C’est la dernière ligne droite des sénatoriales 2021 et la socialiste Laure Pallez donne tout. “C’est beaucoup d’appels, d’e-mails“, explique la candidate. Dans sa ligne de mire et celle de ses sept co-listiers répartis dans le monde entier: les six sièges de sénateurs des Français de l’étranger en jeu lors de cette élection. Cette dernière se déroule loin des yeux. Et pour cause: dans ce scrutin indirect, le collège électoral de ces sénateurs est constitué essentiellement des 432 conseillers et des 68 délégués des Français de l’étranger élus en mai lors des élections consulaires. Ces grands électeurs peuvent voter dès le samedi 18 septembre dans les consulats et les ambassades ou le dimanche 26 dans les locaux du Quai d’Orsay. “Je suis une Française de l’étranger depuis 17 ans. Femme mondialisée de 40 ans, mère de famille, je représente une nouvelle génération d’élus, insiste Laure Pallez, conseillère des Français de l’étranger en Floride. Mon but, c’est de représenter au mieux nos compatriotes, de leur donner une voix dans le débat national“.
Fondée sous la IVe République, cette fonction de sénateur des Français de l’étranger est plus enracinée dans le paysage institutionnel français que celle des députés des Français de l’étranger, dont la première élection a eu lieu en 2012. À la différence des députés qui représentent un territoire, les sénateurs ont le monde entier pour circonscription électorale. Au nombre de douze au total, ils sont renouvelés par moitié tous les trois ans pour des mandats de six ans. “Il faut avoir une vision mondiale pour exercer ce mandat, assure Laure Pallez. Et le Sénat est la chambre de la réflexion, du temps long. C’est dans cet état d’esprit que je m’inscris. C’est un contre-pouvoir extrêmement utile“.
Elle n’est pas la seule à labourer le terrain électoral. Au total, dix listes ont été déposées pour ces sénatoriales, contre sept lors du dernier scrutin en 2017. Ce foisonnement s’explique notamment par un éclatement des forces à gauche. Si le socialiste Yan Chantrel (conseiller à Montréal) est le candidat investi par le parti, il devra composer avec la liste dissidente de l’ancienne ministre Ségolène Royal, qui a décidé de maintenir sa candidature, et celle de Laure Pallez, dont le numéro 2, le président de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), Marc Villard, est bien connu des représentants des Français hors de France. “Les enjeux de notre société sont trop importants pour être réduits à une cuisine partisane“, explique Laure Pallez pour justifier sa dissidence. Une quatrième liste de gauche est en lice, celle de la conseillère politique du groupe des Verts au Parlement européen, Mélanie Vogel. Elle bénéficie, elle, du soutien de la France Insoumise, d’Europe Ecologie Les Verts, Génération.s et du mouvement citoyen Place Publique.
La droite aussi aborde cette élection en ordre dispersé. Si les sortants Christophe-André Frassa et Jacky Deromedi (Les Républicains) sont respectivement numéros 1 et 2 sur la même liste, le troisième et dernier sortant qui a décidé de se représenter, le centriste Olivier Cadic, a présenté sa propre liste cette fois-ci. En outre, ces sénatoriales marquent le retour de l’homme d’affaires Jean-Pierre Bansard, dont l’élection en 2017 avait été invalidée pour cause d’irrégularités. Il se présente sous la bannière de son mouvement indépendant ASFE (Alliance solidaire des Français de l’étranger).
S’y ajoutent deux listes sans étiquette, l’une de Jérôme Youssef et l’autre de Jean-Damien de Sinzogan. Cette dernière, appelée “la République en Marche”, ressemble fort à un nouveau canular de le part de cet homme de 27 ans, déjà auteur d’une duperie lors d’une législative partielle à Paris. La “vraie” République en Marche présente une liste emmenée par la députée des Français de l’étranger Samantha Cazebonne. Contrairement à la dernière élection où un proche d’Emmanuel Macron avait été investi et s’était fait battre dans les urnes, le parti présidentiel et ses alliés ont donc fait le pari d’une candidate enracinée à l’étranger, connue pour son travail sur l’enseignement.
L’objectif pour LREM: conserver le siège du sortant Richard Yung, qui avait rejoint le parti en cours de mandat, et en remporter d’autres pour renforcer sa présence au Parlement. “Les sièges de sénateurs sont des accélérateurs du bien-être et des services pour les Français de l’étranger. Plus nous aurons de leviers politiques, plus il sera facile de faire avancer les dossiers qui les concernent, explique Sophie Lartilleux-Suberville, conseillère des Français de l’étranger à San Francisco et numéro 3 sur la liste. Les Français de l’étranger vont représenter une masse critique pour la présidentielle et les échéances futures. Les parlementaires nous regardent de près“. Comme d’autres listes, LREM met le paquet sur les conseillers qui se décrivent comme “indépendants” ou sans étiquette, dont les voix sont encore à prendre. Elle et ses co-listiers se sont répartis les élus à contacter en fonction des régions du monde et organisent des appels et des visio-conférences pour pêcher les votes. “C’est très intense. On passe 45 minutes-1 heure à écouter leurs préoccupations, explique l’élue. Ce qui motive leur choix de liste dépend de facteurs personnels, de la région, de leur background associatif ou politique. La plupart des gens s’engagent pour aider leurs compatriotes. Ils soupèsent leur meilleure carte pour aider leurs ouailles“.
