Avec près de 12 millions de visiteurs chaque année, le Great Smoky Mountains National Park est le parc le plus visité des États-Unis. À cheval entre la Caroline du Nord et le Tennessee, il se faufile à travers cette chaîne de montagnes appartenant à la partie méridionale des Appalaches. C’est d’ailleurs l’une des raisons de sa haute fréquentation : d’un point de vue pratique, il offre la seule route pour relier directement Cherokee en Caroline du Nord à Gatlinburg dans le Tennessee.
Mais n’enlevons rien à sa singularité, c’est aussi pour ses paysages fumants, sa forêt à perte de vue et ses expériences nature qu’il est aussi populaire. Seul parc national à des centaines de kilomètres à la ronde, gratuit qui plus est, et au confluent de plusieurs États, sa liste d’atouts est bien fournie. Nombreux sont donc les Américains à venir y passer leurs vacances ou de longs week-ends, que ce soit pour camper, pêcher ou randonner.
Le parc est d’ailleurs traversé par le célèbre sentier de randonnée de l’Appalachian Trail (AT) qui draine de nombreux randonneurs tout au long de la saison de marche (du printemps à l’automne). Mais si vous ne vous sentez pas l’âme d’un thru-hiker, il reste des dizaines de façons de profiter de cette nature fascinante autrement.
➤ Parc accessible toute l’année.
➤Entrée gratuite mais achat d’un pass de stationnement obligatoire (5$/jour, 15$/semaine ou 40$/an).
➤Toutes les informations sur le site du parc national.
À l’Est, on est obligé de constater que les paysages sont moins démesurés, changent moins vite et sont moins spectaculaires. Cette région accueille bien sûr une très belle nature et des panoramas qui méritent vraiment le coup d’œil mais, ici, on apprend à se familiariser avec une beauté plus singulière et moins tape à l’œil. Il faut avoir cela en tête pour apprécier le parc national des Smoky Mountains. Je me rappelle encore ma première visite, je venais y passer le week-end. Je roulais presque 5h depuis chez moi (Durham, en Caroline du Nord) où je venais tout fraîchement de m’installer juste après un road trip parmi les parcs nationaux les plus impressionnants du pays. Les Smokies, surnom populaire local donné à ce bout d’Appalaches, m’ont apparu assez fades. On me parlait de montagnes, je cherchais les hauts sommets des Alpes ou de la Sierra Nevada. J’allais sur le territoire d’un parc national, je pensais forcément trouver de la démesure comme dans les parcs de l’Utah ou de l’Arizona. J’en suis revenue un peu déçue, je dois bien l’avouer. Il m’aura fallu des années, un retour en Europe et une nouvelle installation aux États-Unis pour comprendre à quel point ce parc est unique.
Le parc national des Smoky Mountains ne s’apprécie pas en quelques clics d’appareil photo depuis un point de vue où l’on s’arrête à la va-vite au milieu d’un programme ultra chargé. Le parc se découvre grâce à la vie qu’il héberge. C’est le refuge de la plus grande concentration d’ours noirs à l’est du Mississippi et de la population de salamandres la plus diversifiée en dehors des tropiques. C’est aussi là où vivent des wapitis (jadis natifs de cette région puis disséminés avant d’être réintroduits dans le parc en 2001) ou encore des dindes sauvages.
Cette faune unique, le parc national des Great Smoky Mountains la doit à sa biodiversité, à la densité de sa végétation (forêts de sapins Fraser, de rhododendrons, fougères entre autres espèces) et à l’eau qui l’alimente de part en part sous forme de cascades ou de cours d’eau sauvages. Ces écosystèmes uniques sont justement reconnus au patrimoine mondial de l’Unesco. Il est important, ici plus que jamais, de ne pas laisser de traces et de faire attention à cette biodiversité fragile. L’autre particularité du parc c’est l’activité de sa végétation qui largue des composés organiques volatiles formant ainsi une espèce de brouillard, d’où cette impression parfois que les montagnes fument et qui a donné son nom au parc national.
Malgré cette richesse, ce n’est pas qu’une expérience naturaliste qui attend les visiteurs des Smokies. Les reliefs de forêts intactes qui se déroulent à perte de vue et dont on profite depuis l’un des points de vue du parc sont largement photographiés, particulièrement à cette saison de l’année où le parc national est l’une des meilleures destinations pour observer le foliage peak des couleurs de l’automne. Mais c’est surtout de l’intérieur que le parc national des Great Smoky Mountains révèle ses vraies couleurs, du bleu limpide de ses eaux à ses nuances infinies de vert. Puissantes cascades, ruisseaux timides, larges rivières, forêts d’épineux, labyrinthes de rhododendrons…. Une balade dans le parc, c’est l’occasion de pénétrer un mode enchanté où la nature prend vie sous toutes ses formes. Et quand la lumière perce et inonde tout ce petit monde de sa chaude lumière dorée, le tableau est parfait, à moins qu’un ours noir ne passe par là et rende la scène encore plus spéciale !
