Ne vous fiez pas aux apparences. Malgré le côté loufoque de son logo (emoji cochon), un site d’e-commerce français entend bien se faire une place au soleil de l’e-commerce, au côté des géants Ebay et Amazon. Sur la rampe de lancement cette semaine, SneefR a déjà été sélectionné par le label French Tech Los Angeles, en avril 2016.
Avec sa truffe aiguisée pour “dénicher les bonnes affaires“, le site veut révolutionner ce secteur. “Nous proposons une nouvelle approche du e-commerce, en ne mettant plus uniquement l’objet au coeur de la vente, mais aussi l’humain“, définit Arthur Abergel, 27 ans.
Cet ancien étudiant en cinéma a débarqué à Los Angeles, début juillet. Non pas pour lancer sa carrière d’acteur, mais pour exporter le site qu’il a co-fondé avec deux camarades de la Sorbonne, Selma Andersen et Jeremy Dubreuil. Forts par leurs expériences diverses, ces trois jeunes Français ont créé “une marketplace qui met en relation ses utilisateurs dans un environnement de confiance pour acheter et vendre”.“En deux mots, le Facebook de la vente“, résume Arthur Abergel.
SneefR est né d’un constat des trois associés, grands utilisateurs de sites de commerce en ligne. “Nous avions tous déjà été confrontés à des arnaques. Les utilisateurs ont besoin d’être en confiance.” Convaincus par leur concept, Arthur et Jeremy quittent leur CDI en octobre 2014, alors que Selma termine ses études dans la finance.
Les trois associés s’entourent et développent leur site, dont la version bêta est lancée en juillet 2015, en France. “En moins de trois semaines, nous avons eu plus de 130.000 utilisateurs uniques. Ca a cartonné“, raconte Arthur. Ils séduisent même Facebook, qui les invite à présenter leur start-up comme un modèle, lors d’une conférence à Dublin. Une publicité bienvenue, qui leur a permis de lever 500.000 euros de fonds. Tel un parrain bienveillant, le roi des réseaux sociaux continue de couver la start-up française, en lui prodiguant des conseils.
Un modèle unique et hybride de marketplace
Il ne leur restait plus qu’une étape: s’implanter outre-Atlantique. “Le site a été pensé pour les Etats-Unis. Notre objectif est de concurrencer les plus grands.” Los Angeles a alors été choisie par affinité, mais aussi car elle représente l’un des plus importants marchés pour la vente entre particuliers.”Or, il y a 30 % de manque à gagner en termes de clientèle, car les utilisateurs sont refroidis par le manque de confiance”, poursuit Arthur. “Même si le marché de la vente en ligne est saturé, il est tellement hétérogène qu’il y a de la place pour un modèle hybride comme SneefR.”
Car le site répond à des attentes, et notamment de la part des professionnels. “Les commerçants ont deux alternatives sur Internet: créer un site personnel qui coûte cher ou vendre sur des marketplaces qui prennent 20% de commission sur la vente (SneefR n’en prend pas) et où ils sont noyés dans la masse. Quant aux réseaux sociaux, ils ne sont pas dédiés à la vente.” C’est cette faille qu’exploite SneefR.
Professionnels et particuliers peuvent y mettre en vente des objets en 2 minutes. Pour cela, il leur suffit de créer un profil, qui sera enrichi d’avis laissés par les clients. Fonctionnant comme un réseau social, SneefR permet de transformer les “followers” en potentiels clients. “On vise entre 7 et 10.000 commerçants d’ici un an.“A la différence de Craigslist, SneefR veut rendre la vente entre particuliers aussi simple et sécurisée qu’une location Airbnb.
Neufs ou d’occasion, allant de l’ordinateur au cours de yoga, les produits sont vendus par des personnes dont le profil est, au préalable, vérifié et identifié. Tout a été réfléchi. “Outre la livraison, nous proposons le retrait en magasin. Cela permet aux commerçants locaux de vendre global et aux consommateurs d’acheter local“, vend Arthur, qui a plus d’un argument dans sa poche.
Et la révolution SneefR commence sur les bancs de la faculté. La start-up propose de créer des réseaux uniques en fonction des lieux d’intérêt. Ainsi, les étudiants de UCLA auront un groupe dédié à la vente, permettant de faciliter les transactions entre élèves (vente d’anciens livres, de meubles…). Une stratégie qui n’est pas sans rappeler les débuts de Facebook à Harvard.
Et les associés ne comptent pas s’arrêter après le décollage. La start-up a des ambitions internationales. “Après LA cette semaine, on prévoit de le lancer sur le reste de la Californie d’ici 3 mois, et sur les Etats-Unis à la mi-2017.” Et si le jeune site français détrônait les multinationales américaines ? Affaire à suivre.