Conseiller des Français de l’étranger (indépendant) à New York, Richard Ortoli a déjà fait son choix mais refuse de dire lequel. “Emerveillé” par la profusion de listes, cet élu de sensibilité “centre-droit” se garde bien de faire des pronostics. “La voie est libre. Je ne sais pas du tout ce que ça va donner. Il y a trois sortants qui ne se représentent pas. Il n’y en a pas autant que ça d’habitude. La gauche est éclatée. Par ailleurs, je pense que l’étiquette politique a moins d’importance aujourd’hui“, poursuit-il. Lui regrette que le collège électoral soit aussi grand: “On est trop nombreux dans ce système qui n’offre pas une vraie collégialité. Les élus les plus largués vont s’orienter vers la liste qui communique le plus“.
Franck Bondrille, un élu de Floride qui figure sur la liste de Jean-Pierre Bansard, affirme aussi que les jeux sont ouverts. “Ça va être serré, croit-il. Depuis l’élection de Macron, les partis sont moins puissants qu’avant. Tout le monde sent qu’il peut avoir sa chance. Un petit indépendant peut tirer son épingle du jeu s’il y a une bonne dynamique“. Selon ses calculs, l’ASFE, très active en ligne, pourrait remporter “facilement” au moins un siège sur les six. Il s’ajouterait aux deux sénateurs issus de la liste de Jean-Pierre Bansard en 2017, Evelyne Renaud-Garabedian et Damien Regnard qui siègent dans le groupe Les Républicains.
Les sénateurs Christophe-André Frassa et Olivier Cadic, pourraient être aidés, eux, par leur réseau et leur expérience de sortants. Tandis que la candidature de Mélanie Vogel pourrait être portée par les bons scores des candidats écologistes lors des dernières élections consulaires dans le monde entier. La République en Marche, qui n’avait pas d’élus des Français de l’étranger en 2017, espère que son travail de structuration du parti au niveau mondial paiera. À l’Assemblée nationale, le parti dispose de sept sièges de députés des Français de l’étranger sur onze. Franck Bondrille le prédit: compte-tenu de l’éclatement des listes, “cela devrait se jouer à très peu de voix“.
Dix listes en course pour les sénatoriales des Français de l’étranger 2021
ASFR 2021, la voix des Français de l’étranger
Jean-Pierre BANSARD
Sophie BRIANTE-GUILLEMOT
Franck VAN HASSEL
Martine SCHÖPPNER
Franck BONDRILLE
Annie REA
Jean-Luc RUELLE
Emilie TRAN SAUTEDE
ECOLOGIE – SOLIDARITE – PROXIMITE Union au service des Françaises et des Français de l’étranger
Mélanie VOGEL
Jean-François DELUCHEY
Bérénice OREYO-PIERRONNET
Georges CUMBO
Malika RABIA
Pascal CHAZOT
Julie LE DEAUT
Ramzi SFEIR
#FrançaisAPartEntière – Ensemble, la Droite, le Centre et les Indépendants pour les Français de l’étranger
Christophe-André FRASSA
Jacky DEROMEDI
Laurent RIGAUD
Valérie BEILVERT
Patrick PAGNI
Liliane CHOSSERIE
Max GEORGANDELIS
Jeanne DUBARD
Français.es dans le monde, une chance pour la France
Ségolène ROYAL
Mehdi BENLAHCEN
Gaëlle BARRÉ
Hassan BAHSOUN
Josiane ADJOVI
Charles DE LOPPINOT
Karine BILLARANT
Jean CLAUTEAUX
Français de l’étranger : la France et le monde en commun!
Laure PALLEZ
Marc VILLARD
Martine VAUTRIN DJEDIDI
Philippe LOISEAU
Vanessa GONDOUIN-HAUSTEIN
Franck PAJOT
Jacqueline BERTHO
Edmond APARICIO
Français de l’étranger, notre avenir s’écrit ensemble
Samantha CAZEBONNE
Franck BARTHELEMY
Sophie LARTILLEUX SUBERVILLE
Thierry MASSON
Eléonore CAROIT
Ousmane OUEDRAOGO
Zaïda SLAIMAN
Hubert MAGUIN
La République en Marche
Jean-Damien de SINZOGAN
Odile TIACOH
Bernard LEPIDI
Isabelle GUERARD
Hervé BEHANZIN
Evelyne COMBES
Jordan MSIHID
Diontan TOURE
Libres et indépendants
Olivier CADIC
Olivia RICHARD
Thierry CONSIGNY
Nadia CHAAYA
Nicolas BREHM
Catherine TRIBOUARD
Ahmed HENNI
Laurence HELAILI CHAPUIS
Protéger les Français de l’étranger
Jérôme YOUSSEF
Illhème YAKIL
Manuel CROITOR
Camille PERNET
Rédouane BESSAOUI
Sophie LE CLEACH
Jonathan YOUSSEF
Samantha YOUSSEF
Rassemblement de la gauche écologiste sociale et solidaire
Yan CHANTREL
Anne HENRY-WERNER
Guillaume GROSSO
Elisabeth KANOUTÉ
Jean-Philippe GRANGE
Annie MICHEL
Fwad HASNAOUI
Chantal PICHARLES
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