Même si, cette année encore, les Américains dépenseront près de 26 milliards de dollars en peluches, cartes, chocolats et restaurants, fêter la Saint-Valentin ne va plus du tout de soi pour la plupart d’entre-eux. Presque plus personne n’est dupe – sauf si vous avez moins de dix ans : il s’agit surtout d’une fête commerciale. Les historiens ne sont pas tous d’accord sur les origines du saint en question, mais tout le monde s’accorde pour dire que les choses ont vraiment changé quand l’entreprise Cadbury a mis en vente ses premières boîtes de chocolat en forme de cœur (1868) et lorsque Hallmark a lancé sa première ligne de cartes de Saint-Valentin en 1916. Depuis, l’expansion commerciale ne s’est jamais arrêtée, jusqu’à atteindre un palier, dans les années 90, les années « bling-bling », où recevoir le plus grand nombre de cartes signifiait être l’élève le plus populaire de l’école.
Pour autant, même si la Saint-Valentin est reléguée en dernière place dans le classement des fêtes les plus appréciées, la majorité des adultes se souviennent avec nostalgie des cartes, chocolats ou fleurs qu’ils ont reçus lorsqu’ils étaient à l’école (sauf Charlie Brown).
Aujourd’hui pourtant, des voix parmi les plus jeunes s’élèvent pour remettre en cause une tradition jugée ridicule et hétérocentrée. Pour Kaleigh White par exemple, rédactrice en chef du journal étudiant The Campus, l’association du rose et du rouge relève du plus pur mauvais goût (et Dieu sait pourtant que les Américains en ont, du goût !). Elle ne veut plus de ces publicités où « un homme blanc et costaud embrasse une fille blanche et maigre en s’offrant des chocolats » – à propos du chocolat, c’est le cadeau le plus communément acheté (57%), juste devant les cartes (40%) et les fleurs (37% dont 70% de roses rouges). Un tiers de ces jeunes iconoclastes renvoient d’ailleurs leur cadeau à peine reçu.
En approfondissant un peu, on voit bien cependant que les raisons de ce désamour sont ailleurs : tout est de la faute des célibataires ! Et oui ! N’ont-ils pas le droit, eux-aussi, de célébrer l’amour, de recevoir des fleurs ou d’envoyer une carte ? Même si certains soupçonnent, là encore, une démarche marketing visant à élargir le marché commercial, l’extension du domaine de l’amour relève d’une volonté de n’exclure personne et surtout pas les gens seuls.
Une chose est sûre, cependant, chers célibataires, suivez les conseils de Gena Gehpart : ne sortez surtout pas au restaurant ce soir-là. Restez chez vous (menus hors de prix, vacarme insupportable, service débordé). Évitez également de consulter les réseaux sociaux : ce n’est jamais une bonne idée de se comparer aux autres. Vous pouvez, et c’est même conseillé, en profiter pour montrer à vos proches que vous les aimez. Garder les enfants des autres, par exemple, pendant qu’ils sortent en amoureux (si vous trouvez la démarche relevant du masochisme, relisez la description d’une soirée au restaurant plus haut). Préparez un repas pour vos parents. Donnez de l’amour : 60% des Américains voient en la Saint-Valentin, une « romantic and platonic relationship ». Sinon, restez chez vous et « Masturbate all night long » conclut Gena.
Si malgré tout, vous continuez à envier vos amis en couple ? Sachez que près de 20% d’entre eux se sentent quand même très seuls ce jour-là. Par ailleurs, la moitié des femmes ont été déçues par le cadeau de leur conjoint et 20% des Américains ont connu une rupture le jour même de la Saint-Valentin, ou quelques jours avant ou après. Comme quoi, vous n’êtes pas les plus malheureux.
Mais alors, les couples ? Comment marquent-ils le 14 février ? D’une manière générale, tout se fait un peu à la dernière minute… voire le lendemain. C’est normal : l’achat du cadeau relève plutôt de l’homme dans le cas présent. Ils sont quand même plus généreux (248$) que leur partenaire (115$). Cette année encore, les couples s’offriront des cadeaux, dont 6,5 milliards de $ de bijoux, dîneront au restaurant pour presque 5 milliards de $, échangeront une carte ou ne feront rien de spécial pour un quart d’entre eux.
Au moment où vous lisez ces lignes, peut-être vous demandez-vous, cher lecteur, ce qui ferait plaisir à votre épouse. Nous allons vous le dire. Si la majorité des femmes disent souhaiter des chocolats ou des fleurs, d’autres sont plus originales. Une journée dans un spa. Quelque chose fait maison (mais réservez le collier de nouilles aux enfants). Une bonne bouteille. Un billet pour un film ou un show. Des bijoux… De la lingerie. C’est tout ? C’est vraiment tout ? Ah non. Tout à la fin de la liste, aux côtés de « Not sure » et de « Other », on a un tout petit « Sexual favors ». Quelle déception !
Parce que, du côté des hommes, c’était quand même beaucoup plus simple. Une fois qu’on a éliminé les cartes et le dîner, les autres choses que les hommes voudraient recevoir, c’est « Rien » (21%) et « Sexual favors » (22%).
Si tout était si simple…
Sources : Roots of Loneliness – Jewell 360 – Fortunly – Moosend – Yougov.com – Boisestate – Wane – Miami Student – Amber Sturdent