Revue de presse. Alain Juppé a un double américain, selon le magazine de relations internationales Foreign Policy. C’est John Kasich, actuellement candidat aux primaires républicaines.
D’après l’auteur, Robert Zaretsky, l’ancien premier ministre français et le gouverneur de l’Ohio ont le point commun d’être des voix modérées au sein de partis qui penchent vers leur droite, dans la rhétorique du moins. En ce moment, “Nicolas Sarkozy ressemble plus que jamais à un hybride gaulois de Ted Kruz / Donald Trump, faisant campagne à travers le pays avec une superbe femme au bras en s’emportant sur des questions de sécurité nationale et en se présentant comme le seul recours pour une nation assiégée par une marée d’immigrés qui ‘menace notre façon de vivre’.” La seule différence entre Trump et Sarkozy, selon l’auteur: “La stratégie de recherche des extrêmes de Sarkozy s’avère moins payante que pour Trump.”
Au lieu de faire comme les conservateurs américains, la droite française “s’est tournée vers la modération” croit savoir Foreign Policy, citant les bons scores d’Alain Juppé dans les sondages pour les primaires (mais en oubliant tout de même le score élevé du Front national). “Plutôt que la démagogie, ils ont cherché une approche moins passionnée – et plus compatissante – aux défis économiques et sociaux français. En se tournant en masse vers Alain Juppé, c’est comme si les conservateurs se rassemblaient autour de leur propre version de John Kasich.”
Foreign Policy voit d’autres points communs entre les deux hommes. Chacun a, dans son fief électoral (Bordeaux pour Juppé et l’Ohio pour Kasich), su séduire au-delà de son camp. “Juppé a toujours tenu sa base conservatrice à Bordeaux, tout en l’étendant au centre et même à la gauche. Kasich a fait la même chose dans l’Ohio après son élection comme gouverneur. Aux élections municipales de 2014, Juppé a écrasé le candidat socialiste avec un peu plus de 60% des votes, juste en dessous des 64% de Kasich lors des élections gouvernatoriales la même année.”
“Une différence majeure”
Cependant, Foreign Policy n’oublie rien du parcours d’Alain Juppé, les grèves, son intransigeance, sa traversée du désert. “Il y a un peu plus d’une décennie, Juppé incarnait pour la plupart de ses compatriotes le technocrate froid et calculateur.” Mais “aujourd’hui, il est vu comme un vieux sage de la politique française: avunculaire, humain et capable d’unifier, plutôt que de diviser.”
Robert Zaretsky termine toutefois son article sur une “différence majeure” entre Kasich et Juppé: “Kasich (…) semble prêt à être relégué aux marges du parti républicain au fur-et-à-mesure que les primaires se poursuivent. Juppé, en revanche, a de fortes chances de devenir le prochain président de la France.“