Commençons par un article publié dans le Washington Times du 30 mars, et qui récapitule la politique récemment menée par Sarkozy, en France, et à l’étranger. Le ton est critique pour cette chronique d’un désamour annoncé entre le peuple français et son président. Les deux journalistes, Andrew Borowiec et Anne-Laure Buffard, retracent les différentes réformes amorcées par Nicolas Sarkozy et son gouvernement, uniquement pour donner l’impression d’une politique brouillonne. Et si beaucoup de projets ont ainsi été évoqués sur le papier, ils évoquent une population française engluée dans son conservatisme social, d’où le titre de l’article “Sarkozy fait marche arrière“. Au niveau international, le président français est plus ou moins qualifié de bouffon du roi, puisqu’il “se prépare à divertir Obama lors du prochain sommet du G20“.
Avant le rendez-vous du G20, c’est l’Afrique qui est au sommaire de l’agenda diplomatique de Nicolas Sarkozy, et par la même occasion, des colonnes du TIME. Pour Bruce Crumley, le correspondant du magazine à Paris, et pour Sarkozy, la paix vient par l’économie, et la France entend bien être un partenaire économique de choix. “Business-as-usual” souligne le journaliste, qui note la contradiction entre ce type de voyage, qui s’inscrit dans la pure tradition de la diplomatie “Francafrique”, et les discours tenus par Sarkozy après son élection, prônant des relations plus égalitaires, plus démocratiques, avec la nouvelle Afrique. Pas étonnant alors que les très nombreux aller-retours du président sur le continent africain suscitent “espoirs et suspicions“.
Au chapitre des relations économiques, le sommet du G20 captive davantage toutes les attentions. Dans un intéressant article d’opinion paru dans le Washington Post, Jim Hoagland soutient que le rôle du président français ne doit pas se limiter à “divertir Obama” (cf. ci-dessus). Pour un américain, son analyse ne manque pas de piquant: il explique qu’il ne faut pas laisser le contrôle du dollar aux États-Unis, et se range du coté de Sarkozy, qui appelle à la création d’un “Bretton Woods II”. Une position économique qui est d’ailleurs loin d’être révolutionnaire, puisque c’était déjà celle vantée par le général De Gaulle, souligne à juste titre l’éditorialiste. Il distingue donc “deux camps” en vue du prochain G20, mais rappelle que la crise économique actuelle est d’abord et avant “une erreur générale“. Au jeu du plus mauvais élève en classe d’économie, match nul entre la France et les États-Unis donc.
L’économie toujours, avec, une fois n’est pas coutume, un point commun entre l’administration Obama et le gouvernement Sarkozy. Pour Edward Cody, correspondant au Washington Post, le scandale du parachutes doré de Thierry Morin, désormais ancien président de Valéo, témoigne d’un “sentiment de malaise grandissant” des Français à l’égard de leur classe dirigeante. Hasard de l’actualité, cela survient au moment ou l’affaire AIG secoue les États-Unis, et le journaliste ne manque pas de souligner que, des deux cotés de l’Atlantique, c’est ainsi la même indignation face à ces “bonus au montant stratosphérique“. L’inconnue reste de savoir si Sarkozy et Obama seront capables de traduire en mesures concrètes cette colère latente.
Le Pen fête ses 80 ans, et cela ne passe pas inaperçu, ni pour le Parlement Européen, ni pour Bruce Crumley dans le TIME. Désormais le doyen de l’assemblée, il devrait en devenir le président. Mais en choisissant de faire un lobbying actif et bruyant pour empêcher que cela ne se produise, les députés européens ont clairement fait une erreur tactique. Comme si c’était un “enfant capricieux et fauteur de trouble“, le meilleur moyen de le faire taire aurait été tout simplement de ne lui accorder aucune attention. Plus que ses récents et provocants propos, le journaliste retient surtout de Jean-Marie Le Pen son déclin. Si l’écroulement du Front National est salué, le fait que Sarkozy ait repris “avec succès” les thèmes de l’immigration et de la sécurité, ne suscite en revanche aucun commentaire critique.
Pour finir avec une touche de légèreté, le Christian Science Monitor semble s’être spécialisé dans les anecdotes sur notre cher président. La première se demande si lire un roman détesté par Sarkozy est une forme de contestation passive; et la deuxième s’amuse des réactions plus ou moins ulcérées après la lettre d’Obama et à Chirac, et non à Sarkozy, comme tout le monde l’aura compris.