Il est fortement conseillé de venir dans le parc des Smoky Mountains avec une voiture.
En avion :
Si vous arrivez d’un autre État ou de l’étranger en avion, vous pourrez louer une voiture pour rejoindre le parc. Les aéroports les plus proches étant :
En navette :
Des navettes sont disponibles via plusieurs compagnies privées, elles permettent de rayonner dans le parc national des Great Smoky Mountains depuis différents points de départ. Pratique si on ne veut pas s’embêter à se garer dans le parc mais on reste très dépendant des lieux desservis et il faut quand même prévoir une voiture pour arriver jusqu’au parc. Plus d’informations sur le site du parc national.
En voiture :
Les deux entrées principales sont :
La plupart des attractions naturelles sont concentrées entre ces deux entrées sur la route de Newfound Gap qui traverse le parc sur une trentaine de miles. De cette route, il est possible de rejoindre le Clingman’s Dome, le plus haut point du parc, accessible via une petite route qui s’enfonce dans les hauteurs du parc sur plusieurs miles. Un visitor center marque le départ de la balade vers le super point de vue de Clingman’s Dome. Une fois du côté Tennessee, presque à la sortie du parc, il est aussi possible de bifurquer à l’ouest pour faire un crochet par Elkmonk, une partie connectée à l’entrée de Galtinburg et celle de Townsend.
D’autres parties plus isolées sont accessibles via des routes qui s’enfoncent sans issue dans le parc. C’est le cas de Cades Coves (qui possède un visitor center du même nom) tout à l’ouest du parc national, côté Tennessee, et de plusieurs autres parties distinctes : Abrams Creek, Roaring Fork, Greenbrier ou encore Cosby, côté Tennessee ; Big Creek, Balsam Mountain, Dee Creek ou Fontana Dam… côté Caroline du Nord.
Le parc national des Smoky Mountains se visite en toute saison. L’hiver est, toutefois, une saison un peu plus triste. Le parc est particulièrement populaire à l’automne lorsque ses reliefs s’embrasent de nuances flamboyantes de rouge et d’orange en faisant du parc un lieu idéal pour observer le peak foliage des couleurs de l’automne.
Attention à la fermeture de certaines routes secondaires en hiver, plus d’informations sur le site officiel du parc.
Un seul « hôtel » est disponible dans le parc, le Leconte Lodge. Il s’agit en réalité plutôt d’un refuge, accessible uniquement par la marche avec des disponibilités très convoitées. Pour avoir une place, il faut s’inscrire à l’ouverture de la saison ou se tenir au courant régulièrement en cas de désistement.
Pour se loger à l’extérieur du parc, il y a deux camps de base principaux où se trouvent hôtels, campings et autres infrastructures touristiques :
Le parc national accueille 10 campings, les principaux étant :
Ces campings ne possèdent ni douche ni électricité. Il est conseillé de réserver en amont même si les campings du parc sont moins prisés que ceux des parcs nationaux de l’ouest.
Aucune option de restauration n’est disponible dans le parc, pensez donc à partir avec un pique-nique que vous pourrez déguster dans l’une des zones de pique-niques ou au bord d’un cours d’eau.
Il faut une bonne journée pour explorer la partie principale du parc entre Cherokee et Gatlinburg autour de la Newfound Gap Road.
À cela, on peut ajouter indépendamment des demi-journées supplémentaires pour profiter des autres parties du parc comme Cades Coves ou Roaring Fork. Voici quelques exemples de balades à prévoir dans chaque secteur. Il est important de prendre son pass de stationnement en amont, soit en ligne (qu’il faudra imprimer) soit à l’un des visitor centers à condition d’entrer par l’un des accès principaux du parc.
Si vous arrivez côté Caroline du Nord, avant de débuter la Newfound Gap Road, vous pourrez rejoindre la belle cascade de Mingo Fall (accessible facilement via un court sentier et pas mal d’escaliers). La cascade se trouve juste après le Mingo Falls Campground.
Arrivé dans le parc, arrêtez-vous au visitor center d’Oconoluftee, idéalement en fin de journée où les wapitis se rassemblent souvent dans la clairière et provoquent des bouchons lorsqu’ils traversent la route. Outre l’exposition sur l’histoire du parc, vous y trouverez le Mountain Farm Museum, un village historique adjacent (en libre accès) avec un petit côté Outlander, les montagnes en fond et la rivière sauvage jute à côté. De là, vous pourrez rejoindre le joli moulin historique de Mingus Mall à moins d’1km de là.
Une fois sur la Newfound Gap, voilà quelques attractions à ne pas manquer :
Le premier point de vue à ne pas manquer est celui de Cligman’s Dome (que l’on rejoint via une petite route de quelques miles), une immense passerelle qui enjambe la canopée et offre une vue plongeante sur les Smokies à perte de vue. Depuis le Visitor Center, une petite grimpette vous conduira au point de vue qui est parfois totalement absorbé par la brume.
