Il y a peu de Français dans le circuit IndyCar. Mais quand on regarde les performances de Sébastien Bourdais, 39 ans, on se dit qu’on est bien représentés.
Considéré comme l’un des meilleurs coureurs automobiles du moment, le Français qui vit Saint Petersburg (Floride) est devenu une figure incontournable de cette discipline peu connue en France, où s’affrontent des voitures monoplaces qui filent à 370 km/heure sur des circuits ovales, fermés ou urbains.
Il fait partie des deux Français (avec Simon Pagenaud de l’écurie Penske) qui, ce dimanche 29 mai, seront sur la ligne de départ du mythique Indy 500, une course de 500 miles (804 km) en “ovale” qui se déroule à Indianapolis depuis 1911. Elle est suivie par des millions de téléspectateurs chaque année. “Il y a peu d’événements de cette magnitude dans le monde. En IndyCar, c’est le point culminant de la saison, explique Sébastien Bourdais. Quand on arrive le matin de la course, il y a 350.000 personnes dans l’enceinte, des tribunes bondées des deux côtés de la piste, ce qui est assez unique. On a l’impression de faire partie d’un moment magique“.
Première moto offerte à l’âge de 3 ans, avant d’embrayer sur le quad et le karting: le Manceau gravit les échelons des sports automobiles, encouragé par son père pilote qui a participé sept fois aux 24 heures du Mans. En 1998, il rejoint la Formule 3, puis la Formule 3000 (ex-Formule 2). En 2004, après avoir échoué aux portes de la Formule 1, il part pour les Etats-Unis avec son épouse, une championne de France junior d’athlétisme, pour rejoindre le championnat de Champ Car, qui utilise des voitures monoplaces similaires à l’IndyCar. Le Français domine la discipline et s’offre quatre championnats d’affilé entre 2004 et 2007 – du jamais vu. Il rejoint la F1 l’année suivante pour courir sous les couleurs de la Scuderia Toro Rosso.
Après la rupture de son contrat en 2009, et quelques courses, il retourne aux Etats-Unis et effectue sa première saison complète en IndyCar Series en 2011. Le championnat avait fusionné avec Champ Car en 2008. “J’ai toujours aimé faire corps avec la machine et de la dompter, dit-il. Il ne faut pas perdre de vue que c’est une interaction avec une machine. Sans bonnes machines ni équipes, on n’est rien“.
Mais, reconnait-il, “le contrôle n’est qu’une illusion“. Il y a un an, il connaissait un terrible accident pendant les séances de qualifications sur l’ovale de l’Indy 500. Victime de fractures au bassin et à la hanche, il avait manqué quatre mois de compétition. “Ça ne prend pas grand chose pour que ça parte en cacahuète. Comme on se déplace aux alentours de 220 miles / heure sur le super speedways, les impacts sont diaboliques. Ça fait partie de ce métier. Heureusement, pendant toute ma carrière, j’ai réussi à m’en tirer sans trop d’accidents“.
Ses titres multiples lui valent d’être remarqué par la presse américaine. NBC Sports le décrit même comme “l’un des meilleurs pilotes au monde“. En tant que pilote, il s’est épanoui aux Etats-Unis. “En France, la culture de la diabolisation de la voiture a fait son travail de sape. On avait des championnats de France magnifiques, avec des centaines de pilotes, regrette-t-il. Maintenant, il y a quelques coupes, mais c’est confidentiel. C’est dramatique qu’il n’y ait plus de monoplaces en France. On rabâche aux gens que la vitesse tue. Par conséquent, peu de sponsors veulent s’associer à de telles courses“.
Comment aborde-t-il l’Indy 500 ? “C’est une course où il faut se protéger et se positionner pendant les premiers 400 miles, analyse-t-il. Comme on est sur des vitesses très élevées et des mouvements très contrôlés, et qu’on n’est pas loin d’être à fond, il faut avoir un bon ressenti et une bonne anticipation pour gérer le traffic et les vitesses“. Il aura à coeur de le démontrer aux centaines de milliers d’aficionados.