Scott Tixier ne perd pas son temps. Tout juste honoré d’un “Grammy Certificate”, accordé à un artiste qui a participé à l’élaboration d’une oeuvre récompensée d’un Grammy (en l’occurence l’album “Gumbo” de PJ Morton), le violoniste français sera la tête d’affiche du concert de lancement du French Cultures Festival, vendredi 8 mars à Houston.
Une scène relativement proche de la maison pour l’artiste français de Dallas, qui a joué dans les plus grandes salles américaines, du Carnegie Hall au Madison Square Garden en passant par Radio City Music Hall. « Pour moi, la musique est une constante improvisation, une ouverture sur d’autres mondes, qui est sans fin reliée à mes expériences personnelles. Je laisse parler mon instinct et je joue comme je suis. Je change au gré des périodes, des rencontres, des saisons », confie le virtuose.
Né en 1986 à Montreuil dans une famille d’artistes, rien ne prédestinait l’artiste de 33 ans à devenir une star du milieu aux Etats-Unis. Son père est acteur de théâtre et sa mère, pianiste. Lui et son frère jumeau commencent le solfège à l’âge de 4 ans, et il découvre le jazz à 13 ans qu’il va étudier tout seul dans sa chambre. Après ses études au conservatoire municipal de Rosny, il intègre le conservatoire de Paris d’où il en ressort avec un Master en violon classique et décroche dans la foulée le premier Prix du concours « Les Trophées de Sunside », un des concours de référence pour les jeunes jazzistes, en 2005.
Sur les conseils du violoniste et compositeur de jazz français Jean-Luc Ponty, il part à 19 ans tenter sa chance à New York. Il sera repéré lors du show immersif à succès « Sleep no more» par un agent qui l’invite à venir jouer dans le « Late Night Show » de David Letterman pour accompagner l’artiste allemand Zedd.
Grâce à cette émission, ce musicien hors pair va enchaîner les passages télévisuels dans les shows américains les plus populaires: « The Tonight Show » de Jimmy Fallon, « The Late Show » de Stephen Colbert, «The Late Night » avec Seth Meyers et sera présent durant trois saisons dans « America’s Got Talent ». Les artistes de renom le repèrent aussi. Stevie Wonder le laisse jouer en solo pendant sa tournée américaine. Il se produira également aux côtés de Christina Aguilera, d’Elton John, de John Legend, d’Ariana Grande et bien d’autres. Son parcours l’emmène aussi à travailler avec Hollywood. Il participe notamment à la chanson “Glory” du film “Selma”, qui a remporté un Golden Globe Award. « Aux États-Unis, la conception de la musique est très différente de la nôtre. C’est une émulation constante entre les générations », explique t-il.
Musicien pressé, il enchaine les projets. Il travaille comme compositeur à un film de Disney qui sortira cet été. Ensuite, il ira enseigner en Italie avant de s’envoler pour Shanghaï où il donnera un concert au Conservatoire pour terminer à Hollywood où il travaillera sur d’autres musiques de film. Il travaille aussi sur son futur album, qui sortira en 2020.
Avec tout cela, il pense aussi à transmettre son savoir à la génération qui suit. En septembre, The University of North Texas (UNT), réputée pour son collège de musique, lui a proposé de créer un programme sur l’improvisation sur cordes. « La musique ne m’appartient pas. Que je m’associe à un autre musicien ou que je sois dans mon propre groupe, je veux être flexible, servir la musique. J’essaye de m’oublier, de laisser la musique prendre le dessus. Je me libère de mes peurs, de mon ego. C’est un art d’équilibriste. Il faut avoir une grande discipline et savoir lâcher prise ».