Peu après, vous trouverez le Newfound Gap Overlook et sa vue dégagée sur les deux côtés de la vallée de sommets, parfois fumants, toujours arborés. N’hésitez pas à vous enfoncer dans la forêt, un petit sentier sympa part au-dessus de la structure de pierres.
Vous rencontrerez d’autres points de vue sur votre route comme Ben Morton Overlook, Chimney Top Overlook ou Carlos Campbell Overlook.
Si vous avez un peu de temps devant vous, n’hésitez pas à randonner dans le parc. A Newfound Gap, vous pourrez prendre un petit bout du célèbre Appalachian Trail (AT). Peu après Newfound Gap, vous pourrez faire la randonnée de 2h d’Alum Cave Trail jusqu’à une arche naturelle et le beau point de vue d’inspiration Point. Guère plus loin, se trouve le départ de la randonnée pour rejoindre Mount Leconte qui grimpe sur plus de 4h jusqu’au fameux refuge. Chimney Top Trail est une autre balade dans ce même secteur qui permet de rejoindre le Chimney Top et sa vue panoramique en environ 3h de marche avec des parties plus sportives qui demandent agilité et de crapahuter un peu.
Si vous cherchez un endroit aménagé pour casser la croûte, vous pourrez vous arrêter au niveau du Chimneys Picnic Area. Sinon, pourquoi pas descendre au bord de l’eau qui borde la Newfound Road par endroits.
Un passage au visitor center de Sugarlands avec son petit film de présentation pourront clôturer ou introduire votre visite du parc selon le sens où vous le traversez.
Cette partie (à l’ouest du parc côté Tennessee) est surtout populaire pour sa boucle qui permet de voir des animaux et notamment des ours. On y observe aussi des bâtiments historiques. Un passage au visitor center est aussi à prévoir. Attention, cette route étant très populaire, il est conseillé d’y aller très tôt le matin. La route est fermée aux voitures les mercredis de début mai à fin septembre. Il est aussi possible de faire le parcours avec des vélos que l’on peut louer au magasin du camping de Cave Codes.
L’une des cascades les plus populaires du parc se trouve aussi dans cette région. Comptez 2h pour rejoindre la belle Laurel Falls via le sentier du même nom.
Une autre boucle à considérer surtout si vous séjournez à Galtlinburg À quelques miles de la ville, cette petite route à sens unique s’enfonce au cœur de la forêt qui se fait des plus denses et des plus enveloppantes. On trouve, tout au long de la route, des départs de balades pour rejoindre des cascades (Grotto Falls, Rainbow Falls et Place of Thousand Drips). Ne manquez pas aussi le Noah “Bud” Ogle Place Nature Trail et sa cabine historique. Il n’est pas rare d’y croiser un ours ou un pêcheur à la mouche. Ce secteur est idéal pour un condensé d’expériences nature facilement accessibles quand on dispose de peu de temps ou qu’on souhaite rester côté Tennessee.
Les autres parties du parc qui permettent de s’enfoncer davantage dans le parc et de fuir le monde sont :
Pour vraiment vous imprégner de l’âme de ce parc et de cette région, un passage par la ville de Cherokee vous permettra de découvrir l’histoire des Cherokees qui habitent ces terres depuis des siècles. Certains Cherokees se sont battus pour ne pas être envoyés dans les réserves du Midwest comme tant d’autres natifs lors de la mise en place du Trail of Tears, cet exode forcé de milliers de natifs américains vers l’Ouest. Aujourd’hui, les Cherokees descendants de ces résistants ou de ceux déportés et qui sont finalement revenus en Caroline du Nord ont pu racheter leurs terres et former un territoire connu comme le Qualla Boundary. Officiellement positionné sur la carte comme l’Eastern Cherokee Rerservation, ce territoire sous « tutelle » fédérale est géré par un gouvernement tribal. Cherokee en est la capitale.
Plusieurs lieux permettent de comprendre l’histoire de cette tribu à commencer par le très intéressant Museum of the Cherokees Indian, peut-être pas le musée le plus ludique et interactif mais toujours très instructif. L’autre site pour se familiariser avec la culture Cherokee est l’Oconoluftee Indian Museum. Dans cette reconstitution de village, les Cherokees revêtent les costumes traditionnels pour mettre en scène l’habitat, l’artisanat et la chasse tels qu’on les connaissait à l’époque. Des spectacles et lectures y ont également lieu. Enfin, une vingtaine de statues d’ours dispersées dans la ville et peintes par des artistes natifs incarnent les différents aspects de la culture Cherokee. Une carte est disponible en ligne ou à l’Office de tourisme pour localiser les différents ours.
Non, pas besoin de réservation pour entrer dans le parc mais pensez à prendre votre pass de parking.
Vous pourrez découvrir les attractions sur la Newfound Gap en une journée mais prévoyez plus si vous souhaitez faire de plus longues randonnées dans le parc ou explorer d’autres parties.
Oui, en camping ou alors plus difficilement dans le refuge de Lecompte Lodge où l’on accède par la marche.
Oui, le parc est ouvert toute l’année même si quelques routes ferment saisonnièrement.