Depuis maintenant cinq ans, l’entreprise française Schoolab, implantée à San Francisco et spécialisée dans le conseil en innovation, participe au programme collaboratif appelé « Deplastify the Planet ». En lien avec l’université de Berkeley, l’initiative vise à mettre en relation les étudiants et les entreprises pour trouver des solutions novatrices à la crise du plastique. « Une bonne façon de résoudre les problèmes, c’est de les soumettre à des gens d’horizons divers et de bénéficier d’une forme d’intelligence collective, explique Mathieu Aguesse, le CEO de Schoolab San Francisco. Nous avions déjà testé ce genre de collaboration en France, aussi, lors de notre installation aux États-Unis en 2018, il était évident pour nous d’essayer de mettre en place un programme de ce type ».
C’est assez naturellement que l’idée du plastique s’impose : « On voulait une idée originale, qui réponde à la fois à une problématique rencontrée par nos clients et, aux valeurs que nous défendons : innovation éthique, développement durable ». Le plastique, un matériau devenu omniprésent, emblématique des défis liés à la transition écologique auxquels font face de nombreux industriels.
Mathieu Aguesse encadre donc tous les semestres une cinquantaine d’étudiants de l’université de Berkeley pour mettre fin à ce fléau et, trouver des alternatives avant-gardistes et durables. « Le cours séduit des étudiants de tous les horizons : ingénierie bien sûr, mais aussi business, sciences sociales ou même anthropologie. C’est toute la richesse de ce programme ». Depuis son lancement, « Deplastify the Planet » compte plus de 170 projets, réalisés avec des groupes comme Danone, Nestlé ou encore Samsung.
Une des plus belles réussites, la collaboration avec l’équipementier automobile Faurecia, autour du concept de voiture sans plastique. Elle aura notamment permis de remplacer le plastique présent dans l’intérieur des portières par une fibre naturelle, biosourcée au Mexique, mais aussi de réduire la chaîne d’approvisionnement grâce à une filière plus proche des États-Unis.
Preuve de la qualité du programme, le groupe Forvia (auquel appartient Faurecia) a, depuis, lancé sa propre filiale dédiée à la production et à la commercialisation des matériaux durables, Materi’act.
Autre coopération fructueuse, celle avec les marques Method et Whole Foods Market. Le défi : mettre au point des emballages compostables pour la marque de produits ménagers en utilisant les déchets générés par la chaîne de supermarchés. La solution mise au point par 3 étudiants : transformer des invendus alimentaires et des cartons d’emballage en un bioplastique compostable, le PHA. Le résultat ? Des packagings 100% compostables qui en plus de faire du bien à la planète, permettent de réduire le coût de fabrication d’environ 45%.
« Aujourd’hui, l’un des principaux freins pour les industriels est le coût de production des bioplastiques. En intégrant les principes de l’économie circulaire, comme la réutilisation de matériaux déjà disponibles, on peut diminuer ces coûts », comme le souligne Mathieu Aguesse : « Deplastify the Planet permet de trouver des solutions innovantes, mais qui ont aussi une réalité économique ».
Fort de ces succès, l’entrepreneur français tente maintenant de développer le programme avec d’autres universités, sur la côte Est. « Nous venons de lancer une collaboration avec Columbia Climate School à New York et très prochainement avec le MIT à Boston ». Une belle initiative qui montre qu’innovation et collaboration peuvent faire la différence face aux défis de demain.