le terme de “Beat Generation” pour désigner ses amis anticonformistes, dont le poète Allen Ginsberg et le romancier William S. Burroughs. En argot américain, « beat » signifie « vanné » mais pour Kerouac « beat » fait écho au rythme de jazz et à la « béatitude ».
Plus qu’un simple mot, la Beat Generation est un mouvement littéraire et artistique qui a alimenté, dans les années 50, une forme de rébellion sociale et revendiqué une ère nouvelle aux États-Unis. Dans les textes, ce mouvement est également une ode aux grands espaces et aux voyages, comme l’illustre si bien le roman Sur la Route.
4. Six Gallery, 3119 Fillmore Street
Octobre 1955. Devant une centaine de personnes rassemblées dans la librairie Six Gallery sur Fillmore Street, Allen Ginsberg déclame son poème intitulé Howl, l’une des oeuvres majeures de la Beat Generation : « J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues négresses, à la recherche d’une furieuse piqûre…» Jack Kerouac est présent lors de cet épisode fondateur du mouvement.
Aujourd’hui, l’ancienne librairie est une adresse qui change d’enseigne de restaurants tous les quatre matins.
3. City Lights Booksellers & Publishers, 261 Colombus Avenue
La suite de la balade se déroule du côté de North Beach, le quartier italien de San Francisco situé au nord de Chinatown. Surplombé par la Coit Tower, les rues de North Beach abritent des lieux mythiques de la Beat Generation.
À l’automne 1956, suite à la lecture publique de la Six Gallery, l’éditeur Lawrence Ferlinghetti propose à Allen Ginsberg de publier le poème Howl, dans sa maison d’édition, la City Lights Books, sur Colombus Ave. En mars 1957, plus de 500 exemplaires du poème en provenance d’un imprimeur londonien sont saisis par la douane américaine. L’été suivant, Lawrence Ferlinghetti est inculpé pour avoir publié ce poème jugé « obscène ». Howl est finalement diffusé librement en octobre 1957, suite à l’autorisation du juge californien Clayton Horn.
Soixante ans après, la librairie n’a pas bougé et la maison d’édition diffuse toujours des oeuvres de la littérature internationale et des ouvrages politiques.
2. Vesuvio Cafe, 255 Columbus Ave
En sortant de cette institution de la Beat Generation, il faut traverser la très colorée Jack Kerouac Alley pour rejoindre le Vesuvio Cafe. À l’intérieur du bar, des fauteuils Emmanuelle cohabitent avec des lampes Tiffany (du nom de son designer Louis Comfort Tiffany) et de vieilles photos doublées de citations d’époque. C’est là que Jack Kerouac et son cercle de poètes indignés venaient trinquer à l’anticonformisme.
Des décennies ont passé mais l’âme de Jack Kerouac plane toujours au Vesuvio. Un pan de mur extérieur est recouvert d’une longue citation de l’écrivain, une magnifique toile de fond pour une photo souvenir…
1. The Beat Museum, 540 Broadway
Sur l’artère de Broadway, les vestiges de cette époque révoltée sont visibles au Beat Museum de « Frisco », comme disait Kerouac : séquences de film sur les artistes de l’époque, exemplaires inédits de publications de la « Beat littérature », vinyles… Tout y est !
Mais la meilleure façon de se plonger dans ce mouvement d’avant-garde américain reste encore de lire Sur la Route de Kerouac, Howl de Ginsberg ou encore Le Festin nu de Burroughs.