« Il y a une vraie demande de culture francophone ici, et il beaucoup à faire », résume Upi Struzak, la nouvelle présidente de l’Alliance française de la Silicon Valley.
« Nous sommes une alliance de taille modeste, mais nous sommes en train de grandir, de nous moderniser. Je veux poursuivre ça. » Celle qui confie, malgré un grand calme apparent, « ne pas tenir en place », connaît ses priorités : en interne, rendre le travail de l’Alliance française le plus digital possible, jouer la carte des réseaux sociaux, et ouvrir grand les portes pour rassembler, autour d’une culture française très appréciée, les francophones et francophiles de la Baie.
A 50 ans, auto-entrepreneuse et mère de trois enfants, la Suissesse Upi Struzak n’est pas une nouvelle dans le réseau des alliances. Elle est arrivée de Suisse en 1995 à Santa Rosa, au nord de San Francisco, « avec deux jeunes enfants », pas le droit de travailler, ses expériences et diplômes suisses de documentaliste, non reconnus par les Etats-Unis. Dans une Californie en plein boom du dot com, Upi Struzak se tourne alors vers le web. Certifications en poche, elle se met à son compte en 2000 comme designer et développeur web.
Bien que ce soit la langue de la famille, le français lui manquait. Rejoignant l’Alliance française de Santa Rosa, Upi Struzak participe au lancement d’une école de langue en son sein, prend présidence de l’association pour un mandat, et continue, penchant professionnel oblige, à s’occuper du site web et des bulletins pendant dix ans.
En 2012, le travail de son mari les emmène à Santa Clara. La famille débarque dans la Silicon Valley. « De nouveau, un départ à zéro », dit-elle, mi-figue, mi-raisin. « L’Alliance Française de la Silicon Valley, qui avait déjà 40 ans d’existence, avait besoin de gens. J’avais du temps. » Equation résolue. « Je suis devenue secrétaire du board, j’ai refait le site et je m’occupe de tout ce qui est réseaux sociaux. » Une stratégie qu’il faudra poursuivre, pour être visible par tous. C’est aujourd’hui l’un des enjeux.
L’établissement est en pleine croissance : il compte désormais près de 80 élèves apprenant le français, a ouvert un campus à Menlo Park, pour seconder celui de Campbell, et diversifie les événements culturels : un festival de musique classique (3e édition cette année), un festival de films d’animation français lancé en décembre 2015, « qui a attiré du monde ». L’ancien président, Max Bouchard, poursuivra ce développement culturel.
Avec calme, méthode, et la détermination qui semble la caractériser, Upi Struzak a un souhait. « Donner une autre image de l’Alliance, l’image de quelque chose de plus moderne, de plus vivant, et qui attire les jeunes. »
« On a beaucoup de francophones ici dans toute la baie. J’aimerais aussi contacter les Romands, les Belges, faire des événements qui amènent davantage la francophonie ensemble », souligne la nouvelle présidente.
Autre particularité de la Silicon Valley : « nous avons aussi un public de francophiles très cultivés sur l’art, la musique », relève-t-elle. Les événements sur la culture française, comme une exposition sur Camus, en 2013, ont attiré un public de tous âges. « Il y a un véritable intérêt. Donc il faut leur donner cela. Et il faut qu’on soit à ce niveau-là. »