L’artiste techno Seekat, alias Amandine Aman, a fait une entrée remarquée dans la cour des grands. En février, quatre morceaux de la jeune Française installée à San Francisco depuis sept ans sont sortis sur une compilation réunissant de beaux noms de la scène techno internationale : “Tragedy of the Commons”. Cette compile est un projet mené par Ian Urbina, journaliste d’investigation pour le New York Times, the New Yorker ou The Atlantic. Il s’agit d’une illustration musicale de son livre-enquête « La Jungle des océans. Crimes impunis, esclavage, ultraviolence, pêche illégale » (The Outlaw Ocean, 2019).
Quinze artistes issus de neuf pays ont collaboré avec le journaliste pour ce projet créatif, dont Seekat : « Je les ai contactés directement car je voulais absolument faire partie de cette aventure. On m’a répondu que Ian Urbina ne travaillerait qu’avec des musiciens connus, mais après avoir écouté ma musique, ils m’ont rappelée ! ». Très engagée pour la protection des océans et de l’environnement, cette méditerranéenne d’origine, utilise sa musique pour attirer l’attention sur le sujet. « Tout ce que je créée tourne autour de la mer. Je traduis ses chants dans mes morceaux, elle me passionne, m’inspire et on peut tous faire quelque chose pour la protéger. Au-delà de mon mode de vie éco-responsable, je me sers de la musique pour augmenter la sensibilité des gens… » explique-t-elle.
Son amour des océans lui souffle même son nom de scène : « Seekat, ça signifie poulpe en Afrikaans. J’adore la plongée et voue une vraie fascination aux poulpes ! » sourit-elle. Pour sa collaboration à la compilation, elle a choisi des chapitres du livre de Ian Urbina et les a traduits en mélodies techno. « Par exemple, “Thunder’s Pursuit”, raconte une poursuite de bateau dans l’Antarctique qui dure 110 jours. Une histoire incroyable pour laquelle j’ai alterné les rythmes et utilisé des enregistrements en mer comme des sirènes de bateaux. Pour “Earth vs Drilling” qui décrit le fond des océans, j’ai utilisé un enregistrement de Greenpeace qui évoque une pieuvre ».
À travers les morceaux composés, l’artiste rend hommage à des ONG, à l’instar de sa chanson « Les Femmes sur les Vagues » qui met à l’honneur Women on Waves, une organisation permettant notamment aux femmes d’Amérique Centrale et Latine d’avorter en eaux internationales. « J’essaie de faire de la techno avec du sens et de l’émotion. Certes, elle fait danser les gens, mais c’est aussi un message de partage et d’optimisme » précise Seekat.
Son style se situe au croisement des sous-genres tech house, deep house et melodic techno. Elle ajoute : « c’est une musique émotionnelle dans laquelle je peux glisser de la mélancolie ou de la nostalgie pour mon côté français ! En fait, l’électro, c’est très élaboré et il faut maîtriser les structures pour que ça sonne bien ». Pour ce faire, Seekat utilise des synthétiseurs, des MIDI contrôleurs, des sample d’instruments, des sons quotidiens, des enregistrements, et le tout passe ensuite dans un logiciel spécifique.
Si Amandine Aman est arrivée à San Francisco dans le cadre d’un contrat dans la tech, la Sudiste a toujours fait de la musique en parallèle. « Solfège, piano, Ukulele… Ça fait deux ans que je m’y suis mise plus sérieusement et que je me suis formée aux outils électro ». Aujourd’hui consultante en marketing et branding, elle consacre davantage de temps à sa musique et nourrit d’autres projets.
« Je suis très heureuse de figurer sur la compilation de Ian Urbina, c’est un cap, une confirmation ! Et j’ai envie de continuer à raconter des histoires avec mes mélodies » assure la Française. Elle joue ainsi également dans Subjacent, un duo formé avec une américaine. Ensemble, elles tournent dans des clubs de SF et ont sorti un premier titre. Seekat, a en outre plusieurs chansons en préparation pour un prochain EP. Une artiste techno à suivre de près.