Dans une ambiance à mi-chemin entre un délire onirique et un train fantôme, l’hôtel McKittrick plonge ses visiteurs dans une expérience hors du commun, librement inspirée de Macbeth.
Punchdrunk, compagnie britannique créée en 2000 et revendiquant un « théâtre d’immersion », s’est emparée de l’œuvre shakespearienne pour proposer Sleep No More, devenue depuis mars 2011 un incontournable de la scène culturelle new-yorkaise.
Après avoir bu un verre d’absinthe (au très fort goût de Pastis) dans un décor de cabaret des années folles, l’aventure commence avec la distribution d’un masque de carnaval blanc et des instructions très précises : ne pas quitter le masque, ne pas parler, ne pas rester avec ses amis.
Pendant 2h30, les spectateurs pourront, sur cinq niveaux, traverser un cimetière, une forêt sombre, des salles d’hôpital décrépites, des bars et des salles de spectacle, des chambres à coucher et des bibliothèques, des couloirs obscurs et des bureaux délabrés, et ils ne verront probablement pas tous les lieux inventés pour l’occasion.
Relire Macbeth avant d’aller à Sleep No More ne permet pas forcément de trouver le fil conducteur entre toutes les scènes aperçues, même si on reconnaît certains personnages et que le thème de la mort est omniprésent. Décors glauques, musique inquiétante et lumières tamisées préparent les spectateurs, amassés comme autant de fantômes masqués de blanc, à prendre une claque esthétique. Les acteurs jouent, dansent, s’entre-tuent ou font l’amour avec une grâce saisissante. Les saynètes peuvent être brutales ou très lentes, le rythme est « à la carte ». Les spectateurs peuvent quitter une pièce, suivre un acteur, puis un autre, lire les lettres abandonnées sur le sol et parfois même aider à habiller un personnage !
L’expérience est individuelle, certes, mais les retrouvailles avec les amis à la fin apportent un nouvel éclairage. A vivre donc, à défaut de tout voir.