C’est un dîner de fundraising pour lequel la quasi-totalité des convives n’a pas payé un sou. Dans la salle du restaurant de l’Upper East Side, vendredi dernier, les habitués du « fundraising à l’américaine » sont quelque peu décontenancés : la soirée passe sans enchère, sans qu’on leur demande cent fois de faire un chèque. Sciences Po se lance dans le grand bain de la collecte de fonds privés avec timidité, mais de grandes ambitions.
Le pari de Richard Descoings, directeur de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, qui l’a transformé en profondeur depuis dix ans, est de recueillir 100 millions d’euros d’ici 2013 pour : recruter les meilleurs professeurs, notamment étrangers (20 millions d’euros), étendre son campus au coeur de Paris (60 millions d’euros), et «accentuer la diversité sociale» (20 millions d’euros).
Pour mieux montrer qu’il s’agit de placer Sciences Po « dans la compétition internationale », Richard Descoings a donc choisi New York pour lancer la campagne. Un choix qui présente aussi l’avantage de pouvoir mettre à contribution une large communauté d’anciens aux poches parfois profondes mais surtout habitués au système américain des « charities » et de la sollicitation incessante de leurs « alumni » (anciens élèves) par les écoles et universités. Le premier donateur américain, invité vendredi à la tribune a signé un chèque de “plusieurs centaines de milliers de dollars”. Stephan Haimo, diplômé de 1977 a fait carrière comme avocat d’affaires aux Etats-Unis. Il est associé dans le cabinet Gibson, Dunn & Crutcher, spécialisé en fusions et acquisitions.
Mais l’exemple est pourtant venu de France: le premier donateur de la campagne (avec un chèque de 400 000 euros) avait traversé l’Atlantique pour l’occasion. David Azéma (promo 1984), fut le directeur de cabinet de Martine Aubry au ministère du travail avant de rejoindre le secteur privé. Il est aujourd’hui directeur général délégué de la SNCF.
Il n’était pas le seul “homme de gauche” à embrasser l’ouverture de Sciences Po aux capitaux privés. Invité d’honneur de la soirée, Dominique Strauss Kahn, directeur du Fonds Monétaire International, basé à Washington DC, a dit tout le bien qu’il pense du financement privé de Sciences Po. «Le recours aux financements privés est indispensable pour pouvoir jouer un rôle dans la compétition internationale» a-t-il assuré. Le genre de déclaration qui fait grincer les dents du côté du PS, mais la rue de Solférino est loin de l’Upper East Side de Manhattan.
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C’est quoi cet article?
Un titre accrocheur, provoquant; je m’ attends à dévorer l’article. Pas une information quantitative ou qualitative: les fonds levés ? la participation française, américaine ? l’intérêt des américains pour cette école? les partenariats universitaires? juste des potins de concierges qui échangent leurs petites frustrations devant leur pas de porte. je reste sur sa faim.