Les réseaux professionnels peuvent-ils s’inspirer des sites de dating ? Avec Shapr, Ludovic Huraux, 31 ans et récemment installé à New York, tente d’appliquer à ce secteur quelques recettes éprouvées dans le milieu de la drague.
Ses “credo” : la sélectivité, la communauté, l’exclusivité. Attractive World, le site de rencontres qu’il a créé à Paris en 2007, s’est bâti sur ce modèle : la plateforme (600.000 utilisateurs en Europe) a tiré son épingle du jeu grâce à une image haut-de-gamme: abonnement payant, sélection à l’entrée. Rentable, elle a généré 1 million d’euros de résultat net en 2013.
Avec Shapr, lancé le 21 janvier, le principe repose aussi sur cette notion de cercle de qualité: chacun peut inviter 50 personnes maximum dans son réseau professionnel, et a accès aux 50 contacts privilégiés de ses 50 amis. Soit potentiellement 2.500 personnes. Shapr, c’est donc une sorte de Linkedin restreint, et dont le but est de permettre aux utilisateurs de se rencontrer, avec des fonctionnalités qui permettent de prendre des rendez-vous facilement. L’utilisation est gratuite, et pensée pour un usage sur le mobile (Iphone et Android).
“Aujourd’hui, le principe, pour rencontrer des gens, c’est de faire des e-mails d’introduction. Le problème, c’est que cela prend du temps, et ce n’est pas très efficace, car vos contacts ne vous introduisent pas forcément auprès des bonnes personnes. Et Linkedin, ce n’est pas assez qualitatif, tout le monde accepte tout le monde”, raconte Ludovic Huraux, qui a quitté ses fonctions opérationnelles chez Attractive World, et dirige la petite équipe Shapr (six personnes à Paris et trois à New York) depuis des bureaux WeWork à Soho.
Son pari ? Que sous le parapluie Shapr, chacun puisse créer des liens avec le réseau de ses contacts directement, sans passer par des présentations. Car Shapr a bien vocation a faire rencontrer les gens dans le monde réel. “Tous les jours, le réseau fera cinq suggestions de mises en relation”, notamment basées sur la géolocalisation. A chacun d’accepter ou de refuser, de façon anonyme. Si les deux parties approuvent, un rendez-vous peut être pris – un peu comme sur Tinder.
Testé en beta depuis l’automne, Shapr a déjà séduit des investisseurs français (les mêmes qu’Attractive World, et d’autres comme le fondateur de BlaBlaCar), qui ont mis au total 2,7 millions de dollars dans ce projet. Une belle somme à laquelle il faut ajouter des fonds récoltés sur une plateforme de crowfunding, portant la levée de fonds totale de Shapr à 3,1 millions de dollars.
Mais pour que Shapr marche, encore faut-il convaincre le public de s’inscrire, télécharger l’application, et qu’ils y amènent leurs amis etc. Loin d’être évident à l’heure où beaucoup se disent saturés de réseaux sociaux. “Certes, mais je crois que la valeur du service est tellement forte que les gens verront très vite l’intérêt. Plus que jamais, tout se fait grâce au réseau.”