« Pas question ! ». Henri-François, 43 ans, est directeur d’une entreprise informatique. Son contrat de trois ans expire dans quelques mois. Il se retrouvera alors sans permis de travail, dans l’avion retour pour la France. Ses options pour rester à New York sont limitées. Récupérer un job avec les papiers qui vont avec est rare. Monter son propre business semble la solution la plus logique. Seul problème, il n’a aucune idée de ce qu’il pourrait faire. « J’ai jusqu’à la fin de l’année pour trouver. Même si je sais que cela va être dur, mon intuition me dit qu’il ne faut pas que je laisse tomber. J’ai cette impression bizarre, car basée sur rien de concret, que tout est possible. J’ai rarement eu cette liberté d’agir et je compte bien m’en servir ».
Une semaine plus tard, il a gardé la même conviction. C’est bien. Sans une réelle envie de sa part, notre coaching ne sert à rien. C’est lui qui détient les clés de son aventure, je n’en suis que le passager. Son objectif, bien que réaliste, va être difficile à atteindre. Je dois m’assurer si derrière toute cette énergie, il n’y a pas trop de peur et de doute. Il lutte entre son monde du vouloir, « qu’est-ce que je veux faire ? » et celui du devoir, « qu’est-ce que je dois faire ? ». Pour explorer à fond toutes ses options, il s’agit d’identifier, et si possible éliminer, les freins à son imagination. « Ce job qui se finit, c’est un peu comme un soufflé qui retombe, je le vis comme une injustice qui fait mal et mon ego en prend un sacré coup ». Cela peut aussi s’avérer être un tremplin vers ailleurs, l’opportunité unique de faire complètement autre chose qui colle parfaitement à qui il est aujourd’hui. Le visage d’Henri-François se détend, « Ah, tu n’as pas vraiment tort. L’opportunité d’une vie, c’est un concept qui me plait. Je pourrai vendre des logiciels, démarrer une boîte de design pour website ou alors faire du commerce de quelque chose sur Internet entre la France et les États-Unis ». Ah bon, c’est tout nouveau tout beau ça ? Je ne suis pas convaincu, alors je lui saute dessus. Tu n’as pas un travail dont tu as toujours rêvé, loin de ton milieu professionnel que tu connais par coeur ? « Oui bien sûr, mais c’est ridicule, c’est basé sur pas grand-chose. Avant de faire mes études de commerce, j’ai passé plus d’un an et demi en stage au musée du Louvre. J’aidais à réparer des peintures sublimes usées par le temps. J’ai écouté mes parents, j’ai abandonné. Au risque de passer pour un idiot, mon rêve a toujours été de monter un atelier de restauration de tableaux ».
Vivre son rêve. Simple à comprendre intellectuellement mais si difficile à appliquer lorsque l’on est dans une période de doute et de recherche. Henri-François, comme nombre de gens avec qui je travaille, fait l’erreur de penser à un nouveau job en restant dans son univers familier, l’informatique. Il tourne en rond. S’il fait l’effort d’aller en direction de son souhait le plus cher, il se mettra en action et qui sait ce qu’il rencontrera en route. « Tu me demandes d’aller au bout de mon rêve, alors que je n’ai que très peu expérience, que je ne connais absolument personne dans cette branche à New York, et que je ne suis pas sur d’avoir les fonds nécessaires pour me lancer dans un business comme celui-là. Est-ce bien raisonnable ? ». Oui ça l’est. Il ne s’agit pas d’agir mais de s’autoriser à rêver et de voir à quoi cela ressemble. Henri-François doit absolument changer l’angle d’approche de son dilemme qui le bloque et le blesse. « Toute ma vie, j’ai eu trop peur de l’échec, je supporte mal la déception de rater quelque chose. J’ai toujours préféré ne pas trop rêver pour ainsi me faire des bonnes surprises ». Il n’est jamais trop tard pour changer. Qu’il ose, je suis là pour l’empêcher de trébucher.
Au fil des séances, il passe de l’excitation de vivre son rêve, allant même jusqu’à revoir son ancien patron du Louvre, à la retraite maintenant, à un constat brutal mais vrai. « Ce n’est pas possible, je n’y arriverai pas, il y a trop d’obstacles et économiquement ce n’est pas viable ». On pourrait le croire démoralisé ou vexé, il ressent tout le contraire. « Bosser à fond sur mon projet de restauration de tableaux m’a fait vivre à l’opposé de la vie que j’ai eue. Ce voyage vers mon rêve le plus fou m’a remis en contact avec qui je suis vraiment. Un homme qui aime le business certes, mais qui a aussi besoin d’exprimer sa créativité. Un jour, Dieu seul sait pourquoi, j’ai décidé de séparer les deux. Aujourd’hui, je veux mettre du vouloir dans mon devoir ».
Cette découverte a soudainement éclairci son horizon. Il se sent libre de toutes contraintes, son regard change, il est sur la bonne route, la sienne. « J’ai des nouveaux fondamentaux de vie, plus en phase avec l’individu que je suis maintenant, et rien ne les changera », déclare Henri-François. Ceux-ci seront testés plus vite qu’il ne le pense. Son PDG a changé d’avis. Il lui propose une extension de visa ainsi qu’une augmentation de salaire. Malgré la tentation, il lui explique pourquoi il refuse cette offre. « Je ne veux plus faire semblant d’y croire. Mon intention n’est pas de cracher dans la soupe, mais de faire ce que je suis censé faire, et non plus ce que l’on me dit de faire ». Il s’attend au pire. Á son grand étonnement, son futur ex-boss l’invite à dîner. Il lui parle alors d’une relation de travail, Norbert, qui vient de monter en Espagne sa propre boîte de jeux vidéos, une petite structure composée de cinq jeunes talents pleins d’ambition et de créativité. Henri-François le contacte dès le lendemain. Lorsqu’il raccroche le combiné, ils savent déjà qu’ils sont faits pour travailler ensemble.
Je le revois une dernière fois, avant qu’il ne s’en aille pour Barcelone régler les détails de son contrat. « Notre coaching m’a forcé à m’éloigner du milieu de l’informatique, et me voilà de nouveau en plein dedans. La différence est que cette fois ci, cela se fait comme j’ai envie que cela soit, à ma façon. Sans avoir eut le courage d’aller au bout de mon rêve, restaurer des tableaux, je n’aurai jamais compris qui j’étais et ce que je recherchais vraiment». Réussir son coaching n’est pas toujours atteindre son but initial. C’est aussi réaliser l’extraordinaire personne que l’on devient en faisant tout pour l’atteindre.
Pour en savoir plus sur ce qu’est le coaching avec Nicolas Serres-Cousiné, visitez www.monlifecoach.com
0 Responses
Très beau témoignage, à travers ce parcours je retrouve un peu de mes interrogations quand j’ai quitté mon emploi stable mais épuisant émotionnellement. Expatriation ? Création d’entreprise ? Je crois que la 40aine est aussi une période de remises en questions. Ce n’est pas toujours confortable, mais c’est passionnant !