Les deux chefs d’Etat ont parlé quelques dizaines de minutes l’un après l’autre, mais leurs positions ont rarement été aussi éloignées. A l’ONU la semaine passée, Barack Obama s’est distingué par ses positions résolument pro-israélienne, pendant que Nicolas Sarkozy tentait d’emprunter une voie du milieu. Pour le journaliste Colum Lynch, du Washington Post et Foreign Policy, Sarkozy “vole la vedette” à Obama avec ce discours. La proposition de Sarkozy est “en tout point identique à celle discutée par Catherine Ashton, la représentante de l’Union Européenne aux affaires étrangères, et Tony Blair, le porte-parole du Quartet sur le moyen Orient (ndlr: le groupe constitué de la Russie, des Etats-Unis, Union Européenne et ONU qui tente de relancer le dialogue entre les deux parties).“ Le journaliste ajoute, un brin sarcatisque: “Il semble que Sarkozy l’ait emprunté sans demander la permission”.
Le New York Times remarque lui aussi cette division: “Nicolas Sarkozy est allé à l’encontre des tentatives des Etats-Unis et d’autres pays de l’Union Européenne qui s’opposaient à la volonté de la Palestine d’être reconnue en tant qu’Etat”, écrit le journaliste Neil MacFarquhar. Il note que cette opposition s’est d’autant plus fait ressentir que Sarkozy a pris la parole seulement une heure après Obama, et au même endroit que ce dernier. “Le président français a aussi dit qu’il était temps de changer de méthode pour ramener la paix au Moyen-Orient” indique le New York Times. Pour le journaliste, Sarkozy fait ainsi une critique indirecte des Etats-Unis en insinuant que leurs efforts n’ont jusqu’ici servi à rien. On l’aura compris, il y a de l’eau dans le gaz entre la France et les Etats-Unis à propos de la question palestinienne.
La Française qui plaît aux Américains: Christine Lagarde
Cette semaine, Christine Lagarde vit son heure de gloire dans la presse américaine. Le Washington Post et le New York Times dressent tous les deux des portraits plutôt flatteurs de l’avocate devenue économiste. Dans le Post, Howard Schneider souligne que la première femme à diriger le FMI peut dans un même élan donner des conseils d’austérité fiscale au magazine Forbes… et des conseils vestimentaires aux lecteurs de Vogue! Un grand écart que n’auraient pas pu faire les précédents directeurs.
Plus sérieusement, le même Post souligne que Lagarde affronte ses responsabilités: “Elle est la première directrice du FMI qui fait face à une crise financière dont elle assume partiellement la faute” écrit le journaliste: Christine Lagarde a en effet déclaré qu’en tant que ministre française de l’économie, elle a eu de nombreux mois durant lesquels elle aurait pu remédier à la faiblesse des banques européennes. Howard Scheinder liste les qualités de la directrice du FMI, et se demande, sur un ton qui semble être celui de l’espoir, si elle réussira à changer le système actuel: “Elle essaie de réduire la crise sans affecter l’économie. Elle a accepté les critiques. Pourra-t-elle nous aider à aller de l’avant?”
Le portrait du New York Times est lui plus contrasté. “Christine Lagarde bouscule les habitudes” titre le New York Times. Pour la journaliste Liz Alderman, le fait que la directrice du FMI reconnaisse la faiblesse des banques françaises joue en sa faveur. “Christine Lagarde apparaît comme une Européenne qui veut parler ouvertement des problèmes européens”, écrit la journaliste, qui décrit l’hostilité que lui témoignent désormais les dirigeants du vieux continent. Elle nuance cependant: “Il n’est pas sûr que que madame Lagarde puisse faire beaucoup pour contenir la crise”. La journaliste rappelle qu’en août, les actions de la Société Générale ont beaucoup chuté après que Christine Lagarde a évoqué leur “urgent besoin de capital”.
Malgré tout, pour Liz Alderman, Christine Lagarde apporte un réel changement à la politique du FMI: alors que les précédents directeurs demandaient toujours une réduction des budgets, elle encourage les pays à faire fonctionner leur économie, même si cela provoque une inflation. Le portrait que trace la journaliste est toujours à double tranchant, alternant entre louanges et critiques: si Christine Lagarde fait du bon travail, c’est aussi parce qu’elle doit faire pardonner les fautes qu’elle a commises quand elle était ministre en France. “Elle a planté la graine qui a destabilisé l’économie européenne” affirme Liz Alderman, qui ajoute qu’heureusement, “elle a appris de ses erreurs”.
La journaliste assure qu’au FMI, “la page est définitivement tournée depuis DSK”: les gens considèrent Christine Lagarde comme leur chef et ont confiance en elle. “Madame Lagarde a un long chemin à parcourir” conclut la journaliste, qui termine sur une note positive: la directrice du FMI sait qu’elle a du travail et à fournir, puisque dans un de ses discours elle a assuré que le FMI pourrait lutter contre la crise en “redoublant d’effort”.
Le rubgy français connaît moins d’engouement
La presse américaine n’est pas aussi enthousiaste vis-à-vis des rugbymen français. Connaîtront-t-ils le même désastre que notre équipe de football durant la dernière coupe du monde? C’est ce que suggère un article du New York Times paru jeudi dernier, le 22 septembre. “Il semble qu’une coupe du monde n’est pas complète si les sportifs français ne se chamaillent pas entre eux” écrit la journaliste Emma Stoney. Dans son article, elle commence par remémorer la dernière coupe du monde de football, peu glorieuse pour notre pays: “l’année dernière, l’équipe nationale a explosé quand les joueurs (…) ont refusé de se présenter à une séance d’entraînement après l’exclusion de Nicolas Anelka qui avait insulté leur entraîneur”.
Pour la journaliste, le même cas pourrait se reproduire avec la coupe du monde de rugby au vu de la mésentente entre l’entraîneur Marc Lièvremont et son équipe. Ce malaise a commencé, entre autres, avec les critiques de l’entraîneur, qui a publiquement traité ses joueurs de lâches après une défaite contre l’Italie. “Samedi (24 septembre), la France va jouer son match le plus important du tournoi contre la Nouvelle-Zélande, et le coach continue à critiquer ses joueurs” écrit la journaliste. Sous-entendu: c’est un match à ne pas rater même pour ceux qui n’aiment pas le sport, car il se pourrait bien qu’une dispute éclate comme lors de la dernière coupe du monde.
Et le match de samedi dernier a donné raison à la journaliste: non seulement la France a perdu, mais en plus le joueur Damien Traille s’en est pris à Marc Lièvremont après avoir été expulsé du terrain, accusant son entraîneur d’un manque de communication. Le média Sports Illustrated affirme ainsi que “Marc Lièvremont est sous haute pression depuis la défaite de samedi contre la Nouvelle Zélande, avec une différence de plus de 20 points entre les deux équipes“ . Le journal ajoute que Marc Lièvremont s’en est pris à des journalistes deux fois depuis ce match et titre: “l’accès de fureur de Lièvremont révèle des tensions dans le camp français“ . Pour la France, la coupe du monde de rugby pourrait en effet bien ressembler à la dernière coupe du monde de football…