Le lancement de la campagne présidentielle, officialisée par la candidature attendue de Nicolas Sarkozy mercredi soir sur TF1, fait couler beaucoup d’encre dans la presse américaine. Celle-ci se montre circonspecte quant aux chances de Sarkozy de l’emporter, accumulant au passage quelques clichés sur la France. L’édition américaine du Financial Times note que le président pâtit de son image «bling-bling», vue comme « un énorme handicap électoral dans un pays qui se méfie instinctivement des riches ». D’autant que son rival François Hollande, « en tant que socialiste, a bénéficié du réflexe traditionnel français de demander de l’aide au gouvernement dans les moments difficiles », ajoute le Washington Post. La France terre d’assistés, un « réflexe traditionnel » de la presse américaine ?
Reste que la victoire de Hollande, loin d’être assurée, « n’entraînerait pas de changements importants dans la politique économique française ou dans la gestion de la crise de l’euro », tempère le New York Times qui affirme que la déclaration de guerre du candidat socialiste à la finance n’est que la rhétorique d’un homme en campagne. Selon le quotidien, l’ancien protégé de l’européiste Jacques Delors ne fera rien qui puisse nuire à l’euro, « le symbole le plus tangible de l’intégration européenne ». Et de conclure : «“Merkollande” ne sonnerait pas aussi bien que “Merkozy”, mais cela ne sonnerait pas le glas de la zone euro. »
Requiem pour le franc
Mais c’est moins l’euro que l’enterrement définitif du franc, le 17 février dernier, qui a mobilisé les correspondants américains de l’autre côté de l’Atlantique. Ce jour-là marquait la date butoir pour échanger les vieux billets contre des euros à la banque. La monnaie européenne étant dans l’œil du cyclone, l’ironie d’une telle cérémonie funèbre n’a pas manqué d’échapper ni aux journaux américains ni aux Français qu’ils ont interrogés. « Alors que le franc est mort, c’est l’avenir de l’euro qui est maintenant en question », souligne ainsi le New York Times. A cette inquiétude s’ajoute de la nostalgie selon le Los Angeles Times qui écrit : « Les vieux billets représentant des personnalités françaises telles que le peintre Paul Cézanne et l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry symbolisent beaucoup : le souvenir d’une époque moins angoissante, avant la zone euro et ses problèmes. »
« Napoléonland »
Un reportage de la radio publique NPR poursuit cette leçon d’histoire de France avec Napoléon Ier, qui devrait être au cœur du parc d’attraction voulu par Yves Jégo, maire (UMP) de Montereau-Fault-Yonne et ancien ministre. « Aucune célébrité ne peut être reconnue mondialement sans avoir son propre parc d’attraction thématique. Mickey Mouse et Disney ont le leur. Maintenant, Napoléon pourrait lui aussi avoir cette chance », raconte le reporter. Une comparaison audacieuse, voire déplacée, mais à l’image du projet de l’ancien ministre qui voudrait mêler reconstitutions historiques, ski et spectacles. Mais pour Jégo, « les Américains ont eu du succès avec Disney, [alors] pourquoi pas la France avec Napoléon ? » On se le demande.