À l’occasion de la sortie du film « A Radiant girl » (« Une jeune fille qui va bien » titre français) dans les salles américaines ce vendredi 17 février, French Morning a rencontré sa réalisatrice, Sandrine Kiberlain et Rebecca Marder à New York.
« Ce film est l’histoire d’un soleil brisé par une étoile ». C’est par ces mots que Sandrine Kiberlain raconte son premier film. « A Radiant Girl » ou l’histoire d’Irène, une jeune fille de 19 ans qui va bien. Irène est juive, et mène une vie trépidante à l’été 1942 à Paris. Sa famille la regarde grandir, découvrir le monde, tomber amoureuse et réciter Marivaux au théâtre.
Un premier film
Ce premier long-métrage, Sandrine Kiberlain en a longtemps rêvé. Révélée dans le film « Les Patriotes » d’Éric Rochant, c’est aux côtés d’une réalisatrice, Laetitia Masson, qu’elle obtiendra son premier grand rôle dans « En avoir (ou pas) », pour lequel elle remportera le César du meilleur espoir féminin en 1996. Depuis ses débuts au cinéma et au théâtre, Sandrine Kiberlain s’intéresse à la mise en scène et à la direction des acteurs. Mais elle ne se voit pas tout de suite derrière la caméra : « La réalisation me semblait inaccessible », raconte l’actrice, de passage à New York pour la sortie du film.
Loin d’imaginer faire partie un jour de la sélection à la Semaine de la Critique, au Festival de Cannes avec « A Radiant Girl » (« Une jeune fille qui va bien » en français), Sandrine Kiberlain réalise d’abord un court-métrage en 2016. Heureuse dans ce nouveau rôle, elle se lance dans l’écriture de son film avec l’idée de mettre en image un récit sensé : « Une fois que l’on se permet de réaliser, il faut aussi trouver une histoire à la hauteur de notre ambition (…) Je ne me serais pas sentie à l’aise en réalisant un film si je n’avais pas écrit une histoire qui, à mon avis, méritait d’être filmée ».
Journal Intime
Pour écrire « A Radiant Girl », la cinéaste a puisé dans son histoire personnelle, celle racontée par ses grands-parents, des Juifs polonais, afin d’imaginer la vie durant l’Occupation. Elle fantasme sur leur quotidien en 1942, pense aussi à ses parents, qui voulaient être acteurs. Pour Irène, Sandrine Kiberlain se revoit à 19 ans, insouciante et passionnée par le théâtre. Cette jeune fille qui va bien finir par refléter une part d’elle : « Le film me raconte bien plus que je ne l’avais imaginé en l’écrivant (…) J’ai l’impression qu’il suffit de regarder le film pour me connaître ».
Il lui aura fallu deux ans pour trouver le « bon point de vue » sur ces années 1940 rongées « par la folie ». Sans jamais dévoiler l’horreur, ni même montrer un drapeau nazi, Sandrine Kiberlain réussie ensuite à retranscrire en images l’ambiance pesante de l’Occupation. « Je ne voulais pas que ce film soit une reconstitution. Je voulais que ce soit l’inverse. Je voulais traiter la joie d’une jeune fille de 19 ans dans tout ce qu’elle a de plus pure, de plus élancée, de plus joyeux, de plus vivant », rendant ainsi le contexte encore plus terrible.
Irène, une jeune fille qui nous ressemble
Cette jeune Irène, magnifiquement interprétée par Rebecca Marder de la Comédie Française, virevolte et déborde de joie tel un soleil radieux dans un Paris désert. Elle ose jouer sur scène comme ailleurs, parler de sexe à table et s’enivrer en forêt. Au début du film ni les décors, ni les dialogues, ni même les costumes ne nous laissent entrevoir l’époque tragique dans laquelle évolue Irène. Elle nous embarque simplement dans sa vie. Un choix scénaristique voulu par la réalisatrice : « Rien ne devrait arrêter le parcours d’une jeune amoureuse, d’une jeune passionnée. Je me suis dit que c’était par le biais de cette jeunesse, que je pourrais raconter autrement cette tragédie ».
Irène est un personnage intemporel. C’est justement ce qui rend ce rôle si fort, selon son interprète Rebecca Marder, souvent saisi par l’émotion face à l’insolence de cette jeunesse : « Le fait que ça parle d’une Irène d’hier, d’aujourd’hui et de demain, c’est cette foi en la vie, souligne l’actrice; se dire que le monde peut s’écrouler demain, mais que le plus important reste de retrouver son amoureux ou d’aller à son cours de théâtre, parce que lorsqu’on est jeune, on pense que la vie ne s’arrêtera jamais ».
Après un Swann d’or au festival du film de Cabourg en 2022, Rebecca Marder se présentera à la 48e cérémonie des César le 24 février prochain, dans la catégorie « Meilleur espoir féminin ». « A Radiant Girl » (« Une jeune fille qui va bien » en français) sort ce vendredi 17 février à New York au Quad Cinema, et à Los Angeles au Laemmle Royal avant une sortie nationale aux États-Unis.