Il est 19h quand Jamie grimpe sur la petite scène installée dans la librairie Housing Works, et règle le micro à sa hauteur. Le thème de la soirée est inscrit sur un tableau derrière lui : la confrontation.
Le jeune homme d’environ 25 ans a choisi de raconter, sans notes et avec humour, sa relation d’ado avec sa mère – ces trajets embarrassants à la place du passager, le dimanche, dans sa banlieue de Long Island, lorsqu’elle lui demandait d’évoquer de sa vie sentimentale et l’emmenant au centre commercial.
Jamie figurait ce soir-la parmi les dix participants de The Moth, des événements de story-telling lancés en 1997 à New York par une association dédiée à cet « art » très américain. A mi-chemin entre le stand-up et le groupe de parole, ces réunions ressuscitent la figure du conteur d’histoires, et attirent de nombreux fidèles. L’année dernière, pas moins de 400 soirées The Moth ont été organisées à New York, Seattle, San Francisco, Chicago, Los Angeles, Houston…
Depuis 2009, les meilleures histoires sont retransmises à la radio sur 200 stations aux Etats-Unis, dans une émission intitulée The Moth Radio Hour. Un vrai succès : elle est podcastée 25 millions de fois chaque année.
On vient au Moth pour écouter des tranches de vies: des histoires vraies, touchantes, sincères, souvent très drôles et bien racontées. Après chaque histoire, des jurés issus du public notent l’intervention, et à la fin, un vainqueur est désigné.
Le soir de notre visite, le candidat le mieux noté avait conté avec humour l’histoire d’une rencontre entre ses amis et un groupe de blondes, qui étaient en fait… des hommes. L’alcool aidant, la rencontre avait bien entendu dégénéré. Fous rires dans la salle.
Le public a aussi eu le droit au récit d’un jeune homme, visiblement timide, qui a pris sur lui pour dire à son père qu’il s’inquiétait de sa consommation d’alcool. Un autre conteur, ouvertement gay, a raconté sa vie, entre ses amants et sa maman texane, et a glissé à la fin de son intervention qu’il était séropositif. Un autre encore, porte-parole d’un think tank, a raconté son passage dans les shows des sulfureux Bill O’Reilly et Sean Hannity sur Fox News à l’aube de la guerre en Irak…
Dans le public, une centaine de personnes de tous âges, assises sur des chaises pliantes ou en tailleur par terre, ne perdaient pas une miette des récits. Certains sourient, beaucoup s’esclaffent, ou poussent des “awwwww” attendris. Au bout de cinq minutes, une mélodie de flûte à bec retentit : le conteur doit conclure. Applaudissements. Le maitre de cérémonie tire au sort le nom du volontaire suivant. Une autre histoire commence.
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Merci beaucoup pour l’article! Cela fait un moment que j’écoute les histoires du Moth sur KPCC et je les adore. Souvent j’arrive à ma destination en voiture, et je continue à écouter la fin de l’histoire garée dans la rue! En tout cas, grâce a l’article, je sais que les 11 et 18 novembre, il y aura des enregistrements du Moth à Los Angeles, ce que je ne savais absolument pas. J’essaierai d’y aller! Bravo!