En cette période de soldes, d’affaires à faire et de réduction tous azimuts, Sex in America vous propose de vous intéresser au marché du sex toy, que l’on englobe plus volontiers dans un marché plus vaste – et plus pudique – du « sexual wellness and health ».
En matière de soldes, une simple requête dans Google vous donnera entière satisfaction. Pendant le Cyber Monday, il n’est pas une enseigne qui ne vous propose de vous équiper à des tarifs ultras compétitifs : les réductions peuvent monter jusqu’à 80%. Et pas pour de la seconde main. Non. Du neuf !
Dans ce marché dominé par quelques acteurs américains aux noms évocateurs comme We-vibe, Lovehoney ou plus abstraits comme LELO, Tenga, voire étranges Church & Dwight ou Doc Johnson, la concurrence fait rage. Ajoutons au palmarès la marque « Frenchie » qui se décrit comme « Founded in Australia, but boasting the quintessentially French je ne sais quoi » (en français dans le texte). Néanmoins, si l’on en croit les études, l’espérance de croissance du marché promet des jours heureux pour de nombreuses marques. Le chiffre d’affaires mondial en 2024 est en effet estimé à près de 38 milliards de dollars, avec des projections avoisinant les 63 milliards de dollars en 2030. Le marché américain génère à lui seul près de 16 milliards. Investisseurs qui nous lisez : vous savez désormais où placer votre argent.
Car oui, partout dans le monde, les jouets sexuels gagnent en popularité, surtout depuis que des études ont montré qu’ils apportaient des solutions à presque que tous nos problèmes : éjaculation précoce, faible libido, dysfonctionnement érectile, stress, détresse mentale, etc. Alors pourquoi s’en priver ! Ces mêmes enquêtes ont révélé que 40% des femmes et 45% des hommes âgés de 18 à 60 ans en avaient acheté un pour « explorer leur santé sexuelle ». Les plus gros acheteurs se tiennent dans la tranche 30 / 50 ans.
Ces chiffres, souvent avancés par ces mêmes marques citées ci-dessus (que pensez-vous également de BMS Factory et de PinkCherry ?), sont à prendre avec du recul. Interrogé par French Morning, un acteur de cette industrie qui a souhaité garder l’anonymat nous a indiqué que les clients et les clientes restaient très rétifs à toute étude de leur comportement. Il lui avait même été impossible d’acheter de la publicité dans des magazines féminins, alors même que les rubriques « sexo » y tenaient une part importante. En détaillant les études, on voit qu’il s’agit souvent de tendances tirées de requêtes dans Google.
Quoi qu’il en soit, voici quelques chiffres qui pourront sans doute vous intéresser. 78% des Américains posséderaient aujourd’hui un sex toy, dont beaucoup ont été achetés pendant la pandémie. Parmi eux, un sur deux l’utilise chaque semaine. 40% des Américains ont dépensé 100$ ou plus en jouets sexuels au cours des 12 derniers mois – mais on compte, dans ces achats, de la lingerie, ce qui fausse un peu les résultats. En revanche, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que 70% des achats se font en ligne. Le développement des caisses automatiques dans les grandes surfaces pourrait changer un peu la donne.
Mais, assez parlé de chiffres. Entrons dans le vif du sujet : les produits eux-mêmes. Le grand gagnant reste le vibromasseur, vous vous en serez douté. Mais sachez que la poupée est une valeur sûre (on ne dit plus « poupée gonflable », seulement « doll »). Près de 10% des hommes américains en possèderaient une et 6% de femmes. Oui. Vous ne regarderez plus vos voisins de la même manière.
Chaque année, pour la Saint-Valentin, le site LoveHoney publie une carte amusante sur la répartition des sex toys par État, en fonction des achats. À New York, les habitants préfèrent les jouets discrets qui se glissent dans un sac. La baie de San Francisco est plus fétichiste, tandis que Jersey City a un faible pour les costumes d’infirmières. Et Los Angeles adore… Bon, vous irez voir par vous-même.
Marché américain oblige, les fabricants – qui sont, en vrai, à 70% chinois – ne cessent d’innover pour vendre des produits toujours plus efficients. L’utilisation du Bluetooth et du téléphone, par exemple, a beaucoup simplifié la manipulation des appareils. Mais ça, c’était il y a une éternité. Depuis l’année dernière, les fabricants se sont jetés sur l’Intelligence Artificielle pour promettre à leurs clients toujours plus de merveilles. La société Lovsense, par exemple, propose depuis peu son « Advanced Lovense ChatGPT Pleasure Companion ». La promesse est belle. Sa réalisation un peu moins. Si l’on en croit le site de la marque, l’IA intervient seulement pour vous raconter des histoires torrides en fonction de critères que vous aurez définis. On s’attendait à mieux.
Comme il ne faut exclure personne, plusieurs marques ont développé des « jouets sexuels non genrés », ce qui frise l’oxymore. D’autres mettent en avant les matériaux respectueux de l’environnement. Le recyclage, c’est important.
Évidemment, toute cette belle intelligence connectée est sensible au piratage et l’on comprend que vous ne soyez pas très à l’aise avec l’idée que votre vie très (très) intime soit connue du monde entier. Autre problème propre à ce marché : la contrefaçon qui représenterait 30% des produits achetés, avec des produits défectueux, voire dangereux.
Avant de refermer ce dossier, sachez que la France arrive en quinzième position des recherches sur Internet au sujet des sex toys, les premières places revenant respectivement – et pour 1000 habitants – au Danemark, à la Suède et aux États-Unis.
Happy Cyber Monday !