170. C’est le nombre de sièges en jeu lors du renouvellement partiel du Sénat. Sur ces sièges, six sont ceux de sénateurs représentant les Français de l’étranger.
Dix listes de Français hors de France se disputent ces places, qui seront attribués par un corps électoral constitué de 533 grands électeurs, mélange de conseillers et délégués consulaires (élus auprès de chaque consulat) et de parlementaires de Français établis hors de France. La liste de ces listes a été publiée au journal officiel du 6 septembre. Ces dernières semaines, elles ont mené une campagne active auprès des élus consulaires du monde entier en vue du vote anticipé qui a eu lieu le 16 septembre – le collège électoral est convoqué le 24 septembre à Paris.
La liste socialiste est emmenée par deux figures connues dans le landerneau de la représentation des Français de l’étranger: les sénateurs sortants Hélène Conway-Mouret et Jean-Yves Leconte. À droite, plusieurs listes sont dans la course. Outre celle investie par Les Républicains (LR), Union pour les Français de l’Etranger, emmenée par la sénatrice sortante Joëlle Garriaud-Maylam, on trouve notamment celle de Louis Duvernois, un autre sénateur sortant Les Républicains, de Jean-Pierre Bansard, l’homme d’affaires propriétaire de la marque Solex et 230ème fortune de France selon Challenges, et de Ronan Le Gleut, un élu consulaire en Allemagne.
Ce dernier, dont la liste veut incarner “toutes les nuances des LR libéraux ou gaullistes, des UDI radicaux, centristes ou sociaux-démocrates, des Indépendants“, a été placé en tête d’une consultation organisée par le groupe Alliance de la Droite, du Centre et des Indépendants à l’Assemblée des Français de l’Etranger auprès d’élus consulaires pour conduire une liste à l’élection sénatoriale. Il se défend d’être un candidat de division: “Notre liste répond à une demande des électeurs, elle n’est pas une liste de division mais au contraire de rassemblement. Pour le reste, je réponds juste que les seuls qui divisent sont ceux qui ne respectent pas les électeurs et le résultat des consultations qu’ils ont eux-mêmes poussé à organiser“, se défend-t-il.
“Il y a toujours eu des dissidences. En 2014, c’était déjà le cas. Ça ne change rien. On est la liste officielle investie“, relativise Olivier Piton, numéro 2 sur la liste LR “Union pour les Français de l’étranger” et conseiller consulaire à Washington.
La grande inconnue de ce scrutin sera le résultat de la liste de la République en Marche, “Ensemble, une force pour les Français de l’étranger“. Le parti d’Emmanuel Macron n’a pas de conseillers consulaires affiliés au parti sur lesquels s’appuyer. Interrogée sur les chances de percée d’En Marche! au Sénat, la numéro 2 de la liste et conseillère consulaire à San Francisco Sophie Lartilleux-Suberville, pense que “cela sera moins significatif qu’à l’Assemblée car il y a des personnes proches de leur parti et qui ne veulent pas changer. Le corps électoral est aussi plus réduit. Cependant, je suis confiante qu’on aura deux sièges. Les retours du terrain sont positifs. Mais on m’a aussi mise en garde sur ce qui peut-être fait dans le secret des urnes“, dit-elle.
Pour convaincre les conseillers consulaires, elle met en avant “l’avantage d’être proche du président” et les résultats obtenus par Emmanuel Macron chez les Français de l’étranger pendant la présidentielle. “On aura les clefs pour faire avancer les dossiers“, estime-t-elle.
“Quel sera la part des élus consulaires de gauche ou de droite qui voteront pour En Marche! à la sénatoriale ? C’est la grande inconnue, résume Olivier Piton, de LR. On a plutôt le sentiment que c’est à gauche que l’hémorragie est la plus importante“. Il observe aussi que la tête de liste d’En Marche!, Pierre Grangeon, un proche d’Emmanuel Macron, ne vit pas à l’étranger et n’a aucune expérience associative ni politique hors de France. “Si on élit des gens qui vivent à Paris, on peut très bien estimer que n’importe qui peut se présenter. Au-delà, on remet en cause le principe même de la représentation des Français de l’étranger“.
La République en Marche n’est pas la seule à parier sur une recomposition de la vie politique. La liste “Union Citoyenne, Solidaire et Ecologiste” de David Millet, composée de militants écologistes et de la France Insoumise, espère aussi tirer son épingle du jeu. “D’un point de vue politique, on a l’impression qu’on est face à un choix qui n’est plus entre droite et gauche, mais entre politiques libérales et solidaires. C’est ce choix qui est proposé aux conseillers consulaires, analyse Elénore Gachet, une Française de San Francisco, militante au sein de la France Insoumise, qui occupe la 5ème place sur cette liste. Il y a des scissions au sein des partis à gauche et à droite. On ne peut plus réfléchir en terme d’affiliation politique. On a l’impression que les conseillers consulaires se sentent plus libres de voter indépendamment de leur étiquette“.