Sold out ! Les deux dates de l’humoriste américain Sebastian Marx en Californie, à Menlo Park le mercredi 20 septembre et à San Francisco le lendemain, affichent déjà complet, et le principal intéressé n’en revient toujours pas. « Je suis le premier surpris de cet intérêt. En juillet, j’avais déjà fait salle comble à New York, et maintenant ici, en Californie. Je ne savais pas que j’avais un public aux États-Unis ! » Sebastian Marx se produira en Californie à l’initiative de French Talent USA, une nouvelle organisation à but non lucratif qui aide à promouvoir les artistes francophones sur la côte ouest des Etats-Unis. Le dimanche 8 octobre, les New-Yorkais auront à nouveau l’occasion de le voir sur scène, dans le cadre du French Comedy Social Club : il ne jouera pas son spectacle mais animera un plateau composé de plusieurs humoristes.
Installé depuis dix-neuf ans en France, ce New-Yorkais puise son inspiration dans les différences entre sa patrie d’origine et son pays d’adoption : « Mes spectacles évoluent avec moi. Le premier parlait de mon arrivée en France, confie Sebastian Marx. Le dernier, “On est bien là”, raconte ma vie actuelle, et en particulier des frustrations qui persistent, comme mon accent, ou les mystères de la langue française que j’essaie de surmonter. Le culture clash est toujours présent, mais plus en filigrane. »
Son expérience de père de famille jette par ailleurs un autre éclairage sur ces différences : « Je ne peux m’empêcher de comparer mon enfance à la leur. J’ai récemment emmené son “enfant préféré” à New York, afin de lui faire découvrir les spécialités locales, comme le Dr Pepper, les Lucky Charms et les Twinkies. Il n’a pas été convaincu par le Dr Pepper… ».
Il a construit son spectacle autour du thème de la cigale et de la fourmi, une métaphore qui s’applique parfaitement quand on compare les deux pays : « Aux États-Unis, on est plutôt fourmis : études, assurance santé… rien n’est laissé au hasard. La France est un pays de cigales où l’on mise surtout sur la qualité de vie », constate avec philosophie l’humoriste qui avoue désormais ne plus savoir s’il se sent plus américain ou français.
Sebastian Marx se produit trois fois par semaine à la Comédie de Paris, et anime par ailleurs un plateau anglophone depuis plus de dix ans. Le milieu du stand up en anglais s’est en effet étoffé, suscitant des vocations aussi bien auprès d’expatriés que de Français anglophones. « La France est en train de rattraper les États-Unis dans le domaine du stand up. Depuis dix ans, ce milieu évolue très vite. »
Même si l’envie de jouer plus souvent aux États-Unis est bien présente, en particulier grâce au public qui a répondu présent à New York et en Californie, Sebastian Marx constate que la France lui offre une plus grande liberté de ton. « Certains sujets sont devenus très sensibles aux États-Unis, surtout en raison de la cancel culture, qui n’est pas encore aussi poussée en France », estime-t-il. Il reconnaît toutefois que la religion et les questions de laïcité suscitent bien des crispations : « Je fais plusieurs blagues sur les Juifs pendant mon spectacle. Certains spectateurs sont morts de rire, d’autres peuvent aussi se braquer. Quant à la laïcité, on se demande parfois si on ne la prêche pas pour cacher une certaine islamophobie… »
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Fort de ce constat, l’humoriste est impatient de voir si les blagues qui marchent le mieux en France seront celles qui remporteront l’adhésion du public aux États-Unis. « Je vais bien sûr ajouter des blagues qui seront uniques à chaque représentation. Je verrai aussi si certaines sont jugées trop sexistes par le public san franciscain ou new-yorkais. Si c’est le cas, je ne pourrai sans doute plus les faire en France d’ici dix ans… Au final, conclut-il avec malice, j’ai peur de ne pas être assez “woke” ». À vérifier sur scène sous